Le tournage du long-métrage du réalisateur Cheick Oumar Sissoko, « Rapt à Bamako », a débuté depuis deux semaines. Mais c’est hier que le ministre de la Culture, Bruno Maïga, a donné le premier coup de clap symbolique du long-métrage.
La scène s’est déroulée dans une imposante villa à Kabala, dans la commune de Kalabancoura. Fait inhabituel, le réalisateur a décidé de scénariser l’arrivée du ministre comme une scène du film. Et Bruno Maïga qui se trouvait en terrain connu, malgré sa surprise, a joué le jeu. A sa sortie de voiture, il a été accueilli par Hamadoun Kassogué qui interprète le rôle principal de Moustaph, un candidat à l’élection présidentielle. Puis, le ministre a salué tous les invités présents.
La séquence « en boite », Bruno Maïga a donné le premier coup de clap symbolique. Après le tournage, la prochaine étape sera la post-production qui prendra deux mois. C’est après tout cela que le film sera disponible pour le public.
Ce nouveau long-métrage de Cheick Oumar Sissoko est inspiré du roman éponyme de Mandé Alpha Diarra publié en 1999. Le film dure 90 minutes et sa réalisation est entièrement financée par le ministère de la Culture à travers le Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM).
Le ministre de la Culture s’est dit convaincu que le film fera date dans la cinématographie du Mali. Sa conviction se fonde sur trois éléments : la consistance du texte et du scénario, la qualité et l’expérience des acteurs principaux comme Hamadoun Kassogué, Maïmouna Hélène Diarra ou encore Magma Gabriel Konaté, et le talent et l’expérience du réalisateur Cheick Oumar Sissoko qui a déjà écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du cinéma national.
Evoquant les difficultés de financement que rencontrent nos cinéastes, Bruno Maïga a confirmé qu’un fonds cinématographique est en train d’être mis en place par le gouvernement. En attendant, la prise en charge par le gouvernement de la totalité du financement de la présente production, soit 250 millions de Fcfa, est la preuve de l’engagement des pouvoirs publics à aider ce secteur.
Quant au réalisateur qui revient sur le plateau de tournage 14 ans après son dernier film « Battu », il avait du mal à cacher son émotion. Sur le plan technique, note-t-il, le numérique a fait faire un grand bond au tournage.
Sur la thématique du film, Cheick Oumar Sissoko a expliqué qu’en militant engagé, il est tenté d’interroger dans cette œuvre, le point de vue de la jeune génération sur notre expérience démocratique qui dure depuis 20 ans et qui a vacillé avec le coup d’Etat de mars 2012.
De fait, la réalisation en cours est un film d’action qui nous introduit dans les difficiles tentatives d’exercice de la démocratie en Afrique. A travers le regard de jeunes de 14 ans (Malik et Sara), le film fait ressortir l’insouciance et le manque d’intérêt de nos hommes politiques pour la condition humaine.
D’après le synopsis, trois générations s’affrontent dans le film. C’est grâce à l’ouverture d’esprit et à la combativité de jeunes issus de deux cultures (malienne et occidentale) et à l’engagement de leur grand-mère, Mah, que l’on arrive à empêcher deux drames : le rapt et l’assassinat d’un albinos ; et l’enlèvement des résultats d’une élection présidentielle par un des candidats.
« Rapt à Bamako » permet de jeter un regard critique sur l’Afrique dans sa tentative jusque là vaine de construire une véritable démocratie multipartiste. De fait, des élections mal organisées poussent à des violences, occasionnant crimes, corruption.
Le casting du film est soigné avec des acteurs de premier rang comme Hamadoun Kassogué (Moustaph dans le film) dans le rôle d’un candidat à l’élection présidentielle, Salif Samaké plus connu du public sous le sobriquet de « Kali », jouant un autre candidat. Magma Gabriel Konaté est « Franky », un inspecteur de police, Maïmouna Hélène Diarra (Mah dans le film), la mère de Moustaph, et Kari Bogoba Coulibaly qui interprète le ministre de l'Intérieur.
Cheick Oumar Sissoko, ministre de la Culture de 2003 à 2007, et directeur du Centre national de la production cinématographique du Mali (CNPC) de 1992 à 1998, a réalisé de nombreux films dont « Guimba, le tyran » qui remporté l’Etalon du Yennenga, la plus haute récompense du FESPACO en 1995.
A son actif également « Sécheresse et exode rural » (1984), « Nyamanton » (1986), « Finzan » (1989), la « Genèse » (1999), et « Battu » (2000).