La reconquête de Kidal par les Forces armées maliennes (Fama), le 13 novembre 2023, a été saluée par l’ensemble des populations maliennes, plusieurs pays amis du Mali et des organisations. Principalement le Burkina Faso et le Niger, qui ont apporté un soutien logistique symbolique. Ces deux pays, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), partagent désormais l’objectif de neutraliser toutes les factions terroristes des groupes armés rebelle du Nord, dans le bassin du Liptako-Gourma, le bassin de Taoudéni, à l’ouest et au centre du Mali.
La célébration du premier anniversaire de la reprise de Kidal par les autorités maliennes a été marquée par plusieurs événements et manifestations. Autour d’un dîner symbolique dans les jardins de son département, madame la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a réuni le représentant du chef d’État-major Général des Armées et le ministre de la Refondation, Ibrahim Ikassa Maïga. L’occasion a été mise à profit pour rendre hommages aux Forces de Défense et de Sécurité pour leur rôle dans la libération de la ville de Kidal. Mme Sissoko a souligné l’importance de cette journée pour le développement de la région et l’unité nationale. Quant au ministre de la Refondation, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga, il s’est réjoui de participer à la commémoration de cette journée historique. Selon lui, le Mali a été définitivement libéré du joug de l’enclave d’une puissance impérialiste. «Nous étions dans l’enclave d’une puissance étrangère à Kidal. Le changement voulu par le peuple malien est amorcé et s’est exprimé fortement à travers la reprise de Kidal. Sans la reconstruction des Forces de Défense et de Sécurité à travers des armements lourds et de tous calibres, nous ne pouvions pas arriver à cela. Mais, sans aussi la reconquête de notre souveraineté à travers la diplomatie qui est montée en force, nous ne pouvions pas chasser les forces d’occupation qui sont les parrains et les sponsors des forces rebelles, terroristes, djihadistes et narcotrafiquants», a-t-il expliqué. Toujours selon lui, avec cette journée de la libération nationale de Kidal, la refondation est en marche et le ministère des Transports et des Infrastructures y participe activement à travers des initiatives.
La reprise de Kidal par l’armée malienne a eu des répercussions sur tout le dispositif de reconquête mis en place avec l’opération Kélétigui dont ce fut l’une des grandes misions. Dans cette ville désertique du nord de notre pays, à environ 285 km au nord-est de Gao, les populations qui occupent une superficie de 9,913 km², font à peu près 25.617 habitants. Très peu peuplée, Kidal a été un point de friction important lors des différents soulèvements de la rébellion touarègue. Le conflit armé y est quasi permanent depuis 2006 jusqu’à tout récemment, en novembre 2023, lorsque les Forces Armées maliennes se sont emparés de la localité. Auparavant, depuis mars 2012, la ville était otage du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla). En janvier 2013, avec l’opération Serval, es forces françaises et maliennes avaient repris la ville. Cependant, en mai 2014, les forces maliennes ont été repoussées par le Mnla et ses alliés du Csp qui y avaient établi leur siège avec la bénédiction des forces françaises de l’opération Barkhane qui a succédé à Serval. Les groupes séparatistes ont eu le temps de se recomposer et dominaient dans la ville depuis 2014. Un réel problème de souveraineté s’était posé au Mali. Mais, le 13 novembre 2023, l’armée malienne a informé qu’elle avait récupéré Kidal. Cette ville, symbole de l’insubordination, a longtemps été le creuset des insurrections des indépendantistes séparatistes et derrière lesquelles la main des autorités algériennes a toujours été aperçue. C’est sûr que le succès des Fama a pour conséquence de mettre un terme à cette influence algérienne qui n’était que série d’ingérence et velléités de domination sur les groupes armés terroristes.
ALiesse populaire
Déjà, cette reprise de la ville de Kidal a permis aux Maliens de sortir de leur torpeur en accueillant la reconquête de Kidal par une liesse populaire et un soutien acquis aux militaires au pouvoir. Les déclarations qui ont suivi ont exprimé avec fermeté la détermination des Fama de se porter garantes de cette reprise et contrôle de la ville, jusque occupée par les groupes rebelles à dominante touareg depuis la remise des clés du gouvernorat par la Minusma et le président mauritanien Abdel Aziz aux représentants du Mnla et du Csp, sous prétexte d’avoir réussi à en chasser l’armée en 2014.
Pour toutes ces raisons, la reprise de la ville de Kidal demeure un choix stratégique et tactique qui a ses prolongements dans la bataille de Tinzaouatin au mois de juillet dernier. Après avoir combattu et neutralisé les groupes armées terroristes et de leurs chefs, l’armée n’a de cesse d’améliorer ses positions sur plusieurs étendues du territoire.
De Bamako à Kayes (ouest) les habitants sont sortis nombreux à célébrer la victoire de l’armée à Kidal, et depuis, les chroniqueurs du pays n’ont de cesse de relayer les faits d’armes et de ratissage des Fama avec des images à l’appui qui sont partagées sur les réseaux sociaux, malgré qu’il soit extrêmement difficile de recouper et vérifier les informations recueillies sur place, sans l’aide du Dirpa. Par contre, on peut dire sans hésitation que cette reprise a marqué une étape importante dans la lutte pour la souveraineté territoriale du Mali. Les Forces armées maliennes, avec le soutien des instructeurs russes, ont réussi à reprendre le contrôle de Kidal après plusieurs jours de combats contre les rebelles armés du Cadre stratégique permanent (Csp-Psd). Ce qui ne veut pas dire que Kidal est devenue une zone assez sécurisée pour voyager l’esprit tranquille, car la situation sécuritaire, comme le rappelle le Général Gamou, actuel Gouverneur installé et représentant effectif de l’État malien. En raison de la présence de groupuscules armés et de la lutte continue contre les bandits armés, agresseurs de convois de voyageurs et coupeurs de routes dans les régions du centre et du nord, l’insécurité est encore présente, malgré que la Minusma fût là et bien qu’elle soit partie, parce que les Nations Unies n’étaient pas armées des meilleures intentions pour venir au Mali œuvrer au maintien de la paix et à la stabilisation par éradication des conditions sécuritaires précaires. Aujourd’hui, les Maliens peuvent aller à Kidal, mais en faisant preuve de prudence ou d’éviter les déplacements non essentiels entre Gao et Kidal dans la région. Il est donc crucial, pour des raisons professionnelles ou humanitaires, de consulter les autorités locales et de suivre les recommandations de sécurité qu’elles fournissent. Les titres des journaux ont glorifié la victoire de l’armée. Le Mali est en pleine tourmente depuis le début des insurrections salafistes dans le nord en 2012. Des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI) opèrent dans le pays, qui fait également face au banditisme. Les groupes séparatistes dominés par les Touaregs ont accepté un cessez-le-feu et un accord de paix en 2014 et 2015, mais ont repris les armes en août. Après avoir perdu Kidal, ils ont juré que le combat continuerait.
Présence des FAMa
Le Mali est également confronté à une crise politique, après deux coups d’État consécutifs en 2020 et 2021. Avec l’anniversaire de l’An I de la reconquête de Kidal, l’avenir nous dira si les Fama sont enfin devenues ces libérateurs que l’on espérait des opérations Serval, puis Minusma et Barkhane. Tous ces contingents militaires qui n’ont pas réussi en plusieurs années ce que les Fama ont opéré en quelques semaines après avoir lancé l’opération Kélétigui en octobre 2023, ont permis de revoir la situation insécuritaire de fond en comble.
D’abord la présence militaire : Les Fama continuent de maintenir une présence militaire à Kidal pour sécuriser la région et prévenir les attaques des groupes armés. Ensuite les conditions sécuritaires : la situation sécuritaire reste sous contrôle dans la localité, malgré quelques incidents sporadiques. Enfin, il y a l’impact sur la population. De nombreux habitants avaient fui la ville pendant les combats, mais beaucoup sont revenus après la reprise. Comme quoi, le contrôle du bastion rebelle de Kidal n’était pas une sinécure, et c’est ce qui donne raison à l’option militaire tous azimuts pour définitivement régler la question de la rébellion au nord du pays. Pour que les habitants soient fiers de leur armée, jusqu’alors interdite de séjour dans cette zone, il a fallu que les autorités de la Transition mettent fin à l’accord d’Alger et réduire la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) à sa plus simple expression. Cette alliance hétéroclite groupes armés terroristes et de rebelles touaregs, dominait sur toute la zone et maintenait Kidal sous ses ordres. C’est pourquoi la reprise de Kidal a des saveurs de libération nationale. « Maintenant, nous sommes libres », a lancé un des habitants de la ville au moment des faits. Un autre a précisé à la presse que c’est un « pas décisif dans la reconquête de l’intégrité du territoire national » et a qualifié la reprise de Kidal d’ « événement historique». Le général de brigade Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation et porte-parole du gouvernement, dira quant à lui, que : «Malgré les couacs, les trahisons, les complots et les prévisions fantaisistes, nos vaillantes forces armées et de sécurité ont atteint leurs objectifs et le Mali est et restera un et indivisible». Par la diversité de ses langues et la richesse de sa culture, l’attention portée au Mali par la communauté internationale a fait de Kidal une pomme de discorde politique et un fonds de commerce pour des prédateurs politiques qui se disent opposants au régime de la transition ou des démocrates avilis et honnis par une grande majorité de Maliens. De la sorte, on peut dire que la reprise de Kidal est une réponse ferme des autorités de la Transition à la communauté internationale qui ne leur donnait pas longue vie face aux terroristes et groupes armés rebelles. Un message clair que des pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger se sont appropriés pour diriger autrement leur pays à leur tour et en décidant de former l’AES avec le Mali. C’est ainsi qu’ils vont rompre avec la France dans leur coopération militaire et se tourner résolument vers la Russie, militairement plus coopérative. En plus de la quête permanente pour la souveraineté assurée de leurs pays respectifs, ces trois pays qui forment depuis le 16 septembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES), sont parvenus à mutualiser leur défense, leur diplomatie et leur économie actuellement, avec le plan d’action du 6 juillet 2024, est en train de leur appartenir intégralement. Dans cette voie, la réconciliation et la paix doivent être le moteur du retour à la situation normale faite de coexistence pacifique entre les communautés locales et les autorités maliennes installées dans ces localités. Cela est essentiel pour instaurer une paix durable. Les résultats restant à formaliser du dialogue inter Maliens sont là pour dorénavant faciliter les négociations inter communautaires des zones sensibles. De plus, il faudra que l’exploitation des ressources minières du pays puisse bénéficier à tous ses fils par le biais du développement économique endogène. En celle, la ville de Kidal et Tinzaouatin ne devraient pas être en reste. Car il est nécessaire d’y améliorer les conditions de vie des habitants et de réduire la dépendance à l’égard des groupes armés du territoire voisin : l’Algérie.
L’avenir de Kidal dépendra de la capacité du gouvernement malien à gérer les défis sécuritaires et à promouvoir la réconciliation et le développement. À ce titre, les autorités maliennes ont mis en avant la nécessité de travailler ensemble pour le développement et la stabilité du pays. Les célébrations de la reprise de Kidal et les discours officiels ont souligné l’importance de l’unité nationale et de la solidarité entre les différentes régions du Mali. Mais dans tout ça, ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont à saluer pour leur courage et leur dévouement dans la libération de Kidal. Car cela a renforcé la reconnaissance et la gratitude des populations envers nos soldats et leurs généraux. La célébration de l’An I de la reprise de Kidal a eu pour effet de marquer l’évènement par des appels à la réconciliation et au dialogue entre les différentes communautés. Ce qui a permis aux autorités maliennes de réaffirmer leur engagement à développer économiquement et socialement la région de Kidal et le reste du Mali.
En conclusion, la célébration de l’An I de la reprise de Kidal a été pour le Mali, un moment symbolique marqué par des messages forts sur l’unité, la reconnaissance envers les forces armées, l’engagement pour le développement et la promotion de la réconciliation. Il est clair que ces éléments seront essentiels pour l’avenir de Kidal et du Mali dans son ensemble.