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Paludisme: un moustique venu d’Asie inquiète l’Afrique
Publié le mardi 19 novembre 2024  |  AFP
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© AFP par ARVIN RECINOS
Le virus du Zika se transmet par les moustiques du types Aedes
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Moustique urbain venu d’Asie, résistant aux insecticides, l’Anopheles stephensi est à l’origine d’une recrudescence des cas de paludisme en Afrique de l’Est, qui menace d’anéantir des décennies de progrès contre la maladie sur le continent.

Principal vecteur du paludisme dans les villes indiennes et iraniennes, l’espèce a été repérée pour la première fois en Afrique à Djibouti en 2012.

Ce petit pays de la Corne de l’Afrique, qui avait alors quasiment éradiqué la maladie (27 cas cette année-là), a alors vu le nombre de cas repartir à la hausse, pour atteindre plus de 70.000 en 2020.

Elle est ensuite arrivée en Éthiopie voisine, déclenchant selon l’OMS une "augmentation sans précédent" du nombre de cas, passés de 4,1 millions et 527 décès l’an dernier à 7,3 millions de cas et 1.157 décès entre le 1er janvier et le 20 octobre 2024.

Ce moustique, qui se reproduit dans des réservoirs d’eau urbains, les gouttières et les engins de climatisation, est très résistant aux insecticides et pique plus tôt dans la soirée que d’autres espèces, venant remettre en cause le rôle des moustiquaires, outil le plus eficace jusqu’à présent contre la maladie.

"L’invasion et la propagation de l’Anopheles stephensi peuvent potentiellement bouleverser le paysage du paludisme en Afrique et annuler des décennies de progrès accomplis dans la lutte contre cette maladie", estime Meera Venkatesan, responsable de la division paludisme au sein de l’agence américaine pour le développement international (USAID).

L’Afrique a concentré 95% des 244 millions de cas et 608.000 décès dus au paludisme dans le monde en 2022, selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale de la santé.

- "Recherches nécessaires" -

Les experts redoutent que ce moustique urbain n’atteigne des villes densément peuplées comme Mombasa, deuxième ville du Kenya, et Khartoum, capitale du Soudan.

Selon une étude datant de 2020, il pourrait toucher 126 millions de citadins à travers l’Afrique.

Il y a à peine un mois, l’Égypte a été déclarée exempte de paludisme par l’OMS après plus d’un siècle de lutte contre la maladie — un statut qui pourrait être menacé en cas d’arrivée de l’Anopheles stephensi.

Beaucoup d’inconnues demeurent sur cette espèce.

Sa présence a été confirmée au Kenya fin 2022 mais elle semble pour l’instant être restée dans des zones chaudes et sèches, sans atteindre Nairobi, la capitale située en haute altitude.

"Nous ne connaissons pas encore totalement la biologie et le comportement de ce moustique", souligne Charles Mbogo, président de l’Association panafricaine de lutte contre les moustiques: "Il est possible qu’il soit lié au climat et qu’il ait besoin des températures élevées.

Beaucoup plus de recherches sont nécessaires".

Selon M. Mbogo, davantage de financements doivent être mobilisés pour capturer et étudier ces moustiques et pour sensibiliser les populations aux mesures de prévention, comme la couverture des récipients d’eau.

- Menaces multiples -

Le risque d’une nouvelle propagation de la maladie vient s’ajouter à d’autres tendances inquiétantes, comme celle d’un paludisme résistant aux traitements constaté en Ouganda, au Rwanda, en Tanzanie et en Érythrée.

"L’arrivée de la résistance (aux médicaments) est imminente", afirme la responsable des maladies tropicales et à transmission vectorielle en Afrique à l’OMS, Dorothy Achu, soulignant que l’OMS travaille avec les pays concernés pour diversifier les programmes de traitement et retarder ce phénomène.

Une nouvelle variante du paludisme échappe également aux tests utilisés pour diagnostiquer la maladie.

"La transmission accrue provoquée par le Stephensi pourrait potentiellement contribuer à accélérer la propagation d’autres menaces", estime Meera Venkatesan.

Face au manque de coordination entre les gouvernements africains, l’OMS s’emploie à développer "une approche plus continentale", souligne Mme Achu.

Pour M. Mbogo, il faut avant tout une "plus grande volonté politique".

"Nous partageons des informations en tant que scientifiques avec des collègues des pays voisins", souligne-t-il.

"Mais nous devons atteindre un niveau supérieur".


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