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Modibo Mao Makalou, ancien collaborateur d’ATT de 2002 à 2012 : “Sous ATT, le taux d’accès à l’électricité au Mali est passé de 8 % à 32 %” “Pour augmenter la croissance économique sur 5 ans, le Mali avait bénéficié d’un don de 244,8 milliards F CFA du Millenium Challenge Corporation grâce à ATT”
Publié le samedi 9 novembre 2024  |  Aujourd`hui
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Economiste émérite et gestionnaire financier, Modibo Mao Makalou fut l’un des collaborateurs du président Amadou Toumani Touré dit ATT de 2002 à 2012. Il garde de très bons souvenirs de l’ancien chef de l’Etat. “Mes souvenirs sont intarissables sous le magistère d’ATT qui fut une aventure fabuleuse effectuée en compagnie d’une équipe hétéroclite mais remarquable dirigée par un leader exceptionnel pour hisser le Mail au firmament des pays africains”, dit-il. Avant de rappeler que : “chef d’Etat, humanitaire, médiateur international puis président de la République, son amour pour la patrie était sans bornes, il vouait un intérêt viscéral pour tout ce qui touchait son pays et ses concitoyens et ne perdait jamais de vue l’intérêt général”. Voici son témoignage à l’occasion du 4e anniversaire du décès d’ATT.

Aujourd’hui-Mali : Quatre ans après la disparition du président ATT, quel souvenir gardez-vous de l’illustre défunt ?


Modibo Mao Makalou : Je remercie votre journal “Aujourd’hui-Mali” de me donner l’opportunité de rendre hommage à la mémoire du président Amadou Toumani Touré (ATT) et de pouvoir parler du personnage complexe et fascinant que j’ai connu d’abord dans un cadre familial dès mon jeune âge. Affable, polyglotte, humaniste et doté d’un grand sens de l’humour, le personnage était simple, humble et courtois, une marque des grandes âmes. Pétri d’intelligence, et d’une grande capacité d’écoute. En effet, c’est pendant une période charnière de son histoire que le Mali a perdu pour l’éternité un de ses fils les plus illustres dans sa soixante douzième année, le général Amadou Toumani Touré affectueusement appelé ATT. Paix à son âme et que le Tout Puissant l’accueille dans son paradis céleste.

La postérité retiendra que l’illustre disparu dont je salue la mémoire avait acquis sa célèbre renommée à travers le monde pour avoir tenu la parole donnée en menant avec une main de maître une transition agitée en vue de transmettre le pouvoir à un régime démocratiquement élu pour enfin se muer en soldat de la démocratie et du développement.

Pour ma part, j’ai perdu un frère aîné pour qui j’avais une grande admiration et surtout un mentor qui m’a appelé à ses côtés pour l’épauler dans la plénitude de sa mission au service de la nation.

Artisan de la paix, partisan du consensus et médiateur hors pair, le Mali perd un immense personnage. Son héritage est grandiose, les travaux qu’il a entrepris sont certes inachevés et imparfaits comme toute œuvre humaine mais il restait persuadé que les générations futures parachèveront l’œuvre d’édification nationale dans un proche avenir, perpétuant ainsi sa vision d’un Mali et d’une Afrique unis et prospères dans un monde en paix et solidaire.Le temps est un grand juge et c’est l’histoire qui fait l’éloge des illustres personnalités à travers leurs actions et leurs ouvrages.

Quelles sont ses plus grandes réalisations et quel bilan global faites-vous de son règne à la tête de l’Etat ?

Mes souvenirs sont intarissables sous le magistère d’ATT qui fut une aventure fabuleuse effectuée en compagnie d’une équipe hétéroclite mais remarquable dirigée par un leader exceptionnel pour hisser le Mail au firmament des pays africains.

ATT était un grand bâtisseur qui avait parcouru toutes les localités sans exception de notre vaste pays avant de briguer la magistrature suprême en fournissant surtout les services sociaux de base ce qui fera de lui irrémédiablement le fondateur du plus grand parti politique du Mali : le Parti de la demande sociale.

Le programme du chef de l’Etat ATT se déclinait, pendant son premier mandat de 2002 à 2007, en seize points qui pouvaient se résumer en cinq grands axes prioritaires : la restauration de l’autorité morale et de l’efficacité de l’Etat ; la consolidation d’une société solidaire, juste, participative et ouverte sur le monde ; le développement rural ; le développement d’une économie compétitive, moderne et créatrice d’emplois ; l’ancrage du Mali dans son histoire, sa culture et son système de valeurs, d’une manière qui lui permette de mieux se projeter dans le futur.

ATT avait une gestion axée sur les résultats, c’était un immense travailleur qui souhaitait réaliser la vision qu’il avait pour son pays. La mission et les objectifs stratégiques étaient fixés d’avance et le suivi de même que l’évaluation étaient de rigueur sous la houlette d’une équipe multidisciplinaire compétente. Il avait beaucoup misé sur la jeunesse et pensait transmettre le témoin à la génération suivante.

De 2002 à 2012, le bilan d’ATT a été globalement positif, voire élogieux. Nous pouvons souligner, entre autres, la construction des dizaines de milliers de logements sociaux, la multiplication du taux d’accès à l’électricité au Mali par 4 (8 % à 32 %), le financement de l’eau potable à la centrale de Kabala pour 170 milliards F CFA, l’obtention d’un don en 2006 avec le Millenium Challenge Corporation (MCC) par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique d’un montant de 460,8 millions de dollars US soit 244,8 milliards de F CFA pour réduire la pauvreté et augmenter la croissance économique sur 5 ans, la construction de milliers de kilomètres de routes et pistes rurales pour le désenclavement Intérieur et extérieur et l’élaboration et la mise en œuvre d’une loi d’orientation agricole pour moderniser le secteur primaire et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle…

Quel conseil donneriez-vous à la classe politique pour que le Mali connaisse le même rayonnement que sous ATT ?

Chef d’Etat, humanitaire, médiateur international puis président de la République, son amour pour la patrie était sans bornes, il vouait un intérêt viscéral pour tout ce qui touchait son pays et ses concitoyens et ne perdait jamais de vue l’intérêt général. Le président ATT était avant tout un rassembleur qui prônait le consensus et le dialogue et abhorrait la violence (physique et verbale) car il pensait que c’est dans l’union que l’on pourra accomplir des grandes choses.

Malheureusement, la géopolitique et la géostratégie ont écourté ses plans avec la déstabilisation de notre pays et de la région sahélo-saharienne par des conflits, le terrorisme et l’insécurité et de surcroît sans compter actuellement les effets dévastateurs de l’inflation et des changements climatiques sur les conditions de vie des populations.

En effet, ATT était un farouche partisan de l’intégration africaine et pensait faire de l’enclavement de notre pays un atout en lieu et place d’un handicap à travers le désenclavement intérieur et extérieur. Il avait une diplomatie très dynamique axée d’abord sur le bon voisinage et avait réussi à faire occuper des postes de premier plan à nos compatriotes dans les organisations régionales et internationales.

Il pensait que les investissements socio-économiques (santé, éducation, logement, protection sociale…) et productifs (agriculture, élevage, pêche, énergie, industries…) amélioreraient le niveau de vie de ses concitoyens. Mais aussi, il n’oubliait pas de réaliser des microprojets dans des zones rurales et reculées afin non seulement d’alléger les souffrances des populations les plus vulnérables, mais aussi de créer des activités génératrices de revenus pour ces mêmes populations.

Lorsqu’il a été sollicité pour se présenter au suffrage universel, il a mis beaucoup de temps avant de se décider car c’était un homme du peuple qui avait des relations dans toutes les couches de la population de notre pays. Faire le choix de créer ou d’adhérer à un parti politique l’aurait coupé d’une frange de ses relations, donc un choix cornélien pour lui.

Il se disait fier d’être le président du plus grand parti politique du Mali, le Parti de la demande sociale qui aiderait à améliorer les conditions de vie des populations maliennes. Surtout il a préféré une approche consensuelle de la gestion des affaires publiques pour remédier à la fragmentation des partis politiques et renforcer la cohésion sociale et l’unité politique pour bâtir un pays autour du thème : “Retrouvons ce qui nous unit”, car selon lui c’est l’union qui fait la force et la division qui affaibli les nations.

Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA

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