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L’or, un minerai névralgique: L’or. «Les pays qui le produisent ne le détiennent pas»
Publié le vendredi 6 septembre 2024  |  L’Inter de Bamako
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. Cette définition lapidaire introduit l’un des rares livres d’analyse publiés en français sur le commerce de l’or. Pourquoi de telles inégalités dans la répartition des ressources naturelles ? Et pourquoi si peu
d’études, si peu de recherches publiées sur le sujet ? Le précieux métal jaune se trouve pourtant au cœur de l’économie mondiale, depuis des millénaires. Il est symbole de richesse nationale, moyen
universel d’échanges entre les pays.

Sous forme de lingots, de pièces ou de bijoux, il constitue la valeur refuge par excellence de l’épargne privée, sur tous les continents. C’est enfin l’un des secteurs d’exploitation industrielle parmi les plus rentables de la planète: les multinationales d’extraction de l’or, soutenues par les grandes banques commerciales, assurent un rendement mirifique à leurs actionnaires. Elles sont prêtes à tout pour ne pas les décevoir.

Qu’importe si la ruée vers l’or africain provoque guerres ou pollutions innombrables. Le cas de Sadiola au Mali est exemplaire. Sadiola représente l’un des gisements les plus prometteurs du monde, exploité
par le géant sud-africain Anglo Gold. Cinq (05) millions de tonnes de minerai y étaient traitées chaque année dans des conditions qui défiaient l’imagination.

Normes de sécurité, rejets toxiques, quantités réelles de métaux précieux extraites de la terre africaine autant de données qui semblent se perdre dans les nuages de poussière soulevés quotidiennement aux
alentours de la mine. Des pays comme le Mali devraient profiter des principes de «bonne gouvernance» pour assainir leur économie. La réforme des codes miniers et la privatisation du secteur dictée au début
des années 1990 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont eu l’effet inverse: elles ont cautionné une gestion opaque des gisements aurifères.

Le gouvernement malien, corrompu, n’arrive pas à obtenir des multinationales le paiement correct des taxes d’exploitation et des royalties. Les contrats miniers sont tenus secrets, l’information sur la gestion des sites d’extraction de l’or, hors de portée des fonctionnaires africains, les administrateurs locaux, écartés du monde des affaires.

Malgré une montée en flèche de la production d’or, une moyenne de cinquante (50) tonnes par an, soit environ 800 millions d’euros au cours actuel, l’économie malienne sombre, criblée de dettes. Comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, les contrats d’exploitation ont été conclus avec des firmes étrangères sans scrupules, qui présentent dans leurs bilans annuels leurs mines d’or africaines comme de véritables machines à faire du cash.

Dans le même temps, ouvriers et populations locales s’enfoncent dans la misère. La part des recettes redistribuée aux États producteurs se réduit à la portion congrue. Résultat: pour certains pays, malgré des productions avoisinant soixante-dix (70) tonnes d’or par an (Ghana), le développement reste un mirage. Ils comptent aujourd’hui parmi les nations les plus pauvres du globe, tout comme d’autres États pourtant riches en or: Zimbabwe, Tanzanie, Guinée, Soudan, République Centrafricaine…) mais plombés par des années de dictatures, de régimes complaisants, de déversements sauvages du cyanure utilisé pour séparer les particules d’or du précieux minerai. Bien des nations africaines auraient pu profiter de ces ressources pour asseoir les bases d’une économie stable et prospère. Mais l’or extrait de leurs terres s’est envolé.

En moins de vingt (20) ans, la Banque mondiale, qui représente le plus gros investisseur dans l’extraction de l’or africain, a propulsé une poignée de multinationales américaines, canadiennes, anglaises, sud-africaines ou australiennes à la tête des richesses aurifères du continent
noir.

Aujourd’hui, plus de 80% des gisements d’or africain sont entre les mains de ces compagnies privées. Ces géants de l’extraction aurifères, soutenus par les grandes banques privées occidentales comme la Royal Bank of Canada ou la Française Société générale, se refusent à toute transparence sur leurs activités réelles.

Secteur économique parmi les plus rentables au monde, le commerce international de l’or reste également l’un des plus secrets : seuls quelques initiés connaissent véritablement le dessous des cartes, et la façon dont s’opère sur place le partage des richesses africaines. On apprendra ici que la Banque mondiale prête par dizaine des millions de dollars à des firmes canadiennes dont le Conseil d’administration (CA) associe hommes d’Affaires poursuivis par la justice américaine et
directeurs de sociétés de sécurité privées ayant versé dans le trafic d’armes.

Par Gilles Labarthe et François-Xavier Verschave, «L’or africain»
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