Comme une rose, quand c’est beau, c’est piquant, dame nature charme et inonde. Bonne pluviométrie, champ agricole florissant, bonne prévision météorologique, qui ne présage pas de déficit de pluie. Le Mali vit sous le charme de dame nature, qui permet d’espérer une saison agricole couronnée de bonne moisson, à condition que les inondations et l’insécurité ne viennent pas gâcher les belles promesses. Car à côté du beau tableau rose tiré des promesses de bonnes récoltes à venir, l’abondance des pluies a occasionné des inondations un peu partout dans le pays, aussi bien à Bamako que dans les capitales régionales, avec des conséquences incalculables sur le plan humain, sécuritaire et économique.
Après un mois de juin peu pluvieux à travers le pays, traduisant une installation tardive de la saison des semis en 2024, les Maliens ont observé un mois de juillet abondamment arrosé avec des précipitations occasionnant des inondations et des érosions à Bamako et dans des localités régionales.
Au 2 août, les fortes précipitations ont fait 10 467 sinistrés dans le pays dont un décès. Les inondations à travers le pays ont occasionné une trentaine d’interventions des agents de la protection civile. Selon Mali-Météo, ces fortes pluies vont continuer au cours des mois d’août et septembre, avec des risques d’inondation dans la majeure partie du pays, y compris le nord désertique.
«La forte pluviométrie enregistrée entre le 16 et le 28 juillet 2024 a provoqué des inondations dans plusieurs localités du pays, qui sont situées dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Kidal, Bougouni, Koutiala, Bandiagara et le district de Bamako. La région la plus touchée reste celle de Ségou avec le cercle de Bla qui a connu plusieurs cas d’inondation faisant plusieurs personnes sinistrées, des dégâts matériels et un cas de décès», a confié à l’ORTM (la télévision nationale), le colonel Sapeur-pompier Badra Alioune Sissoko, chef de Cabinet du Directeur général de la Protection civile.
Le cercle de Bla seul a enregistré plus de 9 700 sinistrés sur les 10 467 enregistrés par la Direction nationale de la Protection civile. Les autorités du pays à travers la Direction nationale du Développement social et des partenaires se mobilisent pour porter assistance à ces victimes.
Dans le district de Bamako, toutes les communes ont été concernées par les inondations, provoquant de nombreux dégâts matériels, les eaux ont emporté des matériels, mais à la date du 2 août 2024, aucune perte en vie humaine n’a été signalée dans la capitale malienne. La circulation a été par endroit interrompue pendant de longues heures dans la capitale, ce mardi 30 juillet où le marigot du Woyo-wayanko a largement débordé submergeant le pont et rendant la circulation difficile voire impossible entre les quartiers Hamdalaye ACI 2000 et Sébéninkoro.
Les causes des inondations à Bamako?
Les installations anarchiques dans les nids du marigot, l’occupation des abords des routes, l’obstruction des caniveaux qui doivent drainer les eaux vers un exutoire et mettre la route hors d’eau. En effet le facteur humain est pour beaucoup dans les inondations des villes maliennes.
Les populations doivent comprendre que les bas-fonds et les nids du fleuve et des marigots, ne sont pas des lieux de construction, car on y met sa vie en danger, en cas d’inondations dues à de fortes précipitations ou de montée du niveau des eaux du fleuve.
Rappelant l’inondation récente du stade, ainsi que la ville de Gao à la suite de fortes précipitations, le Chef du Service Observation et Prévention météorologique de Mali-Météo, Amadou Diakité tire la sonnette d’alarme: ces fortes pluies vont continuer au cours des mois d’août et septembre, avec des risques d’inondation dans la majeure partie du pays, aussi bien au nord désertique qu’au sud. «C’est tout le Sahel et même les pays du golf de Guinée qui sont concernés, parce qu’avec le changement climatique, c’est notre climatologie qui est en train de changer avec des phénomènes extrêmes qui sont recensés, soit des canicules, soit des vents violents, des tempêtes de poussière ou des fortes pluies occasionnant parfois des inondations», avise le Chef du Service Observation et Prévention météorologique de Mali-Météo, Amadou Diakité.
Les conséquences de ces inondations s’observent aussi bien au plan humain, économique, que sécuritaire. Elles entraînent une dégradation des conditions de vie des populations, augmente les cas de maladie comme le paludisme, et fait progresser la pauvreté. En outre, les activités de production et de commerce connaissent des difficultés avec l’impraticabilité des routes inondées, et la pauvreté grandit.
Par ailleurs, les risques de banditisme augmentent. Dans le cercle de Bla, (région de Ségou au centre du Mali) qui n’est pas à l’abri du terrorisme, les inondations peuvent créer des difficultés de mobilité aux forces de l’ordre, comme c’est le cas dans le cercle de Niono. Des zones parmi tant d’autres, sont à surveiller de près pendant la saison des pluies.