BAMAKO - Un journaliste malien, responsable du bi-hebdomadaire privé malien L`Aurore, a affirmé mardi à l`AFP avoir été brièvement enlevé par des hommes armés, qui l`ont battu, volé puis abandonné dans la périphérie de Bamako, en lui reprochant de "perturber" le pays.
"Je ne les connais pas, mais ils m`ont tout le temps appelé par mon nom. Ils m`ont dit: +C`est vous qui perturbez ce pays+", a déclaré Abdramane Keïta, directeur de la rédaction de L`Aurore, joint par téléphone.
M. Keïta a expliqué avoir été invité lundi soir à un rendez-vous dans un quartier dans l`ouest de Bamako par un homme lui ayant promis "une information sur les évènements du nord" du pays, région occupée depuis trois mois par des groupes armés dominés par des islamistes extrémistes.
Au lieu de rendez-vous, le présumé informateur l`a attiré à l`écart. Et quelques secondes plus tard, "un véhicule pick-up s`est immobilisé à côté de nous. Des individus cagoulés en sont sortis et m`ont embarqué de force" dans le véhicule, "ils étaient armés, donc je ne leur ai pas résisté", a-t-il dit.
Il y avait "quatre hommes en plus du chauffeur", en pulls verts "que les militaires portent souvent", a-t-il dit, précisant qu`ils n`étaient pas en treillis. Il a dit avoir vu des armes de poing et de guerre.
Selon lui, ses kidnappeurs lui ont recouvert la tête pour l`empêcher de voir le trajet. Il a été battu à "coups de matraque" par trois des hommes, délesté de ses biens, dont son téléphone et une forte somme d`argent, puis "jeté dans une flaque d`eau" dans une zone proche de l`aéroport, dans la périphérie sud-est, sans éclairage.
Après le départ des hommes armés, il s`est "débrouillé" pour retrouver ses repères et s`est rendu à l`aéroport où il a sollicité de l`aide. Jusqu`à mardi soir, il n`avait pas été à l`hôpital pour se soigner, car n`ayant pas eu de blessures apparentes et envisage de porter plainte, a-t-il indiqué.
L`organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) s`était inquiétée en mai des violations de la liberté de la presse au Mali depuis le coup d`Etat militaire du 22 mars, qui a accéléré la chute du nord du pays aux mains de groupes armés.
Depuis le début de la crise malienne, plusieurs journalistes ont été agressés ou interpellés, une radio appartenant à un parti politique pro-putsch
a été incendiée dans le centre du Mali.