Le Sénégal fait-il partie des États qui soutiennent l’Ukraine dans son conflit avec la Russie ? L’État sénégalais, à travers son président de la République, est-il accusé d’apporter son appui aux terroristes et groupes armés djihadistes agissant sur le sol malien à travers l’Agence de recrutement de mercenaires, via l’Ambassade d’Ukraine au Sénégal ? Faut-il croire que le Sénégal, comme la Mauritanie et l’Algérie, tel qu’il semble être le cas, est favorable à l’avènement du rêve touarègue d’un “État Azawadien” ou islamique sur le sol malien – chose qui est plus qu’une utopie, une folie même – ? La marche des peuples de l’AES est à contre-courant de cette autre démarche des peuples de la Cedeao vers une seconde ère de la longue et tumultueuse histoire qui lie l’Afrique noire à ses anciens maîtres coloniaux. C’est cette apparente incapacité à rompre le cordon ombilical avec la Métropole que les panafricanistes locaux et voisins reprochent au tandem Sonko-Diomaye, dont ils sont témoins vivants de la traversée du désert sous le dictateur impuni – jusque-là – Macky Sall. Décryptage des clichés et stéréotypes qui poursuivent l’équipe en place à cause de son mutisme exacerbé.
Au vu de l’actualité fournie dans le Sahel, il est tentant de se poser la question de savoir : que se passe-t-il dans le Sahara et le Sahel, plus précisément au Nord du Mali ? Les pays autour du conflit au nord du Mali sont en passe de devenir des belligérants à visage découvert, et ce qui devait arriver arriva. L’occasion se présenta à Tinzaouaten, ces 25, 26 et 27 juillet 2024, au cours d’une patrouille des Forces armées maliennes (Fama), qui tomba nez à nez sur un bataillon de milliers d’individus armés jusqu’aux dents. De cette manière, le conflit a pris un tournant nouveau avec d’autres perspectives qui se dessinent autour de cette guerre asymétrique que se livrent au Mali des puissances étrangères, par Groupes armés terroristes (Gat) interposés et opposés aux Forces armées maliennes (Fama). Pour négocier un cessez-le-feu périodique et obtenir une accalmie passagère, afin de continuer à piller les ressources aurifères du sous-sol malien, de temps à autre, le parrain algérien de ces négociations avec les autorités maliennes, s’engageait à organiser des pourparlers inclusifs dans le but de signer un Accord. Ce fut le cas après l’attaque du 6 mai à Menaka et Kidal, avec l’accord d’Alger du 4 juillet 2006, puis il y a eu l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 avec les groupes armés rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), créé en 2011, et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), créé en 2013, pour faciliter la tenue du scrutin présidentiel qui a vu l’arrivée d’IBK au pouvoir ; enfin, l’accord de juillet 2015, qui consacrait la partition définitive du pays avec l’élection des présidents de Conseils régionaux au suffrage universel. Si IBK avait accepté au forceps ces conditions draconiennes parrainées par le contingent Barkhane, la mission onusienne Minusma, la partie algérienne, et bien d’autres pays dont la France qui ont signé au bas de ce document, tel ne fut pas le cas à sa chute, le 18 août 2020, lorsque les cinq colonels ont pris le pouvoir. Successivement, ils vont renvoyer les contingents Français Barkhane et Takuba à cause de leur propre turpitude, mettre fin à la mission de la Minusma malgré de fortes protestations au Conseil de sécurité, et rompre le cordon ombilical avec la France, la Cedeao et tous liens avec l’Ukraine. Ce dernier pays en guerre contre la Russie depuis le 24 février 2022, n’a pas idée dans quel bourbier il est tombé en prenant partie dans le conflit entre les Fama et les GAT (Groupes armés terroristes). Pour information, de 1991 à 1992, avec les accords de Tamanrasset, puis le Pacte national, une nouvelle accalmie était assurée après la rébellion de 1964. Aujourd’hui, depuis 2006, puis en 2012 et en 2013-2014, les affrontements continuent. Conclusion, en 2015, avec la présence des puissances étrangères parrainant l’Accord d’Alger, il n’était plus possible de s’opposer au rêve azawadien dont la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) porte encore le rêve et le projet. Avec le Csp-Psda (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement), la tension a pris une envergure de taille fragilisant davantage la paix et favorisant l’option résolue pour la guerre. Déjà, le 25 janvier 2024, les autorités de la transition annoncent l’abandon de l’Accord d’Alger pour cause d’«inapplicabilité absolue» rendant son contenu caduc. Auparavant, d’août à novembre 2023, avant la reprise de Kidal en décembre, les combats faisaient rage, entraînant un changement radical dans les méthodes et la stratégie des Fama. Ce qui aboutit à la reprise de Kidal où les combats ont été intenses faisant fuir les terroristes et leurs soutiens rebelles locaux vers l’Algérie et la Mauritanie. Des unités des forces spéciales et une cohorte de bataillon feront flotter à nouveau le drapeau du Mali dans la ville. Ces forces tactiques de l’Azawad avaient fait échec à la visite du Premier ministre du gouvernement sous IBK, Moussa Mara, en mai 2014, en tuant des préfets et des gouverneurs avec la complaisance des forces françaises et de la Minusma. Toutes choses qui ont anticipé la dénonciation de l’Accord d’Alger par les autorités de la transition. Donc, informer de tout cela l’ambassadeur ukrainien au Sénégal, et ses renseignements généraux et leur ministre des Affaires étrangères, c’est aussi informer au même degré le Président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, dont les positions mitigées par rapport à leurs déclarations avant d’accéder au pouvoir tranchent d’avec la vérité des faits d’actualité. Pour ne pas dire que le Sénégal est mis sur la sellette dans les réseaux sociaux chez les panafricanistes et les citoyens de pays de l’AES (Alliance des États du Sahel), mise en place depuis le 16 septembre 2023, avant d’être consolidée Confédération le 6 juillet dernier à Niamey entre le Mali, le Burkina-Faso et le Niger, dont les dirigeants ont apposé leur signature au bas de la charte qui fonde cette Confédération AES.
Aujourd’hui, avec l’embuscade du 25 juillet à Tinzaouaten qui a vu des militaires (maliens et russes) tomber au front, la guerre asymétrique a pris une nouvelle tournure vers l’instrumentalisation de la guerre Russie – Ukraine dans le Sahel, en passant par le Sénégal où des mercenaires ukrainiens recruteurs ont trouvé une base. Mais aussi, un tournant vers l’internationalisation du conflit qui oppose les Fama aux forces armées étrangères de l’Otan à travers plus de 4000 hommes armés, dont des mercenaires, des terroristes.
C’est pourquoi le Président Bassirou Diomaye doit en tirer toutes les conséquences pour affirmer une position claire qui reflète l’assentiment général du Sénégalais ordinaire dans ce bourbier sahélien, qui ne les laissera pas à quai sans susciter l’implication de leurs FDS. Car le Mali a averti et ré-averti face aux «actes inamicaux» et «d’ingérence» de la part du médiateur algérien dans des affaires internes du Mali, mais il n’est pas exclu, comme le dernier communiqué du porte-parole du gouvernement malien, l’a fait savoir, le Mali a rompu tous liens diplomatiques avec l’Ukraine, que le Sénégal comme la Suède déjà, connaissent le même sort. Le Sénégal est prévenu, le Mali ne joue plus avec sa souveraineté !