Annoncés comme alternative urgente et plausible aux déficits de la production énergétique, les centrales solaires sont en passe d’être progressivement rattrapées par la réalité, après l’euphorie du lancement de leurs travaux en grande pompe par la plus haute autorité du pays. De Sanankoroba à Safo en passant par Tiakadougou-Dialkoro, les projets avaient, en effet, allumé tout un faisceau d’espoirs de quitter les ténèbres plus rapidement que pressenti. Mais à mesure que les consommateurs s’habituent aux épreuves et s’accommodent de la résilience, la désillusion se précise à la fois pour les proportions de d’énergies promises que pour l’échéance de leur disponibilité. On n’ignorait déjà pas la dissonance initiale qu’il y avait entre les hautes autorités et la ministre en charge du secteur énergétique, Bintou Camara. Pendant qu’elle agitait les optimismes en annonçant les premiers kilowatts/heure quatre mois seulement après la pose de la première de la centrale de Sanankoroba, la plus haute autorité du pays abouchait une trompette différente et tablait plutôt sur une année. Quoi qu’il en soit, l’une et l’autre des deux autorités sont à mille lieues du délai d’exécution contractuel, à en juger par le communiqué du conseil des ministres de la semaine dernière. Il y est clairement énoncé une échéance de 24 mois conclue avec l’entreprise chinoise SINOHYDRO CORPORATION LIMITED, bénéficiaire du marché dont le lancement des travaux aura étrangement précédé l’attribution. Ça n’est pas la seule ambiguïté qui entoure le gré à gré validé par la partie gouvernementale avec tous les conforts et commodités administratifs et fiscaux inclus (hors-taxes et hors droits de douane). On apprend, à travers le même conseil des Ministres, que l’échéance de 24 mois n’est retenu que pour la seule première phase du projet, qui coûtera aux contribuables plus de 32 milliards F CFA pour 50 MWc sur 100 MWc annoncés avec une capacité de stockage de seulement 25 Mégawatts.
Quid par ailleurs des proportions réelles ainsi que du délai de réalisation de cette autre centrale solaire annoncée à Sanankoroba ? Plusieurs mois depuis le lancement de ses travaux, les détails sur les modalités de sa réalisation n’ont pas encore filtré. On peut présumer d’ores et déjà, néanmoins, que sous la signature d’une entreprise russe beaucoup moins réputée dans le secteur, les coûteux fruits attendus risquent de se révéler beaucoup moins savoureux, tant dans leurs proportions que par leur diligence. Quant à Tiakadougou – Dialakoro, le début des travaux seraient en souffrance à cause du refus des propriétaires coutumier à abandonner leurs terres.
Il est loisible de comprendre, en définitive, que la crise énergétique ainsi que les équations socio-économiques qui lui sont inhérentes ont de beaux jours devant elle si elles devaient se résorber par le solaire. En cause, la grande confusion qui entoure cette option sur laquelle reposent les promesses de compenser les carences énergétiques imputables à la faible densité du réseau électrique sous-régional interconnecté, des centrales thermiques, entre autres.