À compter du vendredi 22 novembre 2024, Docteur Choguel Maïga n’est plus chef du gouverneur de la Transition au Mali. Deux actualités ont précipité ce départ qui a abouti à la nomination du Général de Division Docteur Abdoulaye Maïga. Qu’est ce qui attend le nouveau PM et son équipe ? Réponse !
Revenons sur la nouvelle équipe et les urgences qui attendent le nouveau Premier ministre Abdoulaye Maïga : renforcer la sécurité, renouer le dialogue avec la classe politique, résoudre ou trouver un début de solution à la crise énergétique et financière et préparer les élections. De par son parcours, l’homme qui est appelé à animer cet ordre de mission à la tête de l’exécutif gouvernemental n’est pas en terrain inconnu, puisqu’il a été intérimaire à la Primature et occupait déjà le poste de Vice Premier ministre. Tout dernièrement, à la session annuelle de l’Assemblée générale des États membres des Nations unies, en septembre dernier, il a fait une merveilleuse impression sur l’assistance devant le monde entier, par sa prestation à la tribune de l’Onu.
Mais revenons sur les raisons évoquées à l’appui de son départ à son prédécesseur pour mieux comprendre la genèse du problème, l’historique des récriminations entendues et l’évolution de cette mini crise au sein de l’exécutif malien depuis juin dernier. D’abord entre le M5-Rfp et les cinq colonels devenus généraux, dans le temps et l’espace de la Confédération AES actuel, il y a tant à dire qu’on assiste inéluctablement à un glissement sémantique dans le champ politique. C’est-à-dire dire du mal au Burkina c’est insulter le Mali, le Niger et vice versa. Le problème de la Transition n’est donc plus national, mais communautaire hors espace Cedeao. Aller à contre-courant de cet état d’esprit c’est refuser la recherche de consensus qui est le nouveau mot d’ordre des populations de l’AES entre elles. Ensuite, le départ de Choguel Maïga de son poste de Premier ministre du Mali est inscrit destin tragique dans l’historique de ses critiques ouvertes à l’encontre des militaires au pouvoir, notamment en les accusant de prendre des décisions unilatérales sans consultation préalable de sa personne.
Les tensions croissantes qui sont nées de ces relations frontales et heurtées entre autorités militaires et civiles se sont détériorées au fil du temps, en raison de divergences dissimulées sur la gestion de la transition politique et de l’agenda électoral. De là, l’auto-marginalisation de Choguel Maïga s’est accélérée jusqu’à lui faire exprimer son mécontentement en public quant aux prises de décisions cruciales concernant la prolongation de la transition politique où il s’est senti écarté. Au fil du temps, les pressions internes et externes se sont accrues à l’insu des autorités militaires détériorant fortement les relations entre diverses associations et organisations de la société civile opposées à Choguel ou se disant partisanes de l’ex-Pm. Tous ces facteurs ont également contribué à son limogeage. D’où la mini crise ouverte avec le mémorandum de juin 2024, née d’une tendance du M5-RFP proche de Choguel Maïga, a fini son évolution jusqu’à son terme indiqué fin de mission à la tête de l’exécutif gouvernemental. Cette crise trouve ses racines profondes dans la perception différente que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et les cinq colonels devenus généraux cultivent autour de la légitimité historique contextuelle à la base de la gestion collégiale du pouvoir, suite au coup d’État perpétré en arrêtant le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2020. Pour certains le M5-Rfp a joué un rôle crucial dans cette chute de l’ancien régime, pour d’autres les militaires qui sont venus soutenir spontanément et patriotiquement le mouvement du M5 sont les dignes fils de la nation qui ont osé porter le poids de l’histoire en se chargeant d’une mission compliquée. Des «moné bo dênw», pour parler comme Choguel Maïga, au plus fort du temps où il soutenait la transition militaire et justifiait le report sine die de l’élection présidentielle dont il s’est plaint par ailleurs aux cinq colonels devenus généraux.
Dans ces conditions, après ses bourdes successives et ses boutades célèbres, le Pm va passer le témoin au Général de Division Abdoulaye Maïga, Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation qui devient ipso facto le nouveau Premier ministre chargé de la formation d’un nouveau gouvernement suite à sa virulente sortie contre le Général-Docteur, si poli et si apprécié de ses concitoyens. Il avait été la principale cible des charges de l’ex-Pm, lors du meeting de clarification du 15 novembre 2024. Le lendemain, des manifestations populaires spontanément organisées ont lieu un peu partout dans le pays pour dénoncer cette sortie de l’ex Pm Choguel Maïga et des communiqués ont fusé pour soutenir l’Armée et le nouveau Premier ministre, Général Abdoulaye Maiga. Le Président Assimi Goïta a enfin tranché et c’est fini avec tous ces discours qui jetaient le discrédit et l’anathème, directement ou indirectement, sur les institutions et des citoyens civils ou militaires ou des étrangers. Une page est donc tournée. C’est au tour du Dr Général Maïga de s’installer à la barre et de piloter les chantiers du Mali Kura. Ayant été officiellement installé 24 heures après sa nomination par le Président de la Transition le Général d’armée Assimi Goïta, le nouveau Premier ministre Dr Général de division Abdoulaye Maïga a pris ses quartiers à la cité administrative ce vendredi 22 Novembre 2024. La passation de service entre le nouveau Pm et le sortant Choguel Kokalla Maiga s’est déroulée dans une ambiance bon enfant empreinte de cordialité dans les locaux de la Primature, vendredi. Le Général Abdoulaye Maïga connaît la Primature pour avoir assuré l’intérim lorsque son prédécesseur avait été malade. Mais, avoir la main haute sur les dossiers qui spécifient la situation globale au Mali souverain face aux défis sécuritaires internes à l’espace AES, est une autre paire de manche. À cause des influences internationales complexes qui ne militent pas pour la stabilisation au Mali. En guise de conseillers, il doit savoir qu’avec ce nouveau gouvernement de 28 membres, la stabilité politique et le retour du pays dans le giron international dépendront de la capacité de ses ministres à gérer ces défis pour l’AES et à promouvoir le Mali Kura à travers la charte nationale pour la Paix et la réconciliation, gages du développement endogène visée émergence économique.
Chantiers à conduire
Ce qui attend encore le nouveau Premier ministre Abdoulaye Maïga dans les jours semaines et mois à venir comme travail gouvernemental et chantiers ouverts à conduire, c’est de confirmer tout le bien que l’on pense de lui et la confiance placée en lui. De par sa compétence et sa détermination, il saura ramener les acteurs politiques autour de la table des discussions sur l’agenda électoral. Un terme et point d’aboutissement de la transition politique qu’il est à même de pouvoir réussir challenge comme il les aime. Le moule de son parcours professionnel et de son engagement en faveur de la sécurité et de la gouvernance au plan international a fait de lui un atout majeur pour le Mali sur la scène internationale.
Le Général-docteur Abdoulaye Maïga à la Primature et le Général d’armée Président Assimi Goïta à la tête du pays, on peut être sûr que la diplomatie malienne va passer à la vitesse supérieure pour redorer le blason du Mali terni par une décennie de guerre asymétrique, sous les œuvres du métronome de jeu Abdoulaye Diop, conservé à son poste de ministre des Affaires étrangères et vde la coopération internationale. Comme Sadio Camara et bien d’autres ministres de l’ancienne équipe. Ce qu’on peut désormais appeler léger remaniement couronne les actions du très discret Abdoulaye Maïga, considéré éminence grise du Général Assimi Goïta, Général d’Armée, Président de la Transition et Chef de l’État. Le nouveau locataire de la Primature sera aux ordres du chef hiérarchique et exécutera sa volonté selon un chronogramme bien tracé, et pour le Mali, et pour l’AES. Avec ses 43 ans, le Général Abdoulaye Maïga doit se rappeler ces propos de Nelson Mandela, pour en faire sa maxime : «Après avoir gravi une haute colline, tout ce que l’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin». Le Général de division Abdoulaye Maïga, Ministre de l’Administration territoriale, et Premier ministre par intérim pendant 4 mois au poste, s’y est illustré par sa fidélité, sa vivacité intellectuelle à mettre en œuvre les initiatives du Président de la Transition. On le dit âpre négociateur avec les acteurs politiques et bourreau de travail, mais le nouveau Premier ministre a plusieurs défis et chantiers importants à conduire dans les jours, semaines et mois à venir. Voici un aperçu des principaux travaux gouvernementaux et chantiers ouverts :
Sécurité et Lutte contre le Terrorisme
– Renforcement de la Sécurité : continuer les efforts pour sécuriser les régions du nord et du centre du Mali, en collaboration avec les forces armées conjointes de la Confédération AES.
– Lutte contre le terrorisme local : intensifier les opérations de ratissage et de reconnaissance contre les groupes armés et djihadistes pour stabiliser tout le pays.
Transition Politique
– Organisation des Élections : préparer et organiser des élections transparentes et inclusives pour assurer un retour à l’ordre constitutionnel.
– Réconciliation nationale : promouvoir la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale issue du Dialogué Inter-maliens et garantir la cohésion sociale entre les différentes communautés pour renforcer l’unité nationale.
Développement Économique
– Projets d’Infrastructures : poursuivre les grands projets d’infrastructures et d’exploitations minières et des barrages hydroélectriques, la construction de routes, de ponts et d’installations publiques, pour stimuler le développement économique endogène.
– Soutien aux Secteurs Clés : encourager le développement des secteurs clés, tels que l’agriculture, l’énergie, les services, la technologie et les mines, pour diversifier l’économie.
Réformes Institutionnelles
– Renforcement des Institutions : mettre en œuvre des réformes pour renforcer les institutions démocratiques et promouvoir la transparence et la responsabilité.
– Lutte contre la Corruption : intensifier le travail judiciaire des enquêteurs pour lutter efficacement contre la corruption et améliorer la gouvernance économique sur les marchés et les corridors de transport.
Coopération Régionale et Internationale
– Confédération de l’AES : travailler en étroite collaboration avec les Institutions des États de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour relever les défis communs en matière de sécurité et de développement.
– Relations Internationales : Renforcer les relations diplomatiques jumelées de l’AES avec les partenaires internationaux pour obtenir un soutien politique et financier plus global.
Réponse aux Crises Humanitaires
Soutien aux Populations déplacées : apporter une aide humanitaire aux populations déplacées et affectées par les conflits tout en travaillant à leur retour chez elles.
Programmes de développement social : mettre en place des programmes de développement social pour améliorer les conditions de vie des citoyens et leur assurer le bien-être.
Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a donc un agenda chargé et des défis importants à relever pour assurer la stabilité et le développement de notre pays. Sa capacité à gérer ces chantiers sera cruciale pour l’avenir du pays. Les grands axes du projet Mali Kura d’Assimi Goïta, chef de l’État, en corrélation avec les défis, ambitions, projets structurants communs de l’AES et de son plan d’action du 6 juillet 2024 adopté à Niamey, restent des points focaux pour une large palette de solutions et des pistes de réflexion. Pour rappel, le projet Mali Kura lancé par le Président Assimi Goïta, vise à créer une nouvelle société malienne ancrée dans les valeurs de l’intégrité, du patriotisme, du civisme et du respect des institutions. Ce programme, appelé Programme National d’Éducation aux Valeurs (PNEV), s’adresse à tous les citoyens maliens et vise à inculquer ces valeurs à travers l’éducation formelle et non formelle, la sensibilisation et la communication.
Le choix du Président Assimi Goïta a répondu tout simplement à un souci de parler moins et de travailler plus pour mieux d’État et moins de politique politicienne. Car les priorités du gouvernement sont nombreuses et les dynamiques politiques qui les insèrent sont radicales et intolérances aux retards accusés. Chaque citoyen malien a entre ses mains sa feuille de route vers le Mali Kura et c’est la même feuille de route que celle confiée a Abdoulaye Maïga. Chacun et chacune avec son potentiel et ses propres forces est appelé-e et habilité-e à faire prévaloir ses compétences et son génie qui pourraient contribuer à la stabilité et au développement du Mali. Dans pas très longtemps… si nous croyons en nous-mêmes. «Unis nous vaincrons»