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Célébration de la journée nationale des autorités et légitimités traditionnelles : Les autorités coutumières entre manipulation et ….
Publié le mardi 19 novembre 2024  |  L'alternance
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© aBamako.com par A S
Forum des leaders religieux et des notabilités traditionnelles
Le Forum régional sur la contribution des chefs religieux et des notabilités traditionnelles au retour de la paix t de la quiétude dans le delta intérieur et la boucle du Niger s`est tenue à Mopti les 4 et 5 Novembre 2017.
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Le 11 novembre est désormais consacré journée nationale des légitimités traditionnelles au Mali. Si cette initiative est salvatrice, car elle permet non seulement de mettre en valeur nos us et coutumes, de créer une certaine symbiose entre les autorités traditionnelles locales et celles nationales, mais aussi et surtout créer un cadre idoine leur permettant de prendre la parole afin d’informer l’opinion nationale des difficultés auxquelles les populations dans leurs localités respectives sont confrontées. Comment ne pas saluer une telle volonté des autorités nationales, mais à analyser de près cette initiative semble avoir d’autres arômes. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette rencontre des autorités traditionnelles a un relent purement politique et malheureusement, celles qui sont considérées à tort ou à raison comme des autorités morales ou encore les derniers remparts de la société, à savoir les autorités coutumières sont en train de mordre à l’hameçon du pouvoir. Elles auraient publiquement lancé un vibrant appel au Président de la transition de faire acte de candidature à la prochaine présidentielle, en violation des lois en vigueur au Mali et sans avoir mandat de leurs bases respectives, bref de leurs mandants. Toutes les digues morales ont- elles cédé au Mali par opportunisme ? Pourquoi les autorités et légitimités traditionnelles ont-elles agi de la sorte sans avoir mandat de leurs gouvernés en se prononçant sur une question qui ne relève que du droit et de la volonté personnelle ? Suivent-elles la serpente voie tracée par les délégués au Dialogue Inter maliens, DIM ?

La question que beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne se sont posés à la fin de la célébration de la journée des légitimités traditionnelles est celle de savoir comment avec un thème aussi important et revalorisant pour les autorités traditionnelles à savoir: « Rôle et responsabilités des autorités et légitimités traditionnelles dans la préservation et l’éducation aux valeurs socio-culturelles » nos légitimités traditionnelles censées être neutres et impartiales puissent mettre dans leur recommandation la candidature à la prochaine élection présidentielle du Président de la transition en violation de toutes les règles d’usage et de la loi en vigueur ? Par cet acte elles viennent non seulement de se décrédibiliser au sein de l’opinion, mais aussi prêter désormais les flancs aux critiques les plus acerbes, car désormais considérées comme des actrices politiques sans exclure un fort soupçon de manipulation voir de corruption par les autorités politiques. Cet acte comme d’ailleurs ceux nombreux et maladroitement posés par les délégués au Dialogue Inter maliens ont fini par convaincre qu’au Mali toutes les digues morales ont cédé et l’éthique, la dignité, l’honneur s’en trouvent fortement ébranlés. Les maliens n’ont que faire de ces valeurs qui ont fait pourtant la fierté de notre pays et ont été le fondement de la nation à laquelle on s’enorgueillit.


Nul ne pourrait remettre en cause le rôle combien de fois important que jouent les autorités et légitimités traditionnelles dans le maintien de la cohésion sociale, de la paix et du vivre ensemble dans nos villages, fractions et hameaux de culture et même à l’échelle nationale. Elles ont été au cœur de la résolution des conflits et le dernier rempart moral. Les autorités et légitimités traditionnelles sont le ciment de la société et sont gages de paix et de stabilité sociale. C’est pourquoi il est légitime, voire indispensable de leur consacrer une journée afin que les maliens modernes, les citadins et le reste du monde puissent comprendre le rôle qu’elles jouent non seulement dans la préservation des us et coutumes, qui sont des valeurs séculaires, mais aussi dans la consolidation de la cohésion sociale. Investies de cette belle et noble mission, au lieu de s’y conformer nos autorités et légitimités traditionnelles sont en train de sortir de ce cadre pour emprunter une dangereuse voie, celle de la politique. Cette voie est suicidaire, car si la politique au sens noble du terme est la gestion des affaires de la cité, cette première vocation a été dévoyée sous nos tropiques pour ne devenir qu’une course effrénée vers le gain facile et la défense sans vergogne des intérêts personnels égoïstes. En suscitant publiquement et ouvertement la candidature du Président de la tradition à la prochaine élection présidentielle et en se portant garant de cette candidature, les autorités et légitimités traditionnelles n’ont non seulement pas tiré des leçons d’un passé récent avec certains leaders religieux qui ont non seulement appelé à voter pour un candidat, en l’occurrence IBK, mais aussi qui ont transformé leurs mosquées en QG de campagne en 2013 avant d’en être lamentablement déçu. Le discrédit subi par l’Imam Dicko, puis que c’est de lui qu’il s’agit, tire sa source de ce choix hasardeux et inapproprié, inopportun. Par cet appel les autorités et légitimités traditionnelles vont prêter le flanc aux critiques, car leur acte est hautement politique et il sera traité comme tel. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les autorités et légitimités traditionnelles auteures de cet appel à candidature du Président de la Transition ont outrepassé leurs prérogatives. Elles n’ont aucun droit d’engager leurs populations sans mandat de celles-ci. Elles semblent se laisser manipuler pour servir d’escaliers au pouvoir. Qu’elles sachent que les conséquences d’une telle décision peuvent être très nombreuses à moyen et à long terme. Cette décision pourrait entamer la cohésion sociale, mettre en cause la légitimité du chef coutumier, son impartialité, sa neutralité. D’autres conséquences pourraient être l’affaiblissement de l’autorité des légitimités traditionnelles dont les critères de choix doivent désormais être interrogés en réformant pour instituer l’élection au suffrage universel des chefs et autorités traditionnelles.

En somme pour beaucoup d’analystes ce choix n’est nullement surprenant quand on sait le niveau de déliquescence de notre société. Qui manque de leadership éclairé affirmé et moralement irréprochable. Les distinctions décernées pour récompenser les maliens qui ont accompli des missions salvatrices pour le pays, distribuées à l’emporte-pièce sont également la preuve de la déliquescence de notre patrie.

Youssouf Sissoko

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