La récente sortie médiatique d’Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil National de Transition (CNT) du Mali, a provoqué une vive indignation au sein de la communauté soninké. Lors d’une sortie médiatique, M. Fomba a prévenu sur une possible infiltration de la France dans la Journée internationale de la langue soninké par l’UNESCO, affirmant que cette initiative pourrait être exploitée par la France pour attiser des conflits ethniques au Mali.
Face à ces propos jugés « mensongers, diffamatoires et dangereux », l’Association Culturelle Soninké (ACS Mali) a organisé, le 11 octobre 2024, une réunion élargie au Mémorial Modibo Keita. À cette occasion, les membres du bureau, accompagnés de représentants des jeunes, des femmes et des personnalités influentes de la communauté, ont fermement condamné les accusations portées par M. Fomba. L’ACS Mali a rappelé, dans un communiqué, que la communauté soninké, forte d’une histoire millénaire, a toujours incarné des valeurs de paix, d’unité et d’inclusivité. « Partout dans le monde, les Soninkés se sont illustrés par leur contribution exemplaire au développement socioéconomique et culturel, au Mali comme à l’étranger », souligne l’association.
À travers leur diaspora en Afrique de l’Ouest et dans d’autres régions du monde, les Soninkés ont constamment œuvré pour bâtir des ponts entre les peuples et promouvoir l’unité nationale. La proclamation du 25 septembre comme Journée internationale de la langue soninké par l’UNESCO est perçue comme une reconnaissance de longue date des efforts menés par la communauté pour préserver et promouvoir sa langue. Cette résolution, fruit d’un travail acharné des associations soninké à travers le monde, est une source de fierté pour le Mali. Le soninké devient ainsi la deuxième langue africaine, après le swahili, à bénéficier d’une telle reconnaissance.
Pour l’ACS, les propos de M. Fomba sont non seulement diffamatoires, mais également dangereux pour la cohésion nationale. « Accuser les Soninkés d’être à la solde d’une puissance étrangère pour semer la discorde au Mali est non seulement injuste, mais aussi une insulte à notre communauté, qui a toujours défendu l’unité et le patriotisme », martèle l’association.
L’UNESCO, organisation des Nations Unies en charge de l’éducation, de la culture et des sciences, n’a aucune affiliation avec un quelconque État pour provoquer des tensions ethniques, affirme l’ACS. « La présence de l’ambassadeur du Mali lors de l’adoption de la résolution à l’UNESCO témoigne de l’engagement des autorités maliennes à soutenir la valorisation de nos langues nationales », ajoute le communiqué.
Face à la gravité des accusations, l’Association Culturelle Soninké demande aux autorités de la Transition de prendre des sanctions exemplaires à l’encontre de M. Fomba. « Le CNT, institution censée incarner l’unité nationale, ne peut tolérer de telles dérives », estime l’ACS, appelant à préserver la cohésion et la paix sociale. Le peuple soninké, fidèle à ses valeurs de travail et de patriotisme, reste déterminé à défendre l’unité du Mali. La communauté a par ailleurs réaffirmé son attachement aux idéaux de solidarité et de développement, tout en se réservant le droit de recourir à toutes les voies légales pour rétablir la vérité et laver l’affront.