Sorti officiellement le 22 septembre 2023 sous le label «Mieruba», «Diré» du maestro Idrissa Soumaoro n’a pas mis du temps pour conquérir les hits du World music. Une tendance qui se poursuit cette année.
«Je voulais créer une œuvre qui puisse parler à tous, Maliens et aux non-Maliens. J’espère que ce disque contribuera à faire connaître la culture malienne au monde entier» ! C’est qu’espérait Idrissa Soumaoro à la sortie de «Diré» en septembre 2023. Un espoir aujourd’hui comblé. «Je suis très heureux de l’accueil que le public a réservé à mon album», nous confiait l’artiste, il y a quelques mois. En quelques semaines, «Diré» est devenu un album incontournable pour tous les amateurs de bonne musique. Ce qui ne semble pas surprendre de nombreux critiques qui jugent l’opus comme «une œuvre riche et émouvante qui témoigne de l’immense talent d’un artiste majeur».
Auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste virtuose, Idrissa Soumaoro a offert aux mélomanes une œuvre de très bonne facture avec dix titres comme Diré taga, Kalata, I djidja, Kassi, Bi fourou, N’den tedi, Don’t worry, Sally, Sababou, Yèlè (en feat avec Amadou Bagayoko). Du «World music charts europe» (la musique mondiale en Europe), au «Top 5» de «Discos de la semana» (disque de la semaine)… ces titres ont caracolé au sommet des différents hits, en Europe notamment.
«Diré» était par exemple en tête du «World music charts Europe» en novembre 2023. L’album a ainsi conservé sa première place (Top 20) pour le 2e mois consécutif. «Les 10 compositions très originales de l’album sont basées sur la musique traditionnelle du Mali, mais les expériences de vie, les voyages, l’éducation, les collaborations et la carrière musicale personnelle d’Idrissa l’ont amené à composer et à interpréter de la musique avec d’autres influences», a apprécié «Bandcamp», un magasin de musique en ligne qui s’adresse principalement aux artistes indépendants.
Même si nous avons un moment balancé entre «Kalata» (élections) et «Kassi» (pleurs) nous avons finalement eu le coup de cœur pour «Don’t worry» (T’inquiète ou Ne vous inquiétez pas) que nous écoutons à longueur de journée. «J’adore aussi ce titre. Il est rehaussé par un excellent accompagnement avec le balafon en fond sonore. C’est aussi un titre bien inspiré par l’émotion et la nostalgie. C’est ma première fille décédée au Gabon qui m’a inspiré cette chanson…», nous a-t-il confié. «Forcer les enfants à se marier contre leur volonté n’est pas mon fort», ajoute-t-il faisant allusion au message véhiculé dans cette très belle chanson. Une regrettée fille qui a vu le jour à Diré (Tombouctou) où le jeune enseignant a aussi rencontré son épouse au début de sa carrière. Des souvenirs qui font la beauté de cet opus, source d’émotion.
Avec ce 3e album (après Kotè sorti en 1998 et Djitoumou sorti en 2010), l’artiste-enseignant (professeur puis inspecteur de musique) a véritablement trouvé sa voie en termes de style. «Je m’inspire généralement du donso ngoni, un instrument bambara joué par et pour les chasseurs dans tout le Mali. C’est un instrument pentatonique similaire à celui utilisé pour jouer le blues exporté aux Amériques par les esclaves noirs africains», explique Soumaoro. Et d’ajouter, «j’ai également passé beaucoup de temps à jouer une variété de musique qui reflète également la rumba, la salsa, le blues bambara et quelques dérivés du jazz, de la country, de la soul et du R&B. J’ai cherché et j’espère avoir trouvé ma propre forme d’expression à partir de ces influences».
Considéré par les critiques comme un maestro «joyeux et inventif», Idrissa Soumaoro a consacré sa vie à aider les autres en devenant professeur de musique pour les non-voyants. Acteur incontournable de la scène musicale malienne, depuis des années, le maestro a été décoré du titre de Chevalier de l’Ordre national du Mali en reconnaissance de sa contribution à la culture et à la musique maliennes.