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Diplomatie malienne : L’Algérie ferait-elle exception à la nouvelle doctrine ?
Publié le mardi 3 septembre 2024  |  Le témoin
S.E.M.
© Autre presse par DR
S.E.M. Issa KONFOUROU, Ambassadeur Représentant permanent de la République du Mali auprès des Nations Unies à New York
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La diplomatie escaladière est-elle encore de rigueur dans la tradition malienne des relations internationales. Depuis quelques jours, en effet, dans les salons feutrés de la capitale, la question se murmure entre les dents. Et pour cause : après en avoir longtemps entretenu et habitué l’opinion, les hautes autorités de transition sont en passe de montrer un signe annonciateur – sinon de rupture – de fébrilité en la matière, en concédant notamment une première dérogation devant la récente posture d’Alger. Vis-à-vis du Mali, l’Algérie n’a pourtant jamais été aussi ouvertement agressive et son hostilité n’a jamais été aussi prononcée qu’avec le propos alambiqué de son ambassadeur à l’ONU sur Tin-Zeouaten. À la faveur du 75 eme anniversaire du Traité de Rome sur le droit de la guerre, le diplomate Amar Bendjama n’était pas allé de mainmorte pour charger Bamako, évoquant au passage l’utilisation aveugles de drones kamikazes sur des cibles civiles dans cette localité frontalières où les FAMa et leurs supplétifs russes avaient précédemment essuyé une sanglante et meurtrière embuscade.

La réaction malienne ne s’est pas fait attendre. Elle aura été tout aussi vive quoiqu’avec la manière la moins attendue, s’il faut en juger par le traitement de dossiers similaires mais moins sulfureux. Par le truchement de son représentant plénipotentiaire aux Nations Unies, Bamako ne s’est pas seulement inscrit en faux contre les accusations du diplomate algérien, taxé au passage de caisse de résonance d’une «propagande terroriste» sur des frappes aériens n’ayant visé que des cibles terroristes, selon M Konfourou. Et d’inviter l’Algérie à une attitude plus constructive, d’un ton comparable aux brûlantes répliques qu’avait inspirées aux autorités de transition la partition vicieuse d’Alger dans la stigmatisation du Mali lors d’un certain sommet des Non-Alignés : retrait de l’Accord pour la paix, torrent de récriminations déversé sur le pays d’Abdel Madjib Tebboune dans un communiqué, à coups d’accusations d’ingérence, d’intention déstabilisatrice et d’exportation du terrorisme dans le Sahel, etc.




L’Algérie l’aura sans doute davantage mérité, tant par ses allégations de recours des pays du Sahel à des armées privées contre les populations civiles à la lisière de ses frontières que par ses menaces de réagir aux interventions aériennes futures. Ce faisant, Alger fait à peine moins que l’Ukraine dans le choix de son parti entre l’armée malienne et les groupes armés signataires de l’Accord éponyme, que le Mali lui reprochait déjà d’héberger en même temps que d’autres personnalités jugées hostiles aux pouvoirs.

Cependant, les observateurs ont beau attendre, ils ne verront peut-être jamais que ce puissant et redoutable voisin soit frappé avec le même bâton que d’autres pays avant lui. En effet, aucune commune mesure avec la Suède dont l’ambassadeur vient d’être expulsé sans ménagement suite à la suspension de l’aide bilatérale de son pays, ni l’Ukraine qui est présentement l’objet d’une procédure commune de l’AES devant les instances onusiennes. Étaient passés par la même fermeté diplomatique, auparavant, la France, la CEDEAO et la Minusma avec l’expulsion de leurs représentants respectifs par les mêmes autorités de transition. Mais, face à un pays qui approvisionne en denrées de première nécessité les trois régions du septentrion, la réponse attendue pourrait demeurer longtemps en téléchargement et risque de devenir l’exception qui ouvre la brèche à un début de rupture avec une tradition ayant longtemps animé le spectacle.



A. KEÏTA
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