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Développement de l’Afrique par les fiscs : Le Mali en phase avec la dynamique d’autonomisation financière
Publié le mardi 8 octobre 2024  |  Le témoin
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Avec les aléas des aides et autres appoints budgétaires extérieurs, les regards pourraient désormais se tourner vers les fiscalités intérieures en tant qu’alternative plus durable aux besoins d’investissement et de financement des États africains. Le sujet donnait lieu, il y a un mois environ, à des échanges de belle facture entre acteurs et décideurs des impôts, dans le cadre du Forum des administrations fiscales du continent. Sous la houlette du Réseau africain de recherche fiscale (ATNR), l’événement a réuni du beau monde au Bostawana où le Mali était représenté par le Directeur des Grandes Entreprises, Hammadoun Fall Dianka. Il figurait en effet parmi l’impressionnante brochette de spécialistes mobilisés pour la circonstance et qui n’ont guère lésiné sur le labeur, au regard de la palette de sujets abordés pendant les trois journées de travaux.
Le conclave aura donc tenu toutes ses promesses, en tant que creuset de partage des expériences en solutions endogènes aux défis de développement et d’expertises en mécanismes de mobilisation de ressources. Il faut dire que le jeu se mesurait à la taille de l’enjeu, et pour cause. Pour être au rendez-vous des Objectifs de Développement Durable (ODD), les besoins de revenus du continent sont estimés à la bagatelle de 3,3 à 4 trillons USD supplémentaires par an, selon les Nations-Unis.
L’équation cristallise logiquement les attentes de recettes fiscales et mobilise les énergies au point d’avoir transformé le forum botswanais en espace inédit de convergence d’idées et de réalités. De son rôle dans le financement des investissements au renforcement de la capacité de ses acteurs, en passant par ses opportunités pour les pays africains, la fiscalité a été examinée sous toutes ses coutures par les sommités de divers horizons. De l’exploration des contours de la problématique a germé une grande convergence de perceptions autour des implications des ressources fiscales sur la croissance économique et le développement durable, de même qu’autour de leur rôle comme vecteur d’équité, de justice et d’inclusivité sociales.
Quant aux mécanismes de mobilisation des recettes nécessaires, pour ce faire, il va inspirer aux participants des débats très instructifs et de grande portée intellectuelle, au détour de thématiques en rapport avec les pratiques fiscales en adéquation avec les objectifs poursuivis, les créneaux et leviers exploitables pour les atteindre.
En effet, à travers tables rondes, ateliers et différents panels, les projecteurs ont été braqués sur nombre de sujets, y compris les questions qui polarisent les positions par leur complexité. On y dénombre, entre autres, l’intégration dans le domaine imposable
des économies informelles comme pourvoyeuses potentielles de revenus fiscaux, l’opportunité de leur formalisation et les avantages que pourrait receler le recours aux NTIC (Nouvelles technologies de l’information et de la communication) dans les mécanismes de prélèvement – ou encore l’Intelligence Artificielle (IA) comme remède aux évasions fiscales et comme outil d’analyse des données. Par-delà les défis et préjugés négatifs qu’elle implique, en effet, l’IA est aussi envisageable sans les pays en développement sous le prisme de son utilité dans l’amélioration des processus administratifs du fisc et du parti qu’on peut en tirer dans la collecte des impôts
Ont eu droit au chapitre, dans le même sillage, la diversification des sources de revenus par les leviers douaniers de la planification fiscale ainsi que l’industrialisation comme facteur d’accroissement des ressources fiscales, etc.
Les opportunités de développement endogène qu’offrent les fiscs sont aussi tributaires, par ailleurs, d’une saine coopération fiscale entre les pays africains et d’autres ensembles régionaux. Celle-ci se caractérise notamment par d’énormes déséquilibres pour la rectification desquelles le continent compte sur l’instauration d’une gouvernance fiscale mondiale plus équitable qu’annonce le projet de la Convention des Nations Unies sur les régimes fiscaux.
Le Forum aura été très enrichissant par l’occasion offerte aux participants d’être au contact de divers paysages fiscaux ainsi que de l’environnement fiscal continental, de se mettre au diapason des opportunités et défis d’optimisation des fiscs, de s’outiller de diverses expériences et pratiques concluantes en matière d’accroissement du rôle des fiscs dans le développement. Avec une fiscalité intérieure en hausse d’années en années et de plus en plus prééminente dans les finances publiques, le Mali est d’ores et déjà en phase avec cette nouvelle dynamique de domestication des créneaux financiers du développement.

A. KEÏTA

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