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A la demande générale nous republions intégralement la synthèse débat de la semaine sur le groupe WhatsApp alternance avec comme thème : 64ieme bougie de l’indépendance du mali. L’indépendance et la souveraineté voulues par les pères fondateurs sont-elles une réalité ? Quelle part de responsabilité des civils et militaires ?
Publié le lundi 7 octobre 2024  |  L'Alternance
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1/ Le contexte :
La jeune République du Mali est née dans la douleur et l'adversité : dislocation de la
Fédération du Mali, rupture avec l'ancienne puissance coloniale et choix du partenariat avec l'URSS et le bloc de l’est, mais sur le plan intérieur cette Indépendance a été accueillie et célébrée avec une extraordinaire ferveur populaire.
Le recouvrement total de la Souveraineté Nationale guidait le programme des dirigeants et était accepté avec enthousiasme par les citoyens.
Les bases en furent jetées par :
- l'affirmation de la Souveraineté politique et diplomatique par l'option de la politique de non alignement, de coexistence pacifique et de non-ingérence dans les affaires intérieures.
- la recherche de la Souveraineté économique et alimentaire par la réalisation d'aménagements hydroagricoles, d'infrastructures et l'implantation d'unités de transformation des produits locaux.
- la Reprise en main du système éducatif par une grande réforme etc.....etc....
Sur le plan des libertés politiques et individuelles l'option socialiste du parti unique ne fut pas un exemple de tolérance et de nombreuses bavures souvent dramatiques en ont résulté .Ce chantier fut arrêté net un 19 novembre 1968 par un coup d'Etat militaire (le premier de la série).
Un régime militaire s'installe pour 23 longues années ponctuées par des purges sanglantes entre militaires et contre des civils, puis l'instauration par la suite du système de parti unique constitutionnel sous la houlette du général Président auteur du coup d'Etat.
C'est en 1991 que ce régime fut déstabilisé et ébranlé par une révolution populaire et démocratique et finalement
Renversé par groupe d'officiers rallié aux civils du mouvement démocratique le 26 mars 1991 après la mort de centaines de martyrs.
La Démocratie, l'Etat de droit et les libertés individuelles sont instaurés par une nouvelle Constitution, la 3ème République est proclamée et consacrée par l'élection au suffrage universel de son premier Président en avril 1992.
Cette jeune Démocratie en construction encore imparfaite et perfectible a vécu 20 ans avant de subir un nouvel assaut de l'armée en mars 2012 à quelques mois de la 3ème alternance politique. Après une courte période de transition militaire et sous la pression de la communauté internationale notamment de la CEDEAO, les militaires putschistes cèdent le pouvoir à une transition civile qui organise l'élection présidentielle en juillet
2013. Le Président élu est réélu en 2018 pour un second mandat mais n'ira pas jusqu'au bout, il est renversé lui aussi comme son prédécesseur par l'armée en août 2020 après une année chaotique d'instabilité et de manifestations populaires de revendications.
Quelques mois après un coup d'Etat dans le coup d'Etat mené par le vice-président de la transition en cours renverse le Président de la transition en mai 2021.
Pour garder et user du pouvoir selon leur seule volonté ces nouveaux putschistes qui semblaient à l’affût, après avoir donné des gages à la communauté internationale décident de rompre avec la CEDEAO, la France et ses alliés, la mission de stabilisation de l’ONU, et se libèrent ainsi de tous leurs engagements de retour à la légalité constitutionnelle et de respect des droits et libertés. Une nouvelle Constitution au goût des militaires est élaborée et votée dans la foulée en 2023, le retour à l'ordre constitutionnel est reporté aux calendes grecques et soumis au bon vouloir des militaires qui contrôlent désormais tous les rouages du pouvoir.
2/ Qu'en est-il de l'Indépendance et de la Souveraineté ?
Il est indéniable qu'après l’Indépendance, la quête de la Souveraineté Nationale était une ambition et un projet sincère des Pères Fondateurs qui en ont jeté les bases pendant les 8 années de leur régime. Le souvenir de cette ferveur et de ce sentiment de réelle indépendance est encore vivace dans la mémoire collective. Avec l'irruption de l'armée sur la scène Politique, l'instauration d'un régime militaire a éclipsé ce rêve.
Pour certains, sur 64 ans de vie, le Mali a eu 8 ans d'indépendance au vrai sens du terme avec les Pères Fondateurs :
- Indépendance territoriale
- Indépendance militaire
- Indépendance monétaire
- Indépendance diplomatique
En 1968, les militaires sont venus mettre fin à la Souveraineté retrouvée.
Après 23 ans de destruction des acquis des Pères Fondateurs par les militaires, les démocrates sont venus reconstruire et redonner au Mali ses lettres de noblesse.
Si le Mali peine à se développer c'est à cause des putschistes et sur les 64 ans, les politiques ont exercé le pouvoir pendant 26 ans et les militaires 38 ans.
Depuis 2020, le Mali a perdu sa Souveraineté économique, diplomatique
En devenant la caisse de résonance de la Russie, sa Souveraineté énergétique etc...
Pour certains encore que valent une Indépendance sans sens démocratique ?
Une croissance folklorique sans prospérité publique ?
Une transition bancale vers une issue fatale ?
Une unité toujours maquillée sur fond de clanisme souillé ?
64 ans après, combien d'écoles, de routes, de ponts, d'usines construites ?
Combien d’enseignants, d'ouvriers bien formés ?
64 ans après, encore à engloutir les ressources dans l’armement, quand le moral est sapé par la violation des serments !
La solution n'est plus dans l’armement, mais dans la bonne gouvernance, elle demeure le seul serment ! Célébrons l’Indépendance, le Travail et la Discipline !
Célébrons l’Indépendance, la Conscience et la Persévérance,
Pour le Mali !
Pour d’autres, nous n'avons jamais fonctionné comme une Nation stable qui a tracé sa voie et s'y maintient en dépit des aléas. Nous sommes dans une remise en cause constante de nos choix, de notre chemin, même si l'aspiration demeure la même : l’émancipation.
Nous marchons de manière cyclique toujours habités par la nostalgie de la 1ere République avec ses bienfaits et ses excès.
Malheureusement, malgré nos proclamations, des réalités exogènes qui nous échappent, nous détournent de nos aspirations : cours des matières premières, importations excessives des équipements et biens de consommation, programmes d'ajustement structurels, assistance budgétaire, aide publique au développement, assistance humanitaire d'urgence etc...Tout cela fausse notre élan vers l’Indépendance.
Des facteurs endogènes comme l'instabilité juridique, l’injustice, le manque de productivité, la non diversification et l'absence de modernisation de notre économie, le déficit en ressources humaines compétentes, la corruption, le déficit de la gouvernance, les changements climatiques faussent également nos attentes.
Pour d'autres aussi, depuis 64 ans, nous nous éloignons chaque jour un peu plus du besoin d'affirmation nationale qui prévalait aux Indépendances. Le processus d'édification de la Nation, durant autant d'années n'a pas su résister aux défis de
L’unité et de la cohésion sans lesquelles l'appropriation des symboles de la Nation ne serait pas partagé dans la cohésion et la symbiose souhaitées.
En effet le sentiment d'appartenance à la même entité est biaisé à la fois par les velléités autonomistes que par les disparités et fractures sociales qui favorisent plus les différences que les affinités à un point tel que les Maliens en ont progressivement perdu tout espoir de prospérer collectivement. Par ailleurs l'Indépendance proprement dite en plus de n'exister en réalité que par son symbole paraît si relative dans cet environnement globalisé qu'elle s'est davantage idéalisée et que son immatérialité en fait un banal filon pour trafiquants d'illusions et d'émotions !
Pendant qu'on sert du concept pour cultiver la symbiose identitaire sous d'autres cieux, il est mis à profit sous les nôtres pour justifier nos insuccès et carences par une sorte de réflexe rétrotopique contreproductif.
C'est au détour d'une telle habileté que la vraie Souveraineté qui appartient au Peuple selon toutes les lois fondamentales maliennes , est actuellement travestie et détournée au profit d'une Souveraineté spectrale voire fantomatique qui ne profite qu'au confort d'une élite dirigeante de fait .
D'où la question suivante : peut-on parler d'Indépendance lorsque l'affirmation et la substance de celle -ci ne correspond pas à la somme des libres expressions de chaque sujet de l'Etat ?
La réponse à cette question ne saurait se dérober de la main- basse qui étouffe la volonté du Peuple depuis quatre années que dure l'incursion de l'armée dans l'arène
Politique. Pour d'autres enfin, la véritable jauge de la Souveraineté et de l'Indépendance d'un Pays c'est sa capacité à se nourrir seul, à se soigner seul et à se défendre seul sans l'aide de quiconque !
Ces conditions sont les seules qui imposent le respect et la considération des autres nations.
3/ Que faire pour réaliser ces vœux des Pères Fondateurs ?
Comme il a déjà été dit plus haut, par un intervenant il est évident que si la Souveraineté appartient au Peuple comme stipulé dans toutes les Constitutions du Mali, il convient pour les autorités militaires actuelles, de commencer par redonner au Peuple sa Souveraineté en quittant la scène politique, retourner dans les casernes et se consacrer exclusivement à la défense de l'intégrité et de la sécurité du territoire de toute urgence
Le Peuple ayant récupéré sa Souveraineté devra ensuite par des élections libres, transparentes et inclusives choisir ses dirigeants qui proposeront et organiseront la mise en place d'institutions solides et indépendantes notamment un pouvoir exécutif, un pouvoir législatif et un pouvoir judiciaire indépendants les uns des autres ainsi que tous les contrepouvoirs indispensables à une vraie Démocratie.
Les contre exemples multiples de la Démocratie qui ont émaillé ces années d'instabilité et de turbulences, doivent nous servir de leçons dans le choix des dirigeants et dans les méthodes de gouvernance et de contrôle de cette gouvernance dans le futur.
Sur le plan diplomatique, la politique de
non alignement, de non-ingérence dans les affaires intérieures et l'amitié entre les Peuples qui a survécu à tous les changements de régime doit être de nouveau notre doctrine diplomatique
Synthèse de Malick Touré





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