Suite aux nombreuses pluies diluviennes causant de forts dégâts dans les foyers, les prévisions métrologiques laissent croire qu’il faut se préparer à de nouvelles vagues de montées des eaux.
Selon Bakary Magané, chef bureau prévision et alerte météorologique à Mali Météo, “il y a inondation lorsqu’il se produit un excès ou un apport d’eau provoquant des dégâts dans un endroit donné”. A son avis, les causes peuvent être les pluies diluviennes, la voie pluviale (un brusque d’apport d’eau venant en amont subitement pour gagner une localité) ou encore la remontée capillaire de l’eau au niveau du sol, causée par l’engorgement de la nappe phréatique.
L’inondation dans les localités rurales cause des pertes de champs, emporte les bétails, et même des stocks de céréale et dégrade les conditions sanitaires.
En milieu urbain, l’inondation est surtout due à la vétusté des ouvrages de conduites d’eaux, le non curage des caniveaux ou l’indiscipline de populations. “A Bamako, il suffit que la pluie dépasse 60 mm, pour que les réseaux de drainage ne parviennent plus à la contenir”, dit-il.
“La météo joue un rôle crucial dans la prévention des inondations, car elle prévoit des quantités à venir avant la pluie. Notre rôle est de prévenir à temps la population. Nous travaillons en étroite collaboration avec la protection civile”, explique Magané.
A son avis, malgré les incidents survenus, le système d’alerte précoce de Mali Météo a fonctionné. Il salue également la déclaration de l’état de catastrophe naturelle de même que la mobilisation de 4 milliards F CFA pour assister les sinistrés au niveau national.
Mali Météo conseille à la population de rester sur ses gardes et de s’adapter à cette situation qui va se prolonger jusqu’au mois de novembre.
En dehors de ces points noirs, le chef bureau prévision et alerte météorologique à Mali Météo pense qu’il y a quelques effets positifs de l’inondation. “L’apport d’eau est l’un des points positifs. Car cette année tous les retenus d’eaux sont remplis, donc il faut s’adapter en essayant de garder cette eau. Lorsque l’hivernage se retire il faut utiliser cette eau pour nos activités génératrices de revenus. Il faut créer des opportunités en faisant des micro-barrages, et augmenter la capacité de rétention des retenus d’eaux pendant cette période”.
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BOZO-DANKA :
Les tourments de Kadiatou Tiemanta
Mariée, mère de 4 enfants, Kadiatou Tiemanta est une victime des eaux. Depuis des années, elle vit avec sa famille et toute sa communauté au Bozo-danka, un lieu où résident les Bozos près du fleuve Niger. Après l’inondation du 22 septembre 2024, elle et toute sa communauté ont aménagé le terrain de Badalabougou.
Depuis le mois de juin, Bamako subit des pluies dévastatrices, obligeant des centaines de familles à abandonner leurs habitations. Kadiatou Tiemanta, est l’une des victimes des inondations du 22 septembre. Avec quatre enfants sur les bras, elle a été contrainte d’abandonner sa demeure pour s’installer sur un site pour ces réfugiés climatiques.
“Je m’appelle Kadiatou. J’ai quatre enfants : deux garçons et deux filles qui sont très jeunes. Nous vivions dans un endroit qui était tout près du fleuve Niger, appelé Bozo-danka. Nous sommes des Bozos, notre activité est basée sur la pêche, raison pour laquelle nous nous installons auprès du fleuve”.
Kadiatou vit de la pêche. Mais avec la grande inondation tout le campement a dû chercher un nouveau refuge aménagé à la hâte sur un terrain de football. “L’eau a emporté toutes nos maisons et nos matériels. Nous n’avions rien, ni toits, ni matériels. Nous sommes venues nous installer temporairement sur ce petit terrain au bord du goudron de Badalabougou“.
Dans l’inondation Kadiatou est confrontée à quelques difficultés. Déjà, elle est obligée de changer quelques quotidiens. “Nous sommes accablés par le soleil, et le bruit des véhicules qui troublent le sommeil. Nos enfants sont exposés aux accidents sur la route, nous sommes obligés de les surveiller tout le temps afin qu’il ne soit pas percuté par ces véhicules“, déclare-t-elle.
Maintenant que Kadiatou et toute sa communauté sont installées, elle lance un appel de solidarité à l’endroit du gouvernement et tout bienfaiteur pouvant les aider. Malgré ses pertes de biens et infrastructures, Kadiatou reste optimiste et incarne la résilience face à cette catastrophe naturelle. Kadiatou est l’une des victimes qui comme d’autres luttent pour leur survie.
Encadré
76 cas de décès
Selon l’Office de coordination des actions humanitaires des Nations unies (Ocha), à la date du 3 octobre 2024, 649 cas d’inondation ont été enregistrés dans 19 régions et le district de Bamako, ainsi que 37 092 cas d’effondrements.
En tout, 259 795 personnes sont sinistrées dont plus de 70 % de femmes et d’enfants. 148 blessés et 76 décès sont également à déplorer. La région de Ségou, où le niveau du fleuve Niger est en constante hausse, est la plus impactée avec 73 080 sinistrés. Mali Météo prévoit la poursuite des activités pluvio-orageuses faibles à modérées sur l’ensemble du territoire.
Le Mali subit des précipitations exceptionnelles, les plus importantes depuis 1967, qui ont causé d’importantes inondations dans presque toutes les régions du pays.