EditorialEdito : 79ième Assemblée des Nations Unies, le Discours du colonel Abdoulaye Maiga manque de saveur diplomatique et ne contribue pas à l’apaisement.
La grand-messe mondiale qui est celle de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à laquelle le Mali a pris part, a été encore une occasion ratée pour le régime transitoire malien de fumer le calumet de la paix avec le reste du monde et particulièrement avec son voisin algérien et enfin réaffirmer son statut de pays non aligné. Cette occasion était également opportune pour le porteur de message malien, en l’occurrence le Colonel Abdoulaye Maiga de rectifier le maladroit tir diplomatique commis la dernière fois par lui sur cette même tribune. S’il est sans doute incontestable que ce discours est moins virulent que le précédent qu’il a prononcé à cette même tribune, il est également clair que celui-ci n’aura guère résolu la question fondamentale de la paix avec les pays voisins du Mali, à savoir l’Algérie, la Mauritanie et la Côte d’Ivoire. Si ces deux derniers pays n’ont pas été frontalement attaqués dans le discours du Colonel Maiga, il n y a non plus eu aucune ouverture envers ces pays, quand bien même que le Vice-Président Ivoirien Tiémoko M. Koné a plaidé la cause des Etats du Sahel, en appelant à la solidarité internationale pour lutter contre le terrorisme. Il a même mis à la disposition des Etats l’académie ivoirienne de lutte contre le terrorisme. A la suite du vice-président ivoirien, c’est le Président Sénégalais Diomaye Faye qui a appel, à son tour, à la solidarité internationale dans la lutte contre le terrorisme. Au lieu de s’inspirer de ces deux discours et d’autres pour jouer à l’apaisement et fumer le calumet de la paix avec le reste du monde c’est plutôt un discours va-t’en guerre surtout à l’endroit du grand voisin algérien. L’Algérie et l’Ukraine ont été les deux pays en ligne de mire dans le discours du Colonel Abdoulaye Maiga. Il a dénoncé avec véhémence le comportement de l’Ukraine qui, selon le porteur de message du Mali, est un parrain du terrorisme international. Quant au grand voisin algérien, Abdoulaye Maiga, tout en faisant l’éloge du Président algérien et un bref rappel historique des relations algéro-maliennes, il n’a pas manqué de fustiger les propos tenus par deux diplomates algériens qui ont accusé le Mali d’avoir commis des exactions sur des civils et surtout de solliciter le concours d’autres forces militaires autres que les forces armées maliennes et qui n’ont de compte à rendre à personne. Si la réplique en pareils propos est légitime elle ne doit pas faire oublier l’essentiel qui est la paix et la sécurité dans notre pays et de surcroit dans l’espace sahélien. Or il ne faut guère se leurrer aucune paix durable, aucune sécurité véritable ne seraient possibles dans le septentrion malien sans l’implication de l’Algérie, qui a la spécificité de partager la plus longue frontière avec le Mali et surtout d’abriter une partie des populations Touaregs dont certains leaders font la guerre pour leur autonomie. C’est pourquoi le discours du Colonel Maiga aurait dû non seulement refléter cette réalité tangible, mais aussi et surtout être empreint de saveurs diplomatiques pour ne pas rendre impossible la coexistence pacifique entre nos deux pays liés par l’histoire, la géographie et beaucoup d’autres intérêts. La France, la CEDEAO et l’occident ont encore eu leur dose de critiques dans le discours du Colonel Abdoulaye Maiga. En effet, certains de ses propos compliqueraient un éventuel rapprochement et un soutien des pays incriminés par le Mali dans la lutte contre le terrorisme. A mon humble avis la sortie du Colonel Abdoulaye Maiga a été encore une occasion ratée pour fumer le calumet de la paix avec nos voisins et avec le reste du monde. S’agissant du thème de la 79ième Session des Nations Unies, à savoir : « Ne laisser personne de côté : Agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures » Il a été relégué au second plan pour ne pas dire totalement et fortement éclipsé dans le discours du Colonel pour accorder une large part à des critiques, certes autorités, mais qui ne devraient pas faire perdre de vue les immenses défis qui se posent à nos Etats et pour la résolution desquels nous devrons solliciter tout le monde. Le peuple malien aspire à la paix, à la sécurité et au bien-être social. La tribune des Nations Unies est sans nul doute l’une des pistes de solution, car elle permet au pays d’expliquer au monde entier les tenants de la crise et solliciter l’expertise, des propositions pour une sortie de crise, à condition qu’elle soit judicieusement exploitée. Youssouf Sissok