Seydou Sissouma fait partie des compagnons fidèles du président Amadou Toumani Touré dit ATT. Il est resté loyal à l’ancien président de la République du Mali (2002-2012). Après son poste de directeur de la communication à la présidence, il fut nommé par ATT dans son cabinet, après son retour de Dakar où il a occupé le poste de directeur de cabinet. Qui mieux que Seydou Sissouma pour témoigner sur son mentor.
Aujourd’hui-Mali : Quatre ans après la disparition du président ATT, quel souvenir gardez-vous de l’illustre défunt ?
Seydou Sissouma : Nous gardons le souvenir d’un grand homme qui est parti sans jamais véritablement nous quitter. Il ne se passe de jour sans qu’on n’entende son nom ou une de ses déclarations sur une radio ou sur les réseaux sociaux. ATT a été un homme d’actions, des actions profondes et transformatrices. Il expliquait avec beaucoup de pédagogie le sens de ce qu’il faisait. C’est sans doute pour cela, en partie, que, quatre ans après sa disparition, nous prenions du plaisir à l’écouter sur différents sujets relatifs à la gestion de l’Etat et à la vie tout court.
Cette “présence virtuelle” n’efface cependant pas la nostalgie de millions de nos compatriotes, car ATT entretenait un contact étroit, je dirai même tactile, avec tous et chacun. Ces moments nous manquent forcément et ses cousins à plaisanterie ne me démentiront pas. J’ai le souvenir d’une cadre de notre pays, en larmes, au lendemain de son décès et qui s’interrogeait : “qui va encore nous brocarder “? Elle est Coulibaly et se désolait de ne plus essuyer ces piques qui n’appartenaient qu’à lui (ATT).
Quel bilan global faites-vous de son règne à la tête de l’État ?
En dix ans, il a fait la preuve que l’action publique peut transformer et le visage du pays et la vie des gens. ATT avait une sainte horreur d’entendre la litanie : “le Mali est un pays pauvre”. Il se disait que le sentiment de pauvreté inhibait l’effort alors que la conscience d’avoir des moyens limités dopait la volonté et incitait à des choix lucides. Plus qu’une trace, il laisse une marque indélébile dans la marche du Mali vers le progrès.
Selon vous, quelle réalisation d’ATT retient votre attention ?
Je me rallie au choix du président Amadou Toumani Touré lui-même qui, à une question de Salif Sanogo de l’ORTM, lors de la célébration des 60 ans de l’indépendance du Mali, avait, après une petite hésitation, répondu : l’instauration de l’Assurance Maladie Obligatoire. Il aurait pu répondre “les logements sociaux” ou bien d’autres réalisations majeures.
Quel conseil donneriez-vous à la classe politique pour que le Mali connaisse le même rayonnement que sous ATT ?
J’ai dit tantôt que le président ATT aimait expliquer le sens de son action. Il partageait ainsi son expérience des choses, mais il n’était pas un donneur de leçons.
Réalisé par El Hadj A.B AIDARA
Lieutenant Mahamadou Fomba et lieutenant Baye Singaré :
Les “béquilles” d’ATT
Dans leur rôle de vigie fidèle, ils ont suivi le président ATT dans tout son parcours avec abnégation, passion, dévouement et l’amour pour l’homme de vertu qu’il a été. Au service à ses côtés depuis avant mars 1991 jusqu’à sa mort en Turquie, où il a été douloureusement arraché à sa famille à la suite d’une courte maladie, les deux hommes n’ont manqué aucun moment important de sa vie.
La famille, les proches ne tarissent jamais d’éloges et de gratitude à leur endroit. En leur compagnie, ATT passait son activité favorite, c’est-à-dire le sport, au pays de la Teranga sénégalaise dans une salle de gym discrète à Dakar. Ils étaient partout avec lui comme ses béquilles et sans manquer un seul instant à leur devoir d’hommes loyaux et de confiance. Qu’ils en soient fortement remerciés.