Depuis 1995, notre pays consacre les 31 jours du 10e mois de l’année (octobre) à consolider par le rappel l’une des valeurs essentielles de notre société : la Solidarité ! Ce mois nous offre donc l’opportunité de diriger le projecteur sur des hommes et des femmes qui s’illustrent dans cette voie les 12 mois de l’année. Zoom donc sur Alfousseyni Diallo alias «Papajérôme le Sage» ou tout simplement «PJLS». Un véritable apôtre de la solidarité à l’égard du prochain.
Qu’on le surnommerait «Vagabond de la Charité» que l’Autre (Raoul Follereau) ne s’en serait pas sans doute offusqué. A défaut, ce peul bon teint est incontestablement un «Bon Samaritain» tant il a l’amour de l’autre ancré en lui. Veuves désemparées, pères de familles désorientés, chômeurs en quête d’emplois, quête de conjoints (ou de conjointes) un d’une vie conjugale voir professionnelle stable… Il est sollicité pour tout tel un Messi. Et comme un phare dans la nuit sombre de cette galère, il est toujours présent pour soutenir, conseiller, accompagner, guider… Alfousseyni Diallo dit «Papajérôme le Sage» (c’est de lui dont il est question) est si sollicité qu’on se demande s’il a une minute à consacrer à lui-même sur les courtes 24h d’une journée.
Des sollicitations régulières du genre, «Papa aujourd’hui c’est moi qui ai besoin de toi. Ma mère est dans le coma à cause du taux élevé de glycémie. Elle est diabétique et même amputée d’un pied. J’ai en main des ordonnances et je n’ai plus rien sur moi» ! Une autre dame le sollicite en rappelant, «bonjour mon frère, je suis enseignante dans une école privée. Je traverse un moment très difficile, je vous sollicite pour avoir de quoi à donner à manger à mes enfants…». Le registre de ses sollicitations est loin d’être exhaustif !
Très sensible à la souffrance, au malheur et au désespoir des autres, il n’est jamais à court d’idées pour leur venir en aide, personnellement ou en sonnant la mobilisation des bonnes volontés. A la différence de beaucoup de ces «personnes généreuses», il agit sans tambour ni trompette ni caméra parce que la solidarité découle chez lui d’un réflexe naturel renforcé par une conviction religieuse. La discrétion est au cœur de son engagement humanitaire. Pour Papajérome, il est aussi important de préserver la dignité des personnes qui sollicitent de l’aide que de protéger l’identité de ceux qui leur viennent promptement à l’aide.
«Aujourd’hui quelqu’un m’a demandé pourquoi les actions sociales que je lance sont plus basées sur les veuves et les orphelins ? Je lui ai répondu que demain étant une incertitude pour chacun. Nous devons soutenir ceux qui vivent l’absence d’un être censé résoudre les problèmes», dit-il pour justifier son penchant pour l’aide aux veuves et aux orphelins. Issu d’une famille modeste et juriste de formation, Alfousseyni Diallo a créé sa page Facebook en 2010 avec l’ambition de changer positivement les choses dans son entourage, son environnement et même au-delà. Selon de nombreux observateurs, sa page Facebook tire son succès de la fiabilité des informations qu’il donne et de «la position impartiale» affichée et assumée sur les sujets traités. Elle est aujourd’hui très bien suivie par plusieurs milliers de personnes pour être le tremplin de son engagement humanitaire.
Très politiquement engagé dans le temps, la crise multidimensionnelle que notre pays traverse depuis 2012 l’a progressivement poussé sur le terrain humanitaire afin de mieux aider ceux qui sont dans des conditions difficiles. A défaut de pouvoir répondre à toutes les sollicitations à son endroit, il sollicite fréquemment le secours des bonnes personnes pour voler au secours de toutes ces personnes en détresse. Et généralement, la réaction dépasse les attentes. «Je crois sincèrement que ces bonnes volontés sont des envoyés de Dieu. Elles sont ma force car je ne suis rien sans elles. Le Malien aime aider son prochain avec le peu qu’il a», a confié Alfousseyni Diallo à des confrères. Selon lui, les gens ont toujours envie d’aider les autres, mais les arnaqueurs avaient fait qu’ils ne croyaient plus en la sincérité des différentes sollicitations d’aide. «Vu que la confiance règne déjà entre mes abonnés et moi, cela a rendu les choses plus faciles pour moi», a indiqué Papajérôme le Sage.
Dans ses actions humanitaires, les personnes déplacées du fait de la crise que traverse le Mali depuis plus d’une décennie occupent une place de choix. A son avis, ceux-ci doivent être le souci de tous les Maliens car ils ont été contraints à quitter chez eux pour préserver leurs vies. Il était surtout estomaqué par le fait que ces populations déplacées étaient devenues un fonds de commerce pour certaines associations qui prenaient des dons en leur nom sans réellement se soucier d’elles. «J’ai vu de nombreux cas puisque leur site n’est pas loin de chez moi. C’est la zone où je pratique mon jogging», explique ce bon samaritain.
«J’ai vu des enfants manger dans des poubelles, des femmes enceintes prendre de la nourriture dans les ordures puis manger. C’est ainsi que j’ai décidé de mobiliser les internautes qui ont confiance en moi pour organiser des séances de dons en nourritures, habits, chaussures, moustiquaires et souvent de l’argent pour ces déplacés», explique Papajérome à des confrères pour faire la genèse de cet engagement en faveur des personnes déplacées.
A défaut de lui emboîter le pas, ils sont nombreux à l’admirer et à le lui avouer. «Je ne vous connais pas, mais je me demande d’où est ce que vous tirez votre énergie, votre simplicité, votre amabilité, votre disponibilité et votre inspiration. Vous faites tellement de bien sans le savoir. Vos publications d’humour avec Coulibaly pour nous soutirer des sourires même quand tout va mal. Vos actions Humanitaires», témoigne un admirateur sur les réseaux sociaux.
Et de poursuivre, «je vous ai une fois envoyé une ancienne camarade de classe. Au retour, elle m’a fait savoir que vous vous êtes déplacé en personne pour les prendre, elle et son enfant dans votre voiture, pour l’accompagner à l’hôpital et payer tous les frais de votre poche. Je ne sais pas ce que vous désirez, mais qu’Allah SWT vous l’accorde». Et de conclure, «je me demande souvent si vous avez réellement une vie paisible avec toutes ses demandes».
Aujourd’hui, reconnaît Alfousseyni Diallo, ils sont nombreux à lui suggérer de créer une fondation ou une association caritative. En attendant, le groupe «Entraide223» est une réalité. «C’est à travers ce groupe que nous avons pu faire beaucoup de dons aux déplacés sur le site de Faladié Garabal. Nous avons pu aussi financer l’opération intégrale de deux enfants, acheter des ordonnances pour plusieurs personnes, venir en aide à des familles en difficulté… Demain (samedi 5 octobre 2024), In Shaa Allah, nous allons offrir à 5 veuves en difficulté chacune un sac de riz (50kg) et 15 000 F CFA pour leur permettre de faire face à cette période très difficile économiquement… Nous ne ferons pas de photos ou de vidéos des bénéficiaires, c’est notre principe… C’est ensemble qu’on est fort et demain reste un mystère pour chacun», témoigne Alfousseyni sur sa page Facebook.
Ce qui est sûr, plus rien ne pourra maintenant l’empêcher de continuer à aider les autres dans la mesure du possible. Et aussi dans le respect des principes et valeurs qui lui sont chers dans ce noble engagement humaniste et spirituel pour son prochain !