A la signature du sulfureux contrat de la société Albatros Energy, et la Direction nationale de l’énergie, et l’EDM et même la société en question savaient que l’énergie qui serait produit sur le site de production ne pouvait pas être transportée en l’état. Nonobstant cette réalité, la Direction nationale de l’énergie s’engagée dans un contrat avec la société Albatros Energy.
C’est le contrat le plus léonin de l’histoire de la fourniture d’électricité au Mali.
Signé au pas de course sous le régime IBK, le contrat de fourniture d’électricité entre EDM et la société Albatros Energy ne cesse de faire couler autant d’encre que de salive. Pendant ce temps, les maigres caisses de l’État continuent de se saigner. Heureusement que « le processus de la résiliation du contrat est en cours », peut-on lire dans les réponses des responsables de l’EDM adressées au bureau du vérificateur général.
En effet, encore appelé "Take or pay" (prendre ou payer en français facile) ce contrat consiste à produire une certaine quantité d’électricité que l’EDM s’engage à acheter exclusivement. Seulement voilà : l’EDM n’a pas la capacité à transporter cette électricité produite par la centrale car elle ne dispose pas de ligne capable de transport la charge. Cet état de fait a pourtant été signalé par même la société Albatros à travers une correspondance adressée au Directeur national de l’énergie de l’époque le 28 avril 2015. Dans cette correspondance, le patron d’Albatros Energy affirme que « suite à une réunion ce matin avec EDM, représenté par Monsieur Diallo, directeur de la planification et nos partenaires d’Infra Invest, il nous a été dit que les capacités actuelles des lignes de transport 225 kv existantes ne permettent pas l’évacuation de notre production et que des réserves sont émises par EDM quant à la signature de l’Avenant N°1 au contrat et de fourniture d’énergie. » Ce dernier a répondu par le fait que l’état a signé des conventions avec des institutions financières internationales pour réhabiliter et même construire des nouvelles lignes de transport de l’électricité entre Bamako et le site de production. « Je vous informe que le département de l’énergie envisage le renforcement de la ligne Manatali-Kita-Bamako à travers la construction d’une nouvelle ligne 225 KV double terne dans le cadre du projet Manatali II de l’OMVS en cours de préparation. La réalisation de cette ligne est programmée pour 2017 à la fin de la construction de la centrale hydroélectrique de Gouina. », soutient le directeur national de l’énergie dans sa correspondance. Toute chose qui n’a jamais été fait et pendant ce temps, la société a perçu et continue de percevoir des fonds publics sans pour autant livrer le produit, selon le rapport du vérificateur général.
L’immortalité du contrat réside dans le fait que non seulement c’est l’état du Mali qui se porte garant de la levée de fonds pour la réalisation des infrastructures mais aussi il supporte tous les coups du risque encouru. Bien plus grave, dans une note technique élaborée par la direction nationale de l’énergie pour la société Albatros Energy Mali, il est indiqué que : « la capacité exploitable de la ligne OMVS 225 >KV entre Kayes et Bamako, étant de 150 MW, il y a nécessité de doubler la ligne, côté Mali. Toutefois, cette situation est théorique à ce moment et est difficile voire impossible à concevoir dans la réalité ». Comme on le voir, il y a anguille sous roche dans la conclusion de ce contrat.
Affaire à suivre
Youssouf Diallo