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4 ans après le putsch du 18 août 2024 : Ce qui a été fait, les impondérables et ce qui reste à faire
Publié le jeudi 22 aout 2024  |  Le Matin
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Le 18 août 2020, à la suite d’une mutinerie qui a débuté au Camp de la Garde nationale de N’Tominkorobougou (commune III du district de Bamako), de jeunes officiers ont pris le pouvoir en contraignant à la démission le président Ibrahim Boubacar Kéita dit «IBK». Moins d’un an après, le 24 mai 2021, Bah N’Daw a été débarqué de la présidence de la transition laissant la place sans doute à celui dont le fauteuil revenait de droit en tant que président du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) : Colonel Assimi Goïta ! Toujours est-il que, 4 ans après, on est toujours loin du bout du tunnel de l’analyse d’observateurs neutres.

Détérioration de la situation sécuritaire, mauvaise gouvernance politique et économique du régime en place… étaient entre autres griefs formulés par les jeunes officiers qui ont renversé Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK le 18 août 2020 avant de totalement prendre le contrôle de la transition ainsi ouverte le 24 mai 2021. Quatre an après, où en sommes-nous avec le Mali Kura qui devait naître des cendres de l’ancien ?


A un an d’égaler le mandat constitutionnel d’un président élu (5 ans), la transition malienne ne fait pas l’unanimité en termes de bilan. Si pour certains citoyens, le changement est bien amorcé avec les réformes politiques, d’autres trouvent que l’espoir suscité a volé en éclats comme le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dont la lutte a été parachevée par les militaires. Toujours est-il qu’on est toujours loin du bout du tunnel de l’analyse d’observateurs neutres.

«Quatre ans de transition ! Beaucoup d’eau a coulé dans les caniveaux de fortune de Bamako en apportant sans doute l’espoir d’un rapide retour à l’ordre constitutionnel que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et la communauté économique voulaient imposer à la junte malienne au lendemain du 18 août 2020», analyse un diplomate qui a requis l’anonymat. Pour lui, «le bilan est loin de faire l’unanimité au point que certains regretteraient déjà feu IBK».

N’empêche, pour ce membre du Conseil national de la Transition (CNT), «le bilan est là et visible». Et de poursuivre, «la quasi-totalité du territoire national est désormais sous le contrôle de l’État du Mali ; la respectabilité de notre pays n’est plus à démontrer sur la scène internationale ; l’autonomie décisionnelle est une réalité. Plus personne ne décide à la place des Maliens, plus personne ne décide à la place des autorités légitimes du Mali». C’est surtout au niveau des réformes politiques que les progrès sont visibles, car traçables. Il s’agit, entre autres, de l’adoption d’une nouvelle constitution, d’une nouvelle loi électorale avec la mise en place de l’Autorité indépendante des gestions des élections (AIGE)… et bientôt d’une Charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Réformes politiques, malaise socioéconomique

Pour de nombreux observateurs, ce sont sur les plans socio-économique et politique que les autorités ont des soucis à se faire avec la multiplication des fronts, donc des défis. Au moment du bilan, des voix s’élèvent ainsi pour s’inquiéter par rapport à «la volonté manifeste de faire toutes les voix dissonantes» qui s’est illustrée par la suspension des activités politiques des partis et associations entre le 10 avril et le 10 juillet 2024. «Aujourd’hui, aucun leader politique n’est en sécurité dans le pays s’il ne soutient pas ouvertement la transition en lui décernant un blanc-seing. C’est pourquoi, à quelques exceptions près, ils sont tous en exil (forcé ou volontaire) présentement», constate un chroniqueur politique.

Que dire de ce facteur impondérable que constitue la crise énergétique, sans précédent, qui a douché l’espoir d’une rapide reprise économique après les crises sécuritaire et sanitaire (Covid 19). Elle a exacerbé les pertes d’emploi et la faillite des entreprises et sociétés avec un effet pervers sur le coût de la vie. Malgré une montée en puissance des FAMa, qui se solde par une relative amélioration de la sécurité, l’Unicef souligne qu’environ 1 500 écoles sont fermées au Mali en 2024, affectant près de 500 000 enfants contre environ 827 écoles étaient fermées, impactant environ 244 000 enfants l’an dernier.

Cette année, selon OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies) notre pays compte aussi environ 330 713 personnes déplacées internes (PDI) contre environ 199 385 PDI en 2018. Et selon les statistiques du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, le taux de pauvreté au Mali est estimé à 45,5 % contre 41,9% en 2020. Ainsi, en plus du ralentissement de la croissance économique, la Banque mondiale craint une augmentation de l’extrême pauvreté.

L’urgence d’envisager une fin consensuelle de la Transition

Une situation que mêmes ceux qui se disent très proches des autorités de la transition reconnaissent implicitement. En effet, ils se disent conscients de la précarité de la situation socio-économique. «Nous avons l’obligation de tout mettre en œuvre pour que, parallèlement au financement de la guerre, l’on puisse trouver une solution à éponger la dette intérieure, à créer plus de conditions d’investissements, à faire en sorte que le secteur privé malien puisse être renforcé», reconnaît le membre du CNT.

Si la gestion des examens scolaires et des concours d’entrée à la Fonction publique suscite l’espoir d’une nouvelle ère de gouvernance vertueuse, la rédemption de la justice et la lutte contre la corruption ainsi que la délinquance financière ne fantasment plus trop les Maliens. Comme l’analyse si bien un confrère de la place, «quatre ans après IBK, le bilan est mi-figue mi- raisin. Et les attentes demeurent les mêmes».

Ce qui reste à faire, aujourd’hui, pour le bien du pays, c’est que les autorités de la transition tendent la main à toutes les forces vives de la nation sans distinction afin de trouver les voies et les moyens consensuels de clore la transition pour qu’elle ne soit pas un serpent de mer préjudiciable à tous. Il faut urgemment un agenda consensuel du retour à l’ordre constitutionnel impliquant et engageant toutes les filles et tous les fils du pays. Cela est dans l’intérêt de tous, notamment de nos dirigeants actuels qui doivent comprendre qu’il y a peu d’alliances qui résistent à l’usure du temps !

Moussa Bolly

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