De plus en plus des voix s’élèvent pour demander la libération des leaders politiques et d’opinions au Mali. Qu’il s’agit des leaders politiques, des organisations de défense des droits de l’homme ou des organisations de la société civile. La dernière en date est celui du mouvement Yerewolo sur les remparts. Un ancien soutient de la transition.
En effet, dans un communiqué publié le mardi 14 août 2024, la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH) dénonce des violations des droits humains et des libertés fondamentales. L’organisation met l’accent, entre autres, sur la répression des opposants politiques, le harcèlement et la répression des défenseurs des droits humains.
La FIDH estime dans ce communiqué, que les quatre dernières années au Mali ont été marquées par « une recrudescence des arrestations et détentions arbitraires, des enlèvements et détentions au secret, ainsi que des actes de harcèlement judiciaire ».
Selon les responsables de la FIDH, la Transition au Mali doit rapidement mettre en place des conditions pour un « dialogue effectif et inclusif » avec les partis politiques et la société civile.
Le document a aussi mentionné l’arrestation le 20 juin dernier de onze membres de la plateforme de la déclaration commune du 31 mars 2024. Des interpellations en lien avec l’interdiction par le gouvernement malien le 10 avril dernier, d’activités de partis politiques.
L’organisation de défense des droits de l’homme appelle les autorités de la Transition à libérer « immédiatement » toutes les personnes détenues arbitrairement. Elle les appelle aussi à rétablir le respect des libertés fondamentales.
L’appel de la CNDH au gouvernement !
Dans le crade de la célébration du 30 août 2024, la Journée internationale des victimes de disparition forcée, le Président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré ne s’est pas fait prier pour formuler des recommandations à l’endroit du gouvernement.
Il indiquera que l’Assemblée Générale des Nations Unies a décidé dans sa résolution (A/RES/65/209) de proclamer le 30 août, Journée internationale des victimes de disparition forcée. Cette journée est célébrée depuis 2011.
Selon la déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, proclamée par l’Assemblée générale dans sa résolution A/RES/47/133 de 1992, il y a disparition forcée lorsque : « des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées contre leur volonté ou privées de toute autre manière de leur liberté par des agents du gouvernement, de quelque service ou à quelque niveau que ce soit, par des groupes organisés ou par des particuliers, qui agissent au nom du gouvernement ou avec son appui direct ou indirect, son autorisation ou son assentiment, et qui refusent ensuite de révéler le sort réservé à ces personnes ou l’endroit où elles se trouvent, ou d’admettre qu’elles sont privées de liberté, les soustrayant ainsi à la protection de la loi ».
Le président de la CNDH expliquera que le Mali a, le 06 février 2007, signé la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Le 1er juillet 2009, il a ratifié cette convention, ainsi que la procédure d’enquête prévue à son article 33. En date du 02 février 2010, il en a accepté la procédure de plaintes individuelles prévues à l’article 31 de la convention.
Mais voilà, depuis la ratification de la convention, le Mali n’a soumis aucun rapport sur les disparitions forcées, en dépit des allégations de plus en plus nombreuses des cas de disparitions forcées qui sont portées à la connaissance de la CNDH.
En effet, l’article 29 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées recommande à tout Etat, de présenter au Comité, par l’entremise du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, un rapport sur les mesures qu’il a prises pour donner effet à ses obligations au titre de la présente Convention, dans un délai de deux ans à compter de l’entrée en vigueur de la Convention pour l’Etat partie concerné. C’est pourquoi, à l’occasion de cette journée, la CNDH recommande au gouvernement de : « produire régulièrement des rapports sur les disparitions forcées ; faciliter la conduite des enquêtes et ouvrir des poursuites ; harmoniser le cadre juridique interne au regard de la Convention sur les disparitions forcées ; criminaliser et pénaliser la disparition forcée dans le Code pénal ; vulgariser les textes et renforcer la connaissance des justiciables ; renforcer la documentation des magistrats sur le crime de disparition forcée ».
La CNDH alerte sur les droits civiques et politiques
Dans un communiqué rendu public vendredi 21 juin 2024, la commission nationale des droits de l’homme (CNDH) se disait inquiet des menaces pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques au Mali.
Dans la note, la CNDH attire l’attention des autorités sur les allégations de disparition forcée, d’enlèvement, de violation de domicile privé et d’arrestation arbitraire. L’organisation se fonde ainsi sur les principes du pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples pour faire des rappels et recommandations.
L’organisation de défense des droits de l’homme invite les autorités à privilégier l’instauration d’un climat de tolérance, de concorde sociale pour une paix durable au Mali. Elle a aussi rappelé que la protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée.
Pour rappel, l’ancien Premier ministre Moussa Mara, a, sur son compte Facebook exprimé sa solidarité vis à vis des leaders politiques arrêtés tout en demandant leur « libération immédiate ». Les anciens ministres Ousmane Amion Guindo et Cheick Oumar Sissoko, tous responsables politiques ont aussi condamné ces arrestations.
Le mouvement Yèrèwolo demande la libération sans conditions des leaders d’opinions et politiques
Face à la presse, le mercredi 4 septembre 2024, à la Maison de la presse, le porte-parole du mouvement Yerewolo debout sur les remparts, Siriki Kouyaté a dénoncé la gestion de la transition. D’ailleurs, il n’a cessé de le faire depuis sa sorties en prison. « Une gestion marquée par la corruption, la cherté de la vie et l’arrestation des leaders d’opinions et politiques », dit-il.
Au nom de son mouvement, le porte-parole a souhaité « la libération de son mentor Adama Ben Diarra dit le Cerveau incarcéré depuis plusieurs mois à Kenioroba ».
En plus dans sa déclaration, le conférencier a demandé la libération d’autres leaders d’opinions et politiques, notamment, Clément Dembélé, Etienne Fakaba Sissoko, Mohamed Bathily dit Ras Bath ainsi que Rokia Doumbia dite Rose la vie chère, sans oublier les 11 leaders politiques détenus depuis plusieurs mois.
« La libération de ces leaders d’opinions et politiques permettra de faire de la cohésion sociale une réalité et lutter efficacement contre la corruption et la vie chère », soutient M. Kouyaté.