Des dizaines de Maliens, parmi eux des femmes et des enfants, ont été repoussés du territoire algérien alors qu’ils tentaient de fuir les violences et l’instabilité régnant dans le nord du Mali.
Le week-end dernier, plusieurs rapports font état d’expulsions massives de Maliens par les autorités algériennes à la frontière de Tinzaouatène. Cette localité, située à environ 130 kilomètres au nord de Kidal, est une zone particulièrement vulnérable en raison de sa proximité avec les lignes de front entre l’armée malienne et divers groupes armés. La plupart des personnes expulsées cherchaient refuge en Algérie, espérant échapper à l’insécurité qui règne dans le nord du Mali, où les affrontements entre les forces maliennes, appuyées par leurs alliés russes (Wagner), et les groupes séparatistes touaregs se multiplient, malgré un semblant d’accalmie présentement.
Les autorités algériennes, dans un contexte de contrôle strict de leurs frontières, ont repoussé ces personnes vers le désert malien, les laissant dans des conditions précaires, sans accès immédiat à de l’eau potable, de la nourriture ou des abris. Selon des sources locales, parmi les expulsés figurent des femmes, des enfants et des personnes vulnérables, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes sur le plan humanitaire.
Depuis un certain temps, des événements dramatiques se sont déroulés à Tinzaouatène, localité située à la frontière entre le Mali et l’Algérie.
La zone de Tinzaouatène est depuis longtemps le théâtre d’une guerre larvée entre l’État malien et divers groupes armés, incluant des rebelles touaregs et des organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda et à l’État islamique. L’Algérie, quant à elle, joue un rôle ambigu dans cette crise. Officiellement, elle maintient une posture de médiateur dans les conflits régionaux. Cependant, des accusations récurrentes de soutien tacite à certains groupes armés maliens ont entaché les relations entre les deux pays.
Dans ce contexte, le flux de réfugiés maliens cherchant à entrer en Algérie est devenu un sujet hautement sensible. En 2024, les autorités algériennes ont renforcé la sécurité à leurs frontières pour éviter une infiltration des groupes armés, mais aussi pour gérer l’afflux de migrants fuyant l’insécurité au Mali. Cette politique de contrôle rigide des frontières a conduit à des expulsions violentes, comme celles rapportées ces derniers jours.
L’expulsion de civils maliens vers le désert fait craindre une exacerbation de la crise humanitaire déjà alarmante. Selon des organisations locales et internationales, ces expulsions constituent une violation des droits humains fondamentaux. La zone de Tinzaouatène ne dispose que de très peu de ressources pour accueillir ces populations vulnérables. En effet, les infrastructures de base sont quasiment inexistantes et les déplacés se retrouvent livrés à eux-mêmes dans des conditions extrêmement difficiles. Les besoins immédiats incluent l’accès à des soins médicaux, de l’eau potable et des abris temporaires. L’absence de soutien humanitaire rapide pourrait entraîner des pertes en vies humaines, notamment chez les enfants et les personnes âgées, particulièrement vulnérables dans ce contexte.
Tensions diplomatiques entre le Mali et l’Algérie
Ces événements risquent de détériorer encore davantage les relations entre le Mali et l’Algérie. Le gouvernement malien reste silencieux face à cette situation. Des discussions diplomatiques d’urgence sont attendues pour tenter de désamorcer la crise.
Cependant, l’histoire des relations entre les deux pays, marquée par des différends sur la gestion des flux migratoires et le soutien présumé de l’Algérie à certains groupes armés maliens, ne laisse pas présager une résolution rapide.