Le président de l’ACRT « FASO KA WÉLÉ » et ancien membre influent du M5-RFP et du Conseil National de Transition, Issa Kaou N’Djim, a été interpellé ce matin à son domicile. «Des personnes en tenue civile sont venues le prendre», confient certains de ses proches.
Son interpellation intervient quelques jours après ses propos jugés « insultants » à l’encontre des autorités burkinabè lors d’une émission télévisée sur les antennes de Joliba TV news. «C’est un montage. Ce n’est pas un montage professionnel», avait-il déclaré, ajoutant que les autorités sont allées prendre leur propre argent dans la banque pour la diversion. «C’est pour détourner sur des vraies questions et se victimiser», pointe-t-il, estimant que ce scénario ne passe pas même au film western et qualifiant les tenants du pouvoir d’«Officiers subalternes».
Des propos désobligeants
«Le Burkina c’est un pays qui n’existe pratiquement pas en termes d’infrastructures de base. C’est le dernier pays de la sous-région en termes de revenus par habitant. C’est un pays où le taux d’analphabétisme est élevé. Comment? Qui a besoin de déstabiliser un pays qui n’est pas stable? Moi je pense qu’il faut qu’ils arrêtent de distraire le pays. Il ( le capitaine Ibrahim Traoré) se donne cinq ans sans élection : usurpation du pouvoir. Il n’est élu par personne. Même après ça il dit qu’il est candidat» avait-il déclaré, le 10 novembre dernier, au cours de l’émission, pointant du doigt «un système Stalinien».
Issa Kaou N’Djim se prononçait ainsi sur la énième tentative de déstabilisation du pouvoir en place au Burkina Faso avec une importante somme de 5 milliards de FCFA. Son avis a suscité la colère des autorités burkinabè qui se sont senties «insultées».
En effet, le 12 novembre 2024, le Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso a saisi la Haute Autorité de la Communication afin de se plaindre de la sortie de Issa Kaou Djim sur les antennes de Joliba TV news. Pour les autorités burkinabè, le commentaire de l’ancien N°10 du M5-RFP au sujet des 5 milliards est « désobligeant et à la limite insultant pour le peuple du Burkina Faso tendant à jeter du discret aux autorités».
Placement sous de dépôt en attendant son jugement
Au lendemain de la diffusion de cette lettre, Issa Kaou Djim a été interpellé, ce mercredi 13 novembre, à son domicile sis dans un quartier de Bamako. Est-ce que suite à la plainte du Burkina Faso ? En tout cas, l’un de ses proches estime que «Le Burkina n’a pas aimé ses propos».
Quelques heures après interpellation, il a été placé sous mandat de dépôt par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. «Il est accusé d’Offense commise publiquement envers un chef d’état étranger et injures commises par le biais d’un système d’information», selon une source. Son jugement est annoncé pour le 12 février 2025.
Issa Kao N’Djim, surnommé par certains « buveur de lait », multipliait ses derniers temps des sorties médiatiques pour s’exprimer sur des sujets d’actualité. Il faut rappeler qu’il a eu des antécédents judiciaires sous la transition. Il a été radié du Conseil National de Transition (CNT) après son dernier ennui judiciaire. Récemment, il a annoncé qu’il avait été, à plusieurs reprises, empêché de quitter le pays.