Pour une des rares fois, Me Mountaga Tall parle du Parena, le parti du bélier blanc créé par ses anciens camarades en 1995, et avec lesquels il a aujourd’hui « les meilleures relations ». Cependant, il lève un coin du voile sur une page de l’histoire, qui semble rester sans ride depuis 30 ans, non pas qu’il en garde les meilleurs souvenirs, ou qu’il en soit nostalgique, mais « l’histoire est l’histoire, elle doit être restituée ». Le CNID est le parti qui a eu « le moins de désertion et qui a eu le plus de stabilité au Mali dans la durée », selon Me Mountaga Tall, qui affirme être en première ligne, sur le pont, depuis 32 ans de vie politique.
Sur la scène politique malienne, Me Mountaga Tall parait pour un homme politique des plus fiers de leur parti. Entre lui et les membres du CNID Faso Yiriwa Ton, les liens ne se limitent pas à une simple question de stratégie de conquête du pouvoir, mais ils incluent aussi des relations sociales sans lesquelles aucun groupe n’est viable dans la durée, une cordialité qui permet au parti de surmonter les épreuves, les tempêtes les plus mouvementées. « Les militants viennent de me rendre justice. J’ai demandé depuis sept ans, à ce qu’on me libère de mes charges de président du parti. Je pense que le CNID m’a tout donné, il était temps pour moi de leur dire merci et de faire autre chose », a déclaré Me Mountaga Tall, président du CNID FYT, lors d’une interview accordée aux confrères du Renouveau TV, et dont il a posté un passage sur sa page X.
Selon Me Mountaga Tall, le jour où il a annoncé publiquement, l’éventualité de son départ à la tête du parti, « il y a eu beaucoup de personnes qui ont perdu connaissance, des pleurs, des cris. On a dit non, il n’en sera pas ainsi. Cette justice me suffit », témoigne le président du parti du soleil levant. Ainsi dit-il avec assurance, du haut de ses 32 ans de vie politique, « Je réponds du CNID, je réponds de Mountaga Tall. Si pendant ce parcours de 32 ans on m’apporte la preuve que sur le plan éthique, sur le plan moral, sur le plan de la gestion, j’ai fauté une fois, je quitte la scène politique ». Ce n’est pas la première fois que Me Mountaga Tall défie ainsi sur sa gestion des affaires publiques, témoignant sa transparence. Il a lancé le défi en 2022, lorsqu’une équipe du journal Le Républicain l’avait interviewé à son cabinet au quartier du fleuve, et l’a réitéré lors d’une présentation de ses vœux à la presse en 2023, à la maison de la presse, sans jamais rencontrer de ton discordant. Il s’en frotte les mains de reconnaissance et de réconfort personnel, « Ce n’est pas facile à dire ça, 32 ans de vie politique, sur le pont, en première ligne. Parce que depuis 32 ans je suis en première ligne, soit pour contester, soit pour contribuer », rappelle -t-il.
Parlant de stabilité du CNID alors que la plupart des grands partis politiques au Mali ont connu des fortunes diverses, Me Mountaga Tall estime que « Le CNID est le parti qui a eu le moins de désertion et qui a eu le plus de stabilité au Mali dans la durée ». Difficile de le démentir, quand on sait que le plus grand parti aux élections de 1992, qui est l’Adema PASJ a connu plusieurs scissions en donnant naissance au MIRIA de feu Mamadou Lamine Traoré, de Mohamedoun Dicko, de Tiemoko Sangaré, de Mamadou Kassa Traoré ; à l’URD de feu Soumaïla Cissé ; à l’ASMA de feu Soumeylou Boubey Maïga. L’US-RDA, deuxième force politique, dont le candidat Tioulé Mamadou Konaté était au deuxième tour de la présidentielle de 1992 avec le candidat de l’ADEMA PASJ, Alpha Oumar Konaré, n’a pas tardé à voler en éclat donnant naissance au BDIA Faso Jigi.
Quand au CNID FYT, après l’épisode des « dix », qui a vu le départ après un procès perdu de Tiebilé Dramé, Me Amidou Diabaté, le Professeur Yoro Diakité, Djiguiba Kéita PPR, Bintou Maïga, Konimba Sidibé, feu Idrissa Diakité, pour créer le Parena, il y a eu les vagues de départ des Mamadou Simaga, Me Demba Traoré, Madani Tall etc, qui ne sont pas allés créer un nouveau parti.
Revenant sur l’épisode du départ de « les dix » du CNID, Me Mountaga Tall témoigne : « Nous avons connu une crise en 1994, de cette crise est né un parti qui s’appelle le Parena, qui nous a attaqué en justice, et la justice a dit, nous vous interdisons à vous d’utiliser le nom du CNID, son sigle, son drapeau etc, parce que vous êtes en faute. C’est ainsi que ceux qu’on appelait à l’époque les dix ont créé le Parena », a rappelé celui qui a présidé la première organisation associative politique, le CNID Faso Danbé pour l’ouverture démocratique au Mali. Selon lui, du Parena sont issus tous les autres partis, que l’on impute à des scissions au CNID. C’est le cas du parti Baara du Professeur Yoro Diakité, premier président du Parena ; le MODEC de Dr. Konimba Sidibé. Ces derniers partis, Baara et MODEC, ne sont pas directement issus du CNID, mais bien de scissions du Parena. Cependant, l’imagination populaire ne veut rien entendre, ces partis sont issus du Parena, qui est issu du CNID. Me Mountaga Tall refuse d’en porter le chapeau, « Non, nous n’avons rien à faire, nous sommes restés stables et constant », conclut l’avocat Me Mountaga Tall.