La naissance par césarienne de la 3ème république et l’instauration dans la douleur du multipartisme avaient suscité un fol espoir qui va s’estomper au fil des ans. De la démocratie, les maliens ne verront que le revers de la médaille car trois décennies durant, les dirigeants issus du « mouvement démocratique » ne proposeront au peuple que trois termes d’un même choix, laissant à la fin de leur parcours politique un pays militairement et économiquement déstructuré, socialement et culturellement dépravé. La révolution de mars 1991 a été galvaudée par ceux qu’on croyait capables de défendre les idéaux et l’héritage de Modibo Kéita, mais qui se sont satisfaits de devenir Calife à la place du Calife.
Les fautes rédhibitoires qui ont plombé la machine
L’Union Soudanaise RDA du président Modibo Kéita avait engagé le Mali sur la voie du socialisme, avec une vision panafricaniste marquée, soutenue par une diplomatie conquérante. Naturellement, les frictions avec l’ancienne puissance colonisatrice n’ont pas tardé et les réseaux Foccart sont vite entrés en action, jusqu’au coup d’état militaire du 19 novembre 1968 qui a porté au pouvoir le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN), dont l’aventure finira avec les purges opérées en son sein le 28 février 1978. L’élimination des faucons du CMLN avait fait croire à une embellie mais c’est un parti unique, l’UDPM qui va éclore, dirigé par le Général Moussa Traoré. Lors du sommet de la Baule de 1990, François Mitterrand va conditionner l’aide française au multipartisme, en faisant des opposants politiques la nouvelle arme pour tenir en respect les présidents africains jugés récalcitrants. Moussa Traoré qui était déjà dans le collimateur a dû, à son corps défendant, subir la révolution de mars 1991, fatale à son pouvoir. Toutefois, ses tombeurs étaient loin d’être un groupe homogène avec un leadership structuré. Amadou Toumani Touré qui conduisait le putsch comprend qu’il ne peut tenir tête à la camarilla et choisit de passer un deal avec Alpha Oumar Konaré, pour se ménager un avenir politique. Celui-ci, au cours de son magistère commettra deux fautes majeures. D’abord, le démantèlement de l’armée nationale dont il bradera les équipements et désorganisera la chaine de commandement, au motif qu’une armée forte est une menace pour la démocratie. Ensuite, l’intégration de plus de deux mille ex-rebelles au sein des forces de défense et de sécurité démotivées, introduisant lui-même le virus de la rébellion armée au cœur de la république. Imprudence et naïveté qui vont coûter cher par la suite et l’empêcheront de tenir solidement les rênes du pouvoir d’Etat. Pour sauver son régime, il cautionnera la grande corruption au sein de l’Administration et des milieux politiques. Ni lui, ni Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéita qui lui succèdent, ne présenteront un état des lieux lors de leur prise fonction, choisissant chacun de gouverner avec son clan. Ils quitteront tous le pouvoir, contraints et frustrés.
La ligne Assimi Goïta ou le refus de la compromission
Les grands pays de ce monde ne sont considérés comme tels, que parce qu’ils disposent d’une gouvernance vertueuse et d’armées fortes. Obsédés par la conquête et la conservation du pouvoir, les leaders issus du « mouvement démocratique » ont pratiqué une pseudo-démocratie réduite à la multiplication des associations, des partis politiques et à la tenue d’élections tronquées, sur mesure. Les nombreux cadres qui ont animé ce mouvement ont choisi eux-aussi de couvrir des pratiques qui apparaissent comme un vrai parjure au sommet de l’Etat. Si, sous Modibo Kéita et même Moussa Traoré, les mots honneur et dignité avaient un sens au Mali, la course effrénée aux biens mal acquis va commencer en 1992, ouvrant le règne de politiciens et de fonctionnaires milliardaires, ainsi que celui de jeunes gens bien introduits, portant pour tout bagage des diplômes acquis Dieu seul sait comment, et dont l’arrogance n’a d’égale que leur grande inculture ! C’est cette race d’hommes qui, pour le grand malheur du pays, après avoir laissé piller les ressources afin de vivre des reliefs de ce pillage, va façonner le visage de la démocratie sous la 3ème république. Alpha Oumar Konaré organisera un procès qui a semblé expéditif pour déclarer Moussa Traoré coupable de tueries pour l’envoyer au bagne. C’est avec ATT qu’on verra un candidat indépendant damer le pion à des partis politiques ! En ce qui concerne IBK, les maliens se demanderont jusqu’à sa destitution qui les gouverne véritablement. Le père et/ou le fils ? Plus tard, ils se rendront compte que le Saint Esprit n’était pas dans le coup. Heureusement, depuis la rectification de la transition en 2021, c’est l’antithèse du système Alpha qui est en marche et qui donne des résultats tangibles sur le terrain. L’armée malienne désormais motivée et bien équipée est en train de reconquérir l’ensemble du territoire, prouvant que la bonne gestion des affaires publiques n’est pas une question de grands intellectuels mais de têtes bien faites et de dirigeants décomplexés. Assimi Goïta ne s’est pas laissé griser par le pouvoir et il a choisi une gouvernance de rupture avec le soutien de son peuple et des grands pays émergents du moment. La France désormais éconduite et ne sachant plus à quel saint se vouer, active ses relais locaux réduits à leur plus simple expression. Ils passent le temps à accuser les autorités de la transition d’isoler le Mali, comme si le monde se limitait à la France et aux pays occidentaux.
Assimi Maréchal du Mali, apparaît plus que jamais comme l’héritier caché qu’on attend depuis la chute de Modibo Kéita, pour reprendre le flambeau et jouer les premiers rôles dans le concert des nations. Le monde entier le perçoit ainsi. C’est pourquoi, la Russie, la Chine, la Turquie et d’autres le soutiennent à fond pour briser le monde unipolaire décadent, pendant que les pays occidentaux veulent à tout prix mettre fin à son aventure, synonyme de régression pour eux et d’émancipation de l’Afrique noire.