Il est connu qu’être étudiant dans n’importe quelle faculté de l’université de Bamako est souvent perçu comme le pire des malheurs qui puisse s’abattre sur un jeune au Mali. Et ce, parce que la situation qui y prévaut ressemble fort bien à un guêpier… Assurément, il est temps que l’étudiant lui-même sauve sa personne. S’il y a aujourd’hui une lutte qui honore l’étudiant au Mali, c’est bien celle qui lui donnera l’opportunité de travailler dans des conditions dignes et dans lesquelles il n’aura plus à se faire violence en cotisant des modiques sommes qui serviront à l’achat de piles pour faire fonctionner le micro ou enrichir certains professeurs qui n’en font qu’à leur tête et n’hésitent pas à monnayer leur note ou menacer de donner zéro à ces étudiantes à la beauté du diable, si…
Il est bon de noter que le désordre qui s’agrandit dans le giron de l’Université a jeté l’étudiant dans une situation qui a atteint un seuil critique. Une situation dont le redressement ne relève ni de la lubie, ni d’une vue d’esprit, encore moins du fantasme. Mais, il faudrait que l’étudiant, en considération de sa peine, se soumette à sa propre conscience, à son devoir. Car, dit-on, il est facile de savoir son devoir, mais difficile de le faire. Et c’est ce défaut ridicule qui a rattrapé l’étudiant malien. Il donne l’effrayante impression de n’avoir aucune idée du monde ou plutôt de son orientation, d’autant qu’il ne pense qu’à se payer une moto lui facilitant de rallier l’école où il vient passer la journée à ne rien faire, sous prétexte que le professeur est en mission, qu’il a une réunion ou qu’il est arrivé en retard.
Nul besoin de dire que suivre le cours de certains professeurs n’est pas du tout stimulant, tant ils ne déploient aucune volonté d’intéresser l’apprenant. Alors, on comprend aisément que toutes ces difficultés énumérées constituent assurément un obstacle pour des formations de qualité. Et personne n’en fait les frais, sinon l’étudiant. Car, l’on ne manquera pas, un jour ou un autre, de lui jeter à la face des propos attestant qu’il est vide, limité et ignare. Or, il est sans contexte qu’il ne saurait être pris pour seul responsable du manquement relevé au niveau de sa capacité intellectuelle. L’administration aussi y est pour moitié, pour ne l’avoir pas mis dans les conditions requises. En guise d’illustration, dans les bibliothèques des facultés, certains livres indispensables à l’assimilation des cours font défaut, et bien plus, les professeurs indiquent aux étudiants d’acheter des documents comme s’ils étaient sans savoir que bon nombre d’entre eux n’ont pas pignon sur rue. Et que les bourses sur lesquelles ils fixent leur espoir ne tombent pas à temps. C’est évident qu’il a du tirage !
Ainsi, il apparait clairement que l’étudiant est en train de marcher au bord de l’abîme. Il dort sous le spectre du gouffre où l’on ne tardera pas à l’y précipiter. Il ne sent rein, mais plutôt, se calfeutre, comme une épave, dans l’inconcevable faiblesse qu’il s’est lui-même attribué. Et bien dis donc, qu’il verse des larmes qui n’accusent que lui-même ! Car, il se meurt, et l’on ne tardera pas à lui envoyer ce message d’outre tombe : « S’il savait que ces hommes à la cravate pendante se foutent de lui. Pis, il ne sait pas qu’il ne sait pas… »