– “Grâce à ATT, toutes les institutions de la République sont bien logées”
A quelques jours de la commémoration du 4e anniversaire de la disparition de l’ancien président de la République, le général Amadou Toumani Touré, Madou Diarra, ancien responsable du desk sport du quotidien national “L’Essor“ et proche ami du défunt, nous a accordé un entretien dans lequel il nous parle des souvenirs qu’il garde de son ami, de ses réalisations qui retient le plus son attention et le message qu’il livre aux hommes politiques afin que le Mali connaisse le même rayonnement que sous ATT.
Aujourd’hui-Mali : Quatre ans après la disparition de feu le général Amadou Toumani Touré, quel souvenir gardez-vous de l’illustre disparu ?
Madou Diarra : Parler de lui est très difficile, mais ce que je peux dire c’est que le président ATT était un homme noble et humble au vrai sens du mot. Toute sa vie, il n’a jamais porté préjudice à quelqu’un. Au point qu’un jour un de nos camarades lui a dit au camp para de Djicoroni qu’il n’est pas un vrai commando parachutiste, parce que le commando n’a pas pitié. Pour lui, la pitié qui animait le général ATT n’est pas le caractère d’un commando parachutiste.
Quelle réalisation du président ATT retient le plus votre attention ?
Il y en a plusieurs, mais comme je suis à la retraite, je dirais la mensualisation des pensions de retraite. Un jour, lorsque je bavardais avec lui, il m’a dit que l’Assurance maladie obligatoire (Amo) est la meilleure réalisation de son mandat.
Par rapport aux infrastructures, cela était dans son Programme de développement économique et social (PDES). Il a voulu que toutes les villes du Mali soient reliées les unes aux autres. Pour cela, il a pris un bon Premier ministre en la personne d’Ousmane Issoufi Maïga qui a réalisé la majeure partie de toutes les grandes infrastructures qui existent au Mali. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il y a une institution qui n’est pas bien logée.
De la Cour suprême au Bureau du Vérificateur général, en passant par la Cour d’appel et surtout les grands hôpitaux. Il y a quelques années, plus précisément en 2008, un médecin expatrié blanc avait écrit un document, dans lequel il avait mentionné que depuis l’indépendance jusqu’à l’avènement de la démocratie, le Mali n’avait pas construit un seul hôpital. Alors, pour résoudre ce problème, le président ATT a entamé la construction de l’hôpital de Sikasso.
Les ressortissants de la sous-région notamment du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire venaient se soigner dans cet hôpital. Après cela, il a continué à construire des hôpitaux partout au Mali et le dernier hôpital a été l’Hôpital du Mali que la Chine nous a offert gracieusement. Il faut reconnaitre que le président ATT a obtenu de nos partenaires.
En 2004, lorsque le général ATT est parti en Chine en visite officielle, le président chinois d’alors Hu Jintao lui a demandé ce qu’il voulait. ATT lui a répondu que Bamako, la capitale du Mali s’accroit et il avait besoin d’un pont pour désengorger la ville. Un mois après, l’ambassadeur de la Chine au Mali de l’époque a demandé une audience à ATT pour annoncer que le président Hu Jintao a accepté de construire le 3è Pont du Mali et qu’il sera à Bamako pour la pose de la première pierre.
Quelques semaines après, le président chinois est venu au Mali pour la pose de la première pierre du 3è Pont de Bamako qui valait à l’époque 37 milliards de F CFA. Le président ATT a obtenu beaucoup de choses de ses partenaires parce qu’ils ont vu en lui un homme engagé pour son pays. Le mérite personnel d’ATT c’est parce qu’il a su maintenir les relations à un niveau où il attirait vraiment de sympathie.
Quel conseil donneriez-vous à la classe politique pour le Mali connaisse le même rayonnement que sous ATT ?
Je n’ai jamais fait de la politique et ATT aussi n’aimait pas la politique, mais il a vu qu’au pouvoir, il fallait compter avec les hommes politiques. Et il a compté avec chacun en son temps. Lorsque nous partons saluer les familles fondatrices et autres lors des fêtes, sur la route, lui et moi seuls dans la voiture échangions sur la vie de la nation. Au-delà de cela, il y a des hommes politiques qui ont été ingrats vis-à-vis de lui et dont je tairais les noms parce que l’ingratitude rattrape toujours celui qu’il la commet. Parmi tous ses ministres, il y a de Seydou Traoré, Dr. Badra Alou Makalou et Natié Pléah que j’ai jugés digne de sa confiance.
Votre mot de la fin ?
Pendant son exil au Sénégal, je me suis rendu à Dakar neuf fois durant les sept années qu’il a passées là-bas. Un jour, je lui ai dit que le Mali vient de perdre la moitié de son territoire et comment nous allons faire pour le récupérer. ATT m’a répondu que si nous voulons récupérer notre territoire, il fallait qu’on se batte pour cela. Voilà le seul mot qu’il m’a dit ce jour-là. Aujourd’hui, lorsque je vois que ces jeunes militaires, qui nous dirigent, ont pu réaliser cela, je ne peux vraiment pas mal parler d’eux.
Propos recueillis par Mahamadou Traoré
xxxx
Mangal Traore, ex-proche collaborateur :
“Ce que je sais d’ATT”
Plus proche collaborateur du président Amadou Toumani Touré lors de ses deux mandats à la tête du Mali, Mangal Traoré, haut magistrat, a accepté de nous parler de l’homme du 26-Mars. Un témoignage authentique, de haut vol.
“Ce fut pour moi un honneur insigne de servir aux côtés du président ATT pendant toute la durée de son mandat à la tête de notre pays, de 2002 à 2012. L’un des souvenirs qui me marquent le plus, ce sont les visites qu’il effectuait à Mopti. Le président ATT avait coutume de déserter sa résidence officielle au niveau du gouvernorat pour se retrouver sous le toit de la concession familiale à Wayinkoré, 1er quartier qu’on appelle communément Komoguel.
Il se retrouvait là-bas au clair de lune avec ses amis d’enfance qui venaient de tous les milieux socioprofessionnels. Il restait causer jusqu’à des heures tardives avant de rentrer à sa résidence officielle. C’est une image qui illustre mieux que tout l’homme tel qu’il était avec toute l’humilité qui l’a caractérisé pendant son mandat à la tête de notre pays.
En ce qui concerne le bilan global qu’on peut tirer de son passage à la tête du Mali, l’Histoire retiendra les deux images qu’on a toujours données du président ATT ; à savoir que c’est lui le Soldat de la démocratie grâce à qui notre pays a connu la démocratie. C’est extrêmement important dans un premier temps.
Mais également, ce qu’on retiendra de lui, c’est le bâtisseur, qui a ouvert des chantiers immenses dans notre pays dans divers domaines. Je parlerai du désenclavement intérieur et extérieur du pays ; des logements sociaux, de l’Assurance maladie obligatoire, des universités. Il a su donner un visage très attrayant à notre pays au point que le Mali était un point d’attraction incontestable dans la sous-région.
A l’époque, tous les présidents des pays voisins et même en Afrique centrale ne manquaient pas de dire que le président ATT avait su façonner positivement le visage de notre pays et surtout la capitale Bamako. Ce que je peux également retenir c’est qu’en tant que chef d’Etat, il a été la deuxième victime de la déflagration qui est intervenue en Libye après le président Kadhafi. Cela est aussi important à souligner. Il a été un précurseur parce qu’il a été le tout premier chef d’Etat à dire à l’époque que nous faisons face à une guerre qui nous est imposée.
Ce ne sont pas des interprétations. Je crois que c’est une évidence. Il a été aussi le tout premier chef d’Etat à dire qu’aucun pays de la sous-région ne peut répondre seul à la menace du terrorisme et qu’il faut une mutualisation des moyens et des intelligences pour combattre ce phénomène. Je pense que le G5-Sahel lui a donné raison. Même présentement, je crois qu’il y a d’autres configurations qui existent dans la sous-région, l’AES pour en citer, qui lui donnent raison. Là aussi ce ne sont pas des interprétations, ce sont des évidences.
Le conseil que je voudrais donner à la classe politique c’est que ATT a su tracer un chemin pour inspirer la classe politique de notre pays, à savoir qu’il faut beaucoup d’écoute, de compréhension et d’humilité si on veut que notre pays puisse effectivement occuper toute sa place dans le concert des nations parce que c’est un chef d’Etat qui avait réussi le tour de force de réunir des héritiers qui étaient à priori inconciliables.
Quand je pense aux héritiers de Fily Dabo, de Modibo Kéita, du général Moussa Traoré ou aux héritiers du Mouvement démocratique, il avait su faire en sorte que chaque Malien, dans son domaine, homme ou femme, puisse apporter sa pierre à l’édification de notre pays. Je pense que ça c’est un message que l’on peut porter que le président ATT n’est qu’à la prospérité. Ce n’est pas un modèle parfait, j’en suis pleinement conscient et je pense qu’il faut certainement tirer les leçons aussi des limites de ce modèle.
Je peux dire que nos pays ont besoin qu’on se donne la main, aller au-delà des clivages des politiques politiciennes, avoir un idéal pour que notre pays puisse jouer toute sa partition dans le concert des nations. Voilà ce que j’avais à dire sur le président ATT”.
Témoignage de Cheikhna Hamalah Sylla (directeur de publication du journal L’AUBE) : “ATT ne respirait que pour le Mali !”
D’entrée de jeu, pour cet délicat exercice de témoignage auquel me soumet Aujourd’hui-Mali, je tiens à remercier votre journal qui m’offre ses colonnes en me donnant l’opportunité d’apporter un précieux témoignage sur un homme exceptionnel : lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, jeune officier de 43 ans, auteur de la déposition dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 du général d’armée Moussa Traoré, alors président de la République et secrétaire général du parti unique dénommé Union démocratique du peuple malien (ex-UDPM).
Amadou Toumani Touré est ainsi entré dans l’histoire par fracas avant d’être arraché à notre affection le mardi 10 novembre 2020.
Témoigner sur l’homme ATT est une sinécure tant il a marqué son temps, et de son empreinte le Mali nouveau, né sous ses flancs avec la première Constitution démocratique du pays, adoptée par référendum le 12 janvier 1992 et promulguée le 25 février 1992. La page de 23 ans de régime CMLN-UDPM monopartisan et autocratique venait d’être ainsi définitivement tournée. Cette douloureuse expérience du monopartisme, ATT l’a vécue sous les ordres et le drapeau dans le camp du 33e Régiment des commandos parachutistes appelés aussi les bérets rouges de Djicoroni-Para. De lieutenant instructeur à capitaine, le jeune officier se verra propulser finalement commandant du 33e Régiment des commandos parachutistes en 1984.
Après avoir commencé sa carrière militaire au début des années 70 en intégrant l’Ecole interarmes de Kati, le natif de Mopti un certain 4 novembre 1948 va rapidement gravir les échelons au sein de l’Armée malienne. Il effectuera plusieurs stages en Russie (ex-URSS) et en France, avant d’être chargé de l’unité du bataillon pour la sécurisation du Palais de Koulouba.
Jamais Malien n’oubliera ce moment fusionnel avec le peuple martyr ce 26 mars 1991 à la Bourse du travail, entouré des co-auteurs du putsch militaire, ATT au centre, tout souriant. Une image qui l’a porté dans le cœur des Maliennes et des Maliens et au-delà de ses compatriotes, dans le cœur des Africains du monde entier et des pays africains où il avait été en mission comme au Congo, au Rwanda et en République centrafricaine.
Un sourire ineffable auquel il nous a familiarisé à le voir ainsi paraître, tout le temps, sous son meilleur jour, paré de beaux boubous qui expriment toute sa dignité et sa fierté d’être Malien. L’un de nous, en compagnie de sa veuve estimée, Mme Touré Lobo Traoré, a servi ce pays avec passion, engagement résolu et foi inébranlable en notre devenir commun qu’il voyait radieux.
Ce jour inoubliable de mars 1991, allait sceller le destin d’Amadou Toumani Touré avec le monde politique. En effet, après les chaudes et sanglantes journées de répression des manifestants par les FDS, ATT, accompagné de ses éléments, prit ses responsabilités historiques et prononça ces mots qui permettront d’arrêter l’hémorragie causée par les émeutes qui ont mené au coup d’Etat contre Moussa Traoré : “Monsieur le président, pour votre propre sécurité, considérez-vous en état d’arrestation”.
Ainsi il fut installé à la tête de la Transition et chef de l’Etat en dirigeant le gouvernement sous sa présidence et le contrôle de l’instance législative mise en place, le Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP). Durant une courte transition de 14 mois, il décréta d’aller vite en impulsant des réformes nécessaires en profondeur en tant que chef de l’Etat. C’est avec lui que l’éveil des consciences pour la démocratie devint une réalité. Pendant la Transition démocratique sous ATT le Mali a connu la liberté d’expression avec le slogan et expression favorite de l’homme – “C’est normal il faut le dire” -, a vécu la Conférence nationale, a organisé les premières élections démocratiques postindépendance, a signé le Pacte national pour la paix au nord et on a participé au référendum sur l’adoption de la Constitution de la IIIe République.
Après la tenue de l’élection présidentielle d’avril 1992, ATT avait estimé avoir terminé sa mission. Après 439 jours de transition, le 8 juin 1992, il effectue la première passation démocratique du pouvoir au Mali en installant le premier président démocratiquement élu du Mali dans ses fonctions.
Ce fut Alpha Oumar Konaré (1992-2002). Le 1er septembre 2001, ATT demande et obtient sa mise à la retraite anticipée de l’Armée. Il décide de se lancer dans la vie politique en posant sa candidature pour l’élection présidentielle de 2002. Il est élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire, feu Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances sous Alpha, obtient 35,65 % des voix. Ce que ce rappel sommaire induit c’est de dire qu’il n’est pas chose aisée que de rendre un témoignage sur ce grand frère, dont le souvenir encore frais qui me lie à lui témoigne de ce que nos esprits étaient d’accord sur tout et sur l’essentiel : l’alliance à plaisanterie. Je garde encore en mémoire ces scènes suffisamment protocolaires où lui seul pouvait se frayer un chemin et palabrer librement avec pédagogie en face de son vis-à-vis. Affable, léger comme un vent, sincère, affectif et généreux comme tout, certaines de ses actions restent gravées à vie.
Je me contenterai ici de vous gratifier de certaines. Je confesse celle-ci, parmi tant d’autres qui permettent de se faire une opinion fidèle de l’homme et sur son degré d’attachement au Mali.
Une semaine avant le putsch de la bande à Sanogo, qui mit fin temporairement à la tradition de transmission du pouvoir le 8 juin de chaque élection présidentielle, il me reçoit à Koulouba. A l’époque, la crise sécuritaire au Nord et la situation politique à Bamako se dégradaient, par l’ingérence de mains invisibles de gens de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Malgré tout, ATT gardait l’espoir de redresser la situation. Malgré un état physique visiblement éprouvé à cause de l’enchaînement des événements, il était à son poste pour tenter de sauver le pays.
“Ecoute Cheickna, tout ça fait partie de l’exercice du pouvoir. Il y a des jours où ça va et des jours où c’est compliqué. Mais je demeure convaincu que le Mali s’en sortira… Les hommes passent mais le pays demeure”. Ce jour-là, quand on se quittait, je me suis subitement mis à rêver. Car le grand frère (c’est comme ça que je l’ai toujours appelé) m’avait transmis son optimisme au terme de nos échanges. ATT était comme ça jusqu’à son dernier souffle : un homme qui a eu toujours foi en le Mali.
Autres choses que je retiens du président ce sont nos causeries à Dakar en 2017 (souvent de 23 heures à 1 heure de la nuit). Malgré son exil au pays de la Teranga, ATT est resté foncièrement attaché au Maliba, son pays. Son seul souhait à l’époque était de rentrer au bercail au plus vite. Le 15 décembre 2019, une foule immense l’accueille avec respect et considération par reconnaissance de toute la nation.
Le souvenir le plus marquant dans nos relations et que je garderai toujours c’est cette dernière rencontre que nous avons eue le 8 novembre 2020, soit 48 heures seulement avant son décès et quelques heures avant son départ à Istanbul (Turquie), où il a trouvé la mort.
Ce samedi 8 novembre d’alors, vers les coups de 17 h, lorsque j’ai appelé un de ses gardes du corps pour lui faire part de mon désir de voir le grand frère, j’étais loin d’imaginer que c’était pour des adieux définitifs. Immédiatement, le président m’a demandé de passer à sa résidence. Arrivé sur place, j’ai trouvé un homme qui m’a accueilli avec un large sourire. Comme à son habitude, ATT engagea directement la conversation et se mit à me parler de l’actualité brûlante qui ne l’aura décidément jamais quitté d’esprit.
Le Mali, la transition, certains acteurs militaires de la Transition qu’il a connus dès leur bas âge… ATT, fidèle à ses habitudes, se préoccupait toujours plus du Mali que de sa propre santé. Comme d’habitude, à chaque rencontre, il me rassura sur sa propre personne. Comme à son accoutumée, ce jour-là aussi, il m’a encore communiqué sa chaleur et son optimisme. En le quittant il m’a lancé un dernier ceci : “Cheickna, je vais ce soir… A mon retour on se reverra. À l’hôpital Le Luxembourg les jeunes ont déjà fait un travail remarquable je me sens bien…”. Sur ce ton ricaneur qui lui est bien propre, on se quitta sans plus jamais se revoir !
De l’homme ATT, je retiendrai trois choses : son grand patriotisme, sa modestie et son humanisme et réhumanisant de l’humour (par alliance à plaisanterie). Jusqu’à son dernier souffle de vie, cet homme à la présidence atypique après trois prédécesseurs tout aussi atypiques, a toujours respiré pour le Mali. Le 17 novembre 2020, la nation entière lui rend un dernier hommage digne de son rang avant de l’accompagner à sa dernière demeure au cimetière de Hamdallaye où il repose désormais.
Enfin, en guise de témoignage bis, je citerais un compatriote avec qui j’échange souvent qui me confia qu’“ATT est venu à la tête du Mali trop tôt et ATT l’a quitté trop tôt”. Cependant, les multiples œuvres qu’il a laissées sont là pour l’éternité. Repose en paix, parent affable, généreux et courtois avec tous. Que Dieu veille sur ton Mali !
XXX
Témoignage de Nouhoum Togo sur ATT
“J’ai rarement vu un homme à ce niveau de responsabilité qui baisse la tête pour discuter avec quelqu’un “
Dans le cadre des activités commémoratives des quatre ans de la disparition de l’ancien président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, nous avons réalisé une interview avec l’un des plus proches collaborateurs de l’illustre disparu, Nouhoum Togo, président de l’Union pour la sauvegarde de la République (USR).
Aujourd’hui-Mali : Quatre ans après la disparition de ATT quel souvenir gardez-vous de l’illustre défunt ?
Nouhoum Togo : La disparition du président Amadou Toumani Touré me rappelle beaucoup de souvenirs. D’abord, j’ai remarqué que malgré son statut de président de la République, il baisse toujours la tête lorsque l’on discute lui. J’ai rarement vu un homme à un tel niveau de responsabilité qui basse la tête pour discuter avec quelqu’un.
Le deuxième souvenir qui me vient en tête c’est son humilité. Pour preuve, un jour il est allé rencontrer des malades de la lèpre où il a serré la main de certains parmi eux. A son retour à la maison, son épouse lui a dit de se laver les mains avec du savon avant de manger et il l’a répondu que ces malades sont les parents des officiers et sous-officiers qu’il a commandés par le passé. Troisième chose que je peux retenir du président ATT, c’est l’histoire d’une dame qui était dans la foule qui tentait par tous les moyens pour que le président puisse prendre son enfant. Les gardes du corps l’en empêchaient et finalement, la bonne dame a été obligé de balancer son enfant qui a été aussitôt récupéré par ATT. Cette réaction m’a beaucoup marqué. Je garde de lui un homme modeste, complément désintéressé par le bien matériel, un patriote qui était à l’écoute de tout le monde quel que soit le rang.
Quel bilan global faites-vous de son règne à la tête de l’État ?
On ne peut pas citer toutes les réalisations du président ATT. Mais je peux vous en citer certaines. Au niveau de la réalisation des infrastructures routières, il n’y a pas de président qui a réalisé plus de routes que le président ATT. A titre d’exemple, la construction de la route deux fois deux voies reliant Bamako-Ségou, la route Gao-Niger, la route Bamako-Kayes. Il n’y a pas de région administrative au Mali où le président ATT n’a pas réalisé de goudron. Autres réalisations, la rénovation de l’Aéroport, la construction des échangeurs, la construction du troisième pont de Bamako.
Dans le domaine de la santé, il a rendu la césarienne gratuite afin d’aider les femmes ainsi que la prise en charge gratuite du traitement du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans, la construction des centres de santé communautaire, la construction de l’hôpital du Mali, la construction de l’hôpital de Mopti, la rénovation et l’équipement des hôpitaux de toutes les régions du Mali.
Dans le domaine de la solidarité, il a initié et mis en place l’Assurance maladie obligatoire (AMO) qui profite aujourd’hui à l’ensemble des Maliens. Il également ramené le paiement de la pension des retraités de trois à un mois et sans se déplacer afin d’abréger la souffrance des personnes de troisième âge.
Dans le secteur de l’Agriculture, il a conçu la loi d’orientation agricole afin de valoriser le secteur. Il a aussi initié l’opération riz afin de permettre à notre pays d’assurer son autosuffisance alimentaire.
Sous ATT, nous n’avons connu de coupure d’électricité comme nous sommes en train de le vivre maintenant parce qu’il était doté d’une grande capacité d’anticipation. Avec ATT, nous avons pu réaliser les logements sociaux sur toute l’étendue du territoire national.
Au moment nous faisons la passation au niveau du ministère de la Défense avec le régime du président Alpha, il n’y avait qu’un seul 4×4 pour l’ensemble des chefs d’état-major. Nous avons été obligé d’initier un programme pour les doter en véhicules.
Il a aussi procédé à la réorganisation des forces de défense et de sécurité à travers la création de l’Etat-major général, l’achat des équipements pour l’armée, l’achat d’avions de combat pour l’armée de l’air, l’achat d’avion de commandement pour le président de la République.
Quel conseil donnez-vous à la classe politique pour que le Mali connaisse le même rayonnement que sous ATT ?
Je conseille à la classe politique de s’inspirer du président ATT qui était doté d’une forte capacité d’écoute et mettait en œuvre les déférentes propositions de ses interlocuteurs. Si nous voulons redorer l’image de la classe politique, il faut que celle-ci accepte de se remettre en cause surtout la gestion des trente dernières années des hommes politiques caractérisée par le népotisme, le clientélisme, le bradage des biens de l’Etat, la création des sociétés pour être des actionnaires sur le dos du peuple meurtri, la corruption.
Chacun fera ce qu’il peut aire. Car, les hommes passent mais le pays demeure. On fait son temps et on passe. Il est important que tout le monde retienne que nous serons rattrapés par tout ce que nous allons faire ans la gestion u pays.
Réalisée par Boubacar PAÏTAO
XXXX
Diarra Kadiatou Barry alias “Madame ATt”
“ATT fut un grand président, jovial, généreux et très attentif”
Un témoignage éloquent de la présidente de l’Association malienne des personnes de petite taille, qui entretenait des relations privilégiées avec le défunt président ATT.
Aujourd’hui-Mali : Quatre ans après la disparition du président ATT, quel souvenir gardez-vous de l’illustre défunt ?
Kadi Barry : Je prie tout d’abord pour le repos de l’âme. Qu’Allah SWT lui pardonne et lui réserve une place parmi ses élus au Paradis. Je garde le souvenir d’un grand homme, un grand président jovial, généreux et très attentif. Merci mon président, mon “Mari” pour tout ce que tu as fait pour le Mali, l’Afrique, le monde, pour les personnes vivant avec un handicap en général et pour les personnes de petite taille particulièrement et surtout ma modeste personne.
Quel bilan global faites-vous de son règne à la tête de l’Etat ?
Je peux dire sans risque de me tromper que le bilan du président Amadou Toumani Touré dans l’ensemble est positif.
Quelle réalisation d’ATT retient le plus votre attention ?
Le président Amadou Toumani Touré a fait beaucoup de réalisations au Mali. Parmi ces réalisations, je peux dire que deux retiennent toujours mon attention à savoir l’Assurance maladie obligatoire (Amo) et les logements sociaux “ATT-bougou”. Ces deux réalisations ont largement et dignement soulagé la plupart des Maliennes et des Maliens.
Quel conseil donneriez-vous à la classe politique pour que le Mali renoue avec le même rayonnement que sous ATT ?
Merci pour la question. Je ne suis pas politique, mais je retiens d’ATT cette philosophie “Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise”. Nous avons le Mali en commun et le Mali ne sera que ce que nous voulons qu’il soit. Le président ATT était un rassembleur. Il avait le Mali dans son cœur et dans son esprit. Il a toujours travaillé pour le bonheur du Mali et du peuple malien. Son exemple doit être compris et suivi par les Maliens de tous bords pour le grand intérêt de tout le Mali.
Réalisé par El Hadj A.B. HAÏDARA
XXXX
Kader Maïga, ancien conseiller en communication d’ATT :
“ATT fut un homme de paix, de dialogue, un bâtisseur, un rassembleur, un humaniste…”
Permettez-moi de m’incliner devant la mémoire de tous nos disparus, qu’ils soient civils ou militaires pour la défense de la patrie. Que Dieu les accueille dans son Paradis. Je prie pour le repos éternel de leur âme. Que l’âme d’ATT repose en paix. Je ne voudrais pas m’exprimer en de telles circonstances sur la vie du président ATT. Cependant, tout le monde sait au Mali que ATT a été un homme de paix, un homme de dialogue, un bâtisseur, un rassembleur, un humaniste, un homme sensible aux problèmes des individus et des communautés.
Nous allons encore penser à lui en parcourant notre pays sur tous les plans. Le bilan d’ATT, nous allons passer un bon moment en train d’en parler. La modernisation de notre pays à travers les infrastructures scolaires, routières, hospitalières, les bâtiments, les équipements militaires, aéroportuaires, agricoles, entre autres, sont visibles sur l’ensemble du territoire national. Alatona, Macina, Terminal Bamako-Sénou, Pont Wabaria, 3e Pont, les routes de Kayes, Kéniéba, Yanfolila, Ségou, les facultés, l’Université, les grands bâtiments administratifs, la 3e Sucrerie, le renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale, la Loi de programmation militaire, l’Amo, le consensus, etc. Ce qui a retenu mon attention, c’est surtout l’Amo. Faites un tour dans les hôpitaux et les centres de santé, vous verrez bien ! Le conseil à donner, aujourd’hui, pour notre pays, allons pour la paix, la réconciliation, le savoir vivre et la cohésion sociale”.