Le procès d’Alfousseyni Sissoko, ex-maire de la Commune rurale de Sitakily dans la région de Kayes, a connu son épilogue vendredi dernier. Il a été condamné à 5 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 3 millions de F CFA pour fractionnement de marchés publics et délit de favoritisme. Le montant en cause est de plus de 2 milliards de F CFA. La Cour d’assises spéciale a acquitté ses 17 coaccusés.
Il a fallu quatre jours aux membres de la Cour d’assises spéciale sur les crimes économiques et financiers pour auditionner les 18 prévenus dans cette affaire d’atteinte aux biens publics, fractionnement de marchés publics, de délit de favoritisme et de complicité. Un procès qui continue de faire couler beaucoup d’encre et salive à Sitakily.
Après quatre jours de débats houleux entre les accusés et les magistrats du siège, le ministère public a pris la parole pour ses réquisitoires.
Le parquet, représenté par Koké Coulibaly, a émis de sérieux doutes concernant la composition de ce dossier qui a atterri dans cette Cour d’assises spéciale. Il a également précisé que les faits qu’on reproche aux 18 inculpés ne sont pas fondés et demandera leur acquittement pur et simple.
“M. le président, tout au long des débats, le ministère public n’est pas parvenu à faire ressortir dans ce dossier les faits d’atteinte aux biens publics, fractionnement de marchés publics, délit de favoritisme et complicité. Il ressort des pièces versées dans les dossiers que c’est le défunt maire, Fatamba Sissoko, qui a ordonné et attribué tous ces marchés avec l’aide du contrôle financier, le percepteur et le régisseur. Pourtant les susnommés ne sont pas inculpés. Alors pourquoi inculper des simples bénéficiaires des marchés qui ont réalisé lesdits marchés à 100 %“, a-t-il dit.
“La partie civile qui a introduit la plainte a été auditionnée par vous M. le président. Durant toute son audition, elle n’a pas pu éclairer la Cour. Il y a un sérieux doute dans cette affaire. Les vrais coupables identifiés par la loi ne sont pas là. Pour nous, cette affaire n’est autre qu’un règlement de compte politique. En conséquence, en l’absence des preuve, nous vous demandons de statuer non coupable et d’acquitter purement et simplement tous les accusés“, a poursuivi le parquet.
Les conseils des accusés qui ont défilé à la barre durant 5 h diront dans leurs plaidoiries que cette affaire est une cabale, voire un règlement de compte politique entre le maire et ses adversaires politiques parmi lesquels Sylvain Makan Kéita, le plaignant.
“Comme l’a dit le parquet général M. le président, cette affaire n’aurait pas dû atterrir dans votre Cour parce qu’elle est purement politique. Il ne faut pas que les hommes politiques se servent de la justice pour régler leurs comptes politiques. On se reconnaît entièrement dans les réquisitions du ministère public. Nous vous demandons humblement de statuer non coupable et d’acquitter purement et simplement tous nos clients pour qu’ils puissent rentrer chez eux“, a plaidé Me Demba Traoré, l’un des avocats d’Alfousseyni Sissoko.
Au terme de quatre jours de marathon judiciaire, ce vendredi 26 juillet 2024 la, Cour présidée par le magistrat du siège, Faradji Baba non moins 1er président de la Cour d’appel de Bamako, au nom des pouvoirs discrétionnaires que l’article 347/2 du code procédure pénal lui confère, a décidé d’acquitter purement et simplement les 17 accusés de toutes les charges. Il s’agit de : Mamadou Fadiga, Abdoulaye Mounkoro, Mamadou Bobo Cissé, Falaye Sissoko, Daouda Diallo, Moustapha Sylla, Abdoul Karim Sissoko, Mamadou Cissé, Bandiougou Drabo, Hamidou Abdoul Kadri Diallo, Sékou Diepkilé, Oumar Diouara, Brahima Koné, Mahamé Fofana, Dioncounda Sissoko, Bakary Cissé, Mody Sanga Kéita.
Malgré le réquisitoire du parquet général et les brillants plaidoyers de l’avocat principal de l’ex-maire de Sitakily, en l’occurrence Alfousseyni Sissoko, la Cour a décidé de le maintenir dans les liens de l’accusation en le condamnant à 5 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 3 millions F CFA pour fractionnement de marchés publics et délit de favoritisme.
Cette condamnation a créé l’émoi au sein de la famille biologique et politique du condamné. La grande sœur d’Alfousseyni Sissoko qui a fait le déplacement de Sitakily pour assister à ce procès dans l’espoir de voir son petit frère entrer avec elle à la maison a été prise de malaise et conduite à l’hôpital.