Le Mali et l’Algérie, deux pays liés par l’histoire, par la géographie et par la culture, sont désormais à couteaux tirés. D’une petite brouille diplomatique au début, nous assistons aujourd’hui à une crise d’une ampleur inédite faisant craindre une escalade violente pouvant aller à un affrontement aux conséquences dramatiques pour les deux pays. Pour rappel la première brouille diplomatique entre les deux pays était consécutive à la présence sur le sol algérien de certaines personnalités maliennes considérées par les autorités de la transition comme des ennemis de la République. Parmi ces personnalités l’on pourrait citer les cadres du CSP DPA et surtout l’imam Mahmoud Dicko. Ce dernier, tombé en disgrâce avec les autorités de la transition, a été accueilli à bras ouvert par les autorités algériennes, ce qui a provoqué l’ire de Bamako. Cette posture du voisin algérien qualifiée d’inamical a suffi pour que les deux pays rappellent, pour consultation leurs ambassadeurs respectifs. Bien qu’il y ait eu décrispation, avec le retour des ambassadeurs à leurs postes, la tension n’a nullement faibli, car chaque pays a gardé par devers lui la rancune et des actes de provocation ont été posés de part et d’autre, parmi lesquels le rapprochement entre le Mali et le Maroc, tout comme le soutien sans faille de l’Algérie aux ex rebelles du CSP DPA. Comme si ces actes de provocation ne suffisaient pas l’Algérie a fait des manœuvres militaires à la frontière avec le Mali. Une simulation de combat, estiment certains observateurs, pour épater son voisin. Comme une réponse du berger à la bergère le Mali aussi a multiplié des patrouilles à sa frontière pour dissuader l’Algérie. Désormais les deux pays se regardent en chiens de faïence.
Le pays du colonel Assimi Goita, dans sa quête de souveraineté a même engagé une guerre sans merci contre les irrédentistes et leurs complices supposés ou réels que sont les terroristes. Tinzawatène, cette ville frontalière entre le Mali et l’Algérie a été le théâtre des violents affrontements entre les rebelles du CSP DPA et les armées de l’AES. Avec des fortunes diverses de part et d’autre, les combats à Tinzawatène ont focalisé toutes les attentions et exacerbé la crise entre le Mali et l’Algérie. Le pays de Tebboune a accusé celui du Colonel Assimi Goita d’avoir utilisé des drones pour tuer des civils, faux, avaient rétorqué les autorités Maliennes, qui ont affirmé sans ambages avoir neutralisé des terroristes.
La tension est à son comble au point que l’Ambassadeur d’Algérie lors de la table ronde sur le 75ième anniversaire de la convention de Genève sur le droit de la guerre tenue le 26 Août 2024 en Suisse aurait accusé le Mali d’avoir non seulement recouru à d’autres forces, mais aussi et surtout d’utiliser de drones pour tuer les civils au nord du Mali. L’Ambassadeur, représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies Monsieur Issa Konfourou a apporté un démenti à cette affirmation. La question que beaucoup d’observateurs se posent est celle de savoir comment les pays de Modibo Keita et de Ben Bella sont-ils arrivés à des telles extrémités ? Les autorités des deux pays qui sont en belligérance ont-ils si vite oublié les liens historiques et séculaires entre le Mali et l’Algérie ? Quid des intérêts économiques ? L’Algérie et le Mali, partageant plus de 1000 km de frontières, donc ils sont condamnés à vivre ensemble.
En somme, il demeure alors indispensable de parvenir à un compromis dynamique. Les deux pays doivent sortir de la logique de guerre pour promouvoir la paix. Le Mali doit s’inspirer de l’exemple du Niger cet autre pays de l’AES, pour harmoniser ses relations avec ses voisins. Le dialogue est la seule alternative à la guerre pour parvenir à la paix.