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Art et Culture

Culture : L’Université de la bamanaya m’a expliqué la vie
Publié le samedi 26 octobre 2024  |  Mali Tribune
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Cette semaine, je vais me permettre de vous partager le rapport ésotérique au chiffre 7 de Toumansé Coulibaly, mon maitre de l’Université bamanan. L’ésotérisme désigne l’ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés.

Le chiffre 7 est central dans l’ésotérisme de la plupart des organisations humaines sur terre. Il est supposé être un chiffre porte-bonheur. Dans la Bible, Dieu a créé le monde en sept jours. Dans l’Islam, la sourate al-fatiha est constitué de sept versets. Au pèlerinage, les pèlerins font sept circumambulations autour de la Kaaba. Un des symboles les plus puissants de l’identité juive est la ménorah, le chandelier à sept branches du temple de Jérusalem. Chez les Indous, une personne à sept Chakra. Le chiffre sept constitue la base de la gamme musicale.


Mon maître Toumansé me rappelait régulièrement l’importance du chiffre sept dans l’équilibre du monde. Il le faisait par un récit d’initiation assez particulier. Il disait que le chiffre symbole du monde est sept, partagé entre le féminin et le masculin. Quatre est le chiffre symbole de la femme (mousso bèrè). Trois est le chiffre symbole de l’homme (tiè bèrè).

Le chiffre quatre (mousso bèrè) représente ce qui ne peut être fait de main d’homme, un chiffre de choubaga disait-il (que je traduis par un chiffre de mystère). Il le déclinait de la manière suivante :

Une personne ne peut s’empêcher de naître
Tout ce qu’une personne ne peut s’empêcher d’ingurgiter : une personne ne peut s’empêcher de respirer, de boire, de manger…
Tout ce qu’une personne ne peut s’empêcher de régurgiter : une personne ne peut s’empêcher d’expirer, de faire la grosse et la petite commissions, de pleurer, d’éjaculer…
Une personne ne peut s’empêcher de mourir.
Mon maître Toumansé Coulibaly associe le chiffre trois (tiè bèrè) à ce qui est fait de main d’homme. Ainsi il disait que le monde se construit par trois : kókili (que je traduis par source de la vie), hakili (que je traduis par l’esprit, source de l’éducation, intelligence sociale) et donkili (que je traduis par source du bonheur).

Kokili, représente l’acte de construction de la vie, l’acte sexuel, le ménage première cellule de la construction humaine
Hakili, représente l’esprit, l’intelligence sociale, l’éducation, qui distingue l’homme de la bête
Donkili, représente la source du bonheur, une personne qui chante, une personne qui danse, supposerait que la personne n’a pas faim, n’a pas soif, est en bonne santé, est avec les gens qu’elle aime, est bien habillée….
Voilà comment, par un récit initiatique simple, mon maitre me présenta la vie.

Ce récit n’est pas en déphasage avec les valeurs des autres traditions du monde. Il est de tradition, mais très en phase avec la modernité. C’est pourquoi j’ai toujours présenté mon apprentissage auprès du Sénoufo Toumansé Coulibaly comme une université et non pas comme une initiation à la tradition bamanan.



Alioune Ifra NDiaye
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