Le chef d’Etat-major général des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud était hier en visite dans notre pays. Au cours de son séjour malien, il a eu une séance de travail avec les responsables du ministère de la Défense et des Anciens combattants. Mais le point d’orgue de la visite a été l’étape du palais de Koulouba où il a été reçu en audience par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avant d’être élevé par le chef de l’Etat au grade de Grand chevalier de l’Ordre national du Mali.
La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, de l’ambassadeur de France dans notre pays, Gilles Huberson, ainsi du chef d’État-major des armés maliennes, le général Ibrahim Dahirou Dembélé.
Edouard Guillaud est le deuxième amiral nommé chef d’Etat-major général des armées françaises, le poste le plus élevé de la hiérarchie militaire française. Avant lui, l’amiral Jacques Lanxade avait assumé cette responsabilité entre 1991 et 1995. Depuis 2011, l’amiral Guillaud commande l’ensemble des forces armées françaises dans le cadre de l’opération Harmattan. Suite à la décision du président français, François Hollande d’intervenir militairement au Mali, il coordonne l’opération Serval déclenché en 11 janvier 2013.
Cette intervention a permis de libérer les régions du nord de notre pays alors occupées par les jihadistes. Cependant, elle n’a pas mis fin aux menaces terroristes comme les récentes violences à Tombouctou et Gao le prouvent. Les terroristes ont dans leur ligne de mire, les camps militaires du nord, les infrastructures routières, les symboles de l’Etat, et même les populations civiles. Ils s’attaquent à leurs cibles à travers des opérations kamikazes.
Pour l’amiral Guillaud les récentes attaques survenues au nord (attentat-suicide contre le camp militaire de Tombouctou, tirs d’obus contre la ville de Gao, tentative de sabotage d’un pont vers la frontière avec le Niger) ne sont « pas vraiment une surprise ». « Nous savons que tous les groupes terroristes n’étaient pas totalement éliminés, qu’ils allaient resurgir. Mais avec les forces armées maliennes, l’Opération Serval et la Minusma, nous continuons de les traquer», a indiqué l’amiral.
Ces récents événements doivent être perçus, de son point de vue, comme une preuve que les terroristes sont en train d’être débusqués grâce aux traques menées par les forces alliées et non comme une résurgence du spectre du terrorisme. «Nous resterons très prudents et attentifs», a-t-il cependant souligné.
Revenant sur la situation de Kidal qui cristallise les débats au niveau national, le chef d’Etat-major des armées françaises a assuré que son pays n’a pas changé de position depuis son intervention militaire en janvier 2013. « La France n’est ni pro-Mnla ni anti-Mnla», a lancé le général Guillaud, ajoutant que la situation à Kidal sera progressivement décantée. Précisons que le haut gradé français avait accordé cet entretien à la presse au ministère de la Défense et des Anciens combattants, avant de monter au palais de Koulouba.
A. DIARRA
BIO EXPRESS DE L’AMIRAL GUILLAUD
Édouard Guillaud est le fils du journaliste Jean-Louis Guillaud, créateur de la troisième chaîne de l’ORTF (Office de radio télévision française) et ancien PDG de TF1 et de l’Agence France Presse. Entré à l’École navale en 1973, l’enseigne de vaisseau Guillaud sert de 1976 à 1978 à bord du patrouilleur « La Paimpolaise », affecté à Papeete en Polynésie française. Après une année à bord des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins « L’Indomptable » et « Le Redoutable », il commande le dragueur de mines côtier « Lobélia » de 1979 à 1980.
Lieutenant de vaisseau, il sert de 1981 à 1984 sur divers bâtiment avant de devenir officier informaticien et de participer, entre 1984 et 1987, à la conception du système de combat informatisé du porte-avions Charles de Gaulle.
Promu capitaine de corvette 2, il reçoit le commandement du bâtiment de transport léger Dumont d’Urville en 1987. Après un stage, de 1988 à 1990, à l’École supérieure de guerre navale (ESGN) puis à l’École des applications militaires de l’énergie atomique de Cherbourg (EAMEA), le capitaine de frégate Guillaud multiplie les affectations. En 1997, il est désigné comme commandant en second du Charles de Gaulle alors en construction.
Il en prend le commandement de 1999 à 2001. Il est ensuite nommé adjoint pour la marine du chef d’état-major particulier du président de la République entre 2002 et 2004, date à laquelle il devient préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord jusqu’en 2006. Jacques Chirac l’appelle alors comme chef d’état-major particulier du président de la République, le 4 octobre 2006. Il est maintenu à son poste après l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007. Vice-amiral d’escadre, il est élevé au rang d’amiral en décembre 2007.
Le 26 janvier 2010, il est nommé en Conseil des ministres pour succéder au général Georgelin en tant que chef d’état-major des armées (CEMA). Il prend ses fonctions le 25 février 2010.