Relaxé après son arrestation forcée par des hommes encagoulés et armés Mahamane Mariko, président du parti Craj-Fasso Nièta, a animé un point de presse à l’hôtel Les Colonnes le samedi 2 octobre 2024, en présence de plusieurs de ses anciens camarades de l’AEEM et des membres de son parti. Il a donné des explications sur son arrestation et les conditions de sa détention.
‘’Enlevé’’ de force le 30 octobre 2024 alors qu’il se trouvait aux funérailles d’un proche à Djicoroni-Para, Mahamane Mariko a parlé de son ‘’enlèvement’’ et des ‘’humiliations’’ qu’il a subies pendant sa garde à vue.
A ses dires, une jeune femme lui a proposé de lui vendre des produits cosmétiques. Elle a tant insisté qu’il a finalement accepté de la rencontrer, non sans lui préciser qu’il était en train d’assister à des funérailles. Il lui a indiqué le lieu. A sa grande surprise, c’est accompagnée de policiers habillés en civil qu’elle s’est amenée. Selon Mariko, ces derniers, masqués et armés, l’auraient conduit manu militari au Commissariat du 4é Arrondissement de Torokorobougou. Sans la moindre explication. Pendant 24 heures, il n’a ni pu contacter sa famille, ni mangé, ni bénéficié de l’assistance d’un avocat. Ce qu’il considère comme une violation de ses droits fondamentaux. Ce n’est semble-t-il le lendemain que les policiers l’ont informé de l’objet de son arrestation, une accusation de complicité d’escroquerie, en lien avec une affaire de transaction d’or impliquant un Malien, Lamine Traoré et un Burkinabé.
Mahamane Mariko a déclaré n’avoir rien à voir avec cette affaire. «Mon cabinet est un cabinet de conseils et d’assistance juridique, il ne fait pas de transactions de ce genre. Lamine Traoré m’a approché pour une assistance légale, mais jamais je n’ai participé à quelque transaction d’or que ce soit ». Ces arguments tenus devant le procureur lui ont permis de recouvrer sa liberté. C’est pourquoi a-t-il qualifié son interpellation d’abusive.
Le leader politique a également condamné la diffusion d’une vidéo le montrant en détention dans des conditions humiliantes. Il s’agit, selon lui, d’une violation flagrante du principe de présomption d’innocence et des règles déontologiques en vigueur. «On ne condamne pas quelqu’un sans l’avoir entendu, et on ne filme pas quelqu’un en détention pour l’humilier publiquement», a-t-il affirmé, évoquant une possible auto-saisine du procureur pour faire la lumière sur cette affaire.
Face aux dérives qu’il dénonce, Mahamane Mariko a lancé un appel à la justice malienne et à l’État de droit. Il a souligné que l’injustice est le terreau de la violence et exhorté les autorités à respecter les droits fondamentaux des citoyens. «Si nous voulons un Mali respectueux des droits de l’Homme et des lois républicaines, il est primordial que ceux qui incarnent la loi en soient les premiers garants.»
Cet épisode, qui soulève de nombreuses interrogations, met en lumière les défis auxquels le Mali est confronté en matière de respect des droits humains et de justice. Pour le président du bureau des anciens de l’AEEM, Dr Modibo Soumaré, ce qui est arrivé à Mahamane peut arriver à tous dans la situation actuelle. Et si ça tombe sur certaines personnes, elles peuvent se retrouver injustement en prison. Donc, il est important que les garants de la justice et des lois soient les premiers à donner le bon exemple, car chaque justiciable peut être victime de telles erreurs.