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Gouvernance en Afrique : tous les indicateurs au rouge
Publié le vendredi 1 novembre 2024  |  Le wagadou
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Le rapport 2024 de l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IIAG) met en lumière une tendance inquiétante : la dégradation générale des indicateurs de gouvernance sur le continent. Si le Mali illustre de manière frappante cette régression, il n’est pas le seul pays à voir ses acquis s’effriter. D’autres nations comme le Burkina Faso, le Tchad et la Guinée sont également en proie à une détérioration accélérée de la gouvernance, conséquence directe des crises sécuritaires, économiques et politiques.

Tous les indicateurs de perception de la gouvernance en Afrique sont en déclin, à des degrés divers. Cette évolution est particulièrement notable dans le domaine de la perception des opportunités économiques, qui a chuté de 12,4%, le plus fort recul enregistré parmi les 96 indicateurs analysés. Ce déclin reflète une détérioration plus large qui touche plusieurs pays, certains étant même au bord du gouffre en raison de l’aggravation des crises internes.

Outre le Mali, le Burkina Faso et le Tchad sont particulièrement touchés par la recrudescence des conflits armés et des coups d’État, qui ont fragilisé leurs institutions et dégradé la gouvernance.

Au Burkina Faso, la montée en puissance des groupes terroristes a fait fuir des milliers de personnes, perturbé les services publics et miné la confiance des citoyens envers l’État. Le Tchad, quant à lui, traverse une période d’incertitude politique depuis la mort de son président Idriss Déby en 2021, aggravée par des tensions ethniques et un système politique verrouillé.

Ces crises ont des répercussions directes sur la vie quotidienne des citoyens. L’insécurité empêche le développement économique, bloque l’accès aux services essentiels et entrave les investissements étrangers, plongeant ainsi ces pays dans une spirale descendante. Dans le cas de la Guinée, la situation politique instable, notamment après les récents coups d’État, a également contribué à la baisse des indicateurs de perception des opportunités économiques et de participation citoyenne.

La Guinée et la République Centrafricaine sont des exemples frappants où l’instabilité politique chronique a eu des répercussions désastreuses sur la gouvernance. En Guinée, la transition militaire et les tensions ethniques ont entraîné un effondrement de la confiance citoyenne et une baisse de l’accès aux opportunités économiques. La République Centrafricaine, quant à elle, reste empêtrée dans des conflits armés internes qui sapent les efforts de gouvernance et de reconstruction.

L’aggravation de la crise sécuritaire

Le repli de la participation citoyenne, ajouté à une méfiance croissante envers les institutions démocratiques, accentue les difficultés de ces pays à stabiliser leur gouvernance. Mo Ibrahim, fondateur de la Fondation, souligne l’urgence de cette situation : « L’IIAG 2024 nous rappelle froidement la menace que l’aggravation de la crise sécuritaire et le rétrécissement de l’environnement participatif font peser sur les progrès du continent».

Bien que cette crise de la gouvernance soit observée à l’échelle mondiale, elle prend une ampleur particulièrement préoccupante en Afrique, où les progrès réalisés au cours des dernières décennies sont aujourd’hui en péril. Mo Ibrahim rappelle que cette dégradation n’est pas spécifique au continent : « L’escalade des conflits et la méfiance croissante à l’égard des institutions et des valeurs démocratiques ne sont pas le seul apanage de l’Afrique. Ils s’observent partout dans le monde. »

Cependant, l’Afrique subit des effets plus graves en raison de ses vulnérabilités structurelles, notamment la faiblesse des institutions, la dépendance économique vis-à-vis des matières premières, et l’insécurité. Les pays comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et la République Centrafricaine se trouvent dans une position particulièrement difficile, où chaque nouvelle crise aggrave une situation déjà critique.

Malgré ces trajectoires préoccupantes, le rapport de l’IIAG insiste sur le fait que le continent ne doit pas être perçu comme une entité homogène. Certains pays continuent à montrer des signes de progrès, prouvant que des améliorations sont encore possibles. Le Maroc, la Côte d’Ivoire, l’Angola, les Seychelles et le Bénin font partie des nations qui ont enregistré des avancées notables, notamment dans les domaines des infrastructures et de la parité entre les genres.

Ces progrès illustrent la diversité des trajectoires de gouvernance en Afrique. Le leadership féminin, en particulier, a joué un rôle central dans ces améliorations. Des pays comme la Côte d’Ivoire et le Bénin, en intégrant plus largement les femmes dans les processus décisionnels, ont montré qu’un renforcement de la parité pouvait contribuer à stabiliser et renforcer la gouvernance.

Le rapport de l’IIAG 2024 nous rappelle que la situation en Afrique est complexe et nuancée. Si certains pays, tels que le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et la Guinée, font face à une crise de gouvernance exacerbée, d’autres continuent à progresser, prouvant que des solutions existent. Cependant, pour que ces progrès soient partagés plus largement, une réponse collective est nécessaire.



Cheick Bougounta CISSE

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