En dépit des anomalies relevées dans sa première version précédemment retirée du circuit, le rapport de l’Office Central de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite sur les écoles privées est revenu sous une forme plus consommable et moins indigeste. Quant au fond, il continue il continue de receler les mêmes remarques et dénonciations pompeuses, à savoir : la manne irrégulièrement perçue par la panoplie d’établissements privés du secondaire qui accueillent plus d’apprenants que ceux du public. Selon les conclusions de l’OCLEI, on dénombre au bas mot des dizaines de centaines d’écoles à travers le pays, lesquelles se sont partagées une manne conséquente en subventions de l’Etat entre 2017 et 2021. Plus de 15,5 milliards pour les seules écoles avec une autorisation de création contestable et plus de 2 milliards pour celles qui disposent d’autorisation dans arrêté d’ouverture. Somme toute, pas moins 17 milliards auront été engloutis par les établissements illégalement créés ou créés à dessein pour capter les subventions étatiques. Sauf que leur irrégularité ne signifie pas inutilité, et pour cause. Pendant la même période, pas moins 106 000 apprenants sont passés par lesdits établissements et pour lesquels l’Etat a défalqué en moyenne 160 000 francs CFA payés par élève du public inscrit dans le privé. En réclamant le recouvrement des montants qu’il juge indûment perçus, l’OCLEI ne pipe mot sur les bénéfices qu’a tirés l’Etat de leurs prestations. Ça n’est pas tout. Il ne répond d’aucune logique à son plaidoyer pour la fermeture des établissements incriminés alors que leur régularisation serait une recommandation plus judicieuse et éviterait d’en rajouter à la déscolarisation occasionnée par l’insécurité.
Le spleen des écoles catholiques
Au bout de plusieurs décennies de loyaux services et de partenariat mutuellement profitable, les écoles catholiques maliennes et l’Etat sont en passe de rompre. Leur coopération se trouve en tout cas sur une pente glissante avec en toile de fond la décision des autorités de transition de rationner les dépenses budgétaires aux dépens d’un grand maillon du secteur éducatif. Il serait question, selon les explications du PM, de freiner l’hémorragie des dettes de l’Etat envers l’Eglise, en mettant un terme à la convention qui les a entraînées. Il en résulte immanquablement une incapacité de l’enseignement catholique à faire face au poids de ses ressources humaines prises en charge à 80% par les ressources publiques. Sauf que l’Eglise ne serait pas la seule à en payer la facture. Ce sont des centaines d’effectifs qui vont annuellement grever l’équation infrastructurelle du public, sans compter les centaines d’enseignants admissibles au chômage et à l’oisiveté faute d’entente entre les parties et réadaptation salariale aux moyens propres de l’Eglise catholique. On n’en est pour l’heure pas là pour l’heure, pourvu de sauver les maigres espoirs qui continuent de résister à une menace de fermeture définitive à laquelle la rivalité inter-religieuse n’est peut-être pas étrangère.