PolitiqueQuand déclarations et communiqués deviennent les seules armes de la classe politique malienne : Qui pour sauver la démocratie en passe d’être confisquée ?
Le procès dont fait l’objet la classe politique malienne depuis la chute du régime IBK trouve son juste fondement dans le comportement des cadres, militants et leaders des partis politiques. Pris en étau entre une opinion qui la voue aux gémonies pour une prétendue mauvaise gestion du pays et des tenants du pouvoirs que sont les militaires qui cherchent à se faire une nouvelle santé politique et légitimer leurs pouvoirs, les cadres et militants des partis politiques n’arrivent pas desserrer cet étau. Excepté Moussa Mara qui a le courage de ses idées, tous les autres se recroquevillent au fond de leurs sièges en se limitant à des déclarations sporadiques et quelques communiqués qui s’apparentent à un plaidoyer ou une lamentation pour obtenir des strapontins. Aujourd’hui la démocratie est prise en otage avec la complicité active de la classe politique qui se morfond dans des considérations passéistes. Qui pour sauver alors notre démocratie les jeunes vont-ils continuer à se lamenter et ne pas prendre leur destin en main comme le fait Moussa Mara ?
Nombreux étaient les observateurs de la scène politique malienne à se réjouir de la mesure de clémence des autorités qui ont voulu lever la suspension des activités des partis politiques, mais quelle n’a pas été leur surprise de constater que la classe politique continue de trainer sa bosse, de peur d’aller en taule. Les observateurs sont restés sur leur faim après la levée de la suspension des activités politiques par le gouvernement, tant la morosité et le manque d’initiative de la classe politique continuent de plus bel. Et pourtant les sujets de préoccupations voire politiques sont très nombreux dans le pays et ceux qui sont censés prendre en compte ces préoccupations s’emmurent dans un silence de carpe. Pour rappel dans cette léthargie un seul homme politique sort du lot, à savoir l’ancien PM Moussa Mara. Il est le seul aujourd’hui à avoir le courage de ses idées et à se prononcer sur toutes les questions intéressant la vie de la Nation. Ses sorties lui valent des critiques les plus acerbes, mais et alors ? C’est le prix à payer pour préserver la démocratie. Les autres qui veulent attendre qu’ils soient servis sur un plateau d’or vont devoir attendre longtemps, car le pouvoir ne se donne pas il s’arrache. Aucune initiative ne serait-ce que pour exiger la libération des 11 détenus politiques. L’on se contente seulement des communiqués et de déclarations. Et pourtant rien ne leur interdit d’organiser des conférences et des meetings pour informer l’opinion nationale et internationale du sort qu’on est en train de réserver à leurs camarades.
Qui pour sauver alors notre démocratie les jeunes vont-ils continuer à se lamenter et ne pas prendre leur destin en main comme le fait Moussa Mara ?
Certainement Dieu ne descendra pas du ciel pour venir faire le combat politique à la place de ceux qui ont pourtant bénéficié de ses avantages. Le Mali souffre véritablement d’un problème de leadership. L’ancien PM se bat comme un beau diable même s’il n’est pas suivi par les autres jeunes politiques, qui auraient dû se reconnaitre dans le combat qu’il mène. L’ancien ministre Housseini Amion Guindo dit Poulo fait juste des sorties sporadiques via les réseaux sociaux sans une présence physique sur le terrain politique. Quant aux jeunes des partis historiques ils sont des abonnés absents et rasent le mur. Si l’actuel premier ministre Choguel K Maiga a un mérite c’est bien sûr son audace et sa combativité face à ses intérêts. C’est pourquoi sans juger de son chaotique bilan, son activisme intempestif pour garder son poste démontre sa détermination et son audace. Cette qualité pourrait-elle inspirer les jeunes des partis politiques pour descendre dans le marigot politique et affronter les crocodiles ?
Youssouf Sissoko