Elle fait suite à la décision de la Haute Autorité de la Communication (HAC) de procéder au retrait de la licence de la chaîne privée Joliba TV News, sur une plainte en date du 12 novembre 2024 du Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso. Ce dernier avait en effet dénoncé, auprès de l’instance malienne de régulation, le contenu d’un débat jugé inapproprié, à cause des réserves d’un invité, en occurrence Issa Kaou Djim, sur la version officielle de la tentative de déstabilisation des pouvoirs au Burkina Faso. Convoquée à s’expliquer devant la commission «Média et TIC» de la HAC, il y a une dizaine de jours, Joliba Tv vient de recevoir cette semaine le contenu de la sanction qu’elle encourt. Notification lui a été officiellement faite, en clair, des intentions de la HAC d’exécuter sa décision de fermeture le 21 novembre 2024. En attendant le résultat d’un recours devant la Cour suprême pour lequel le confrère dispose de trois jours, ladite mesure, aux yeux des observateurs avisés, constitue une atteinte grave à la liberté de la presse et à la liberté d’expression au Mali. Liberticide à bien des égards, elle représente une violation flagrante du droit du public à une information différente des voix officielles. Selon de nombreux contestataires de la décision de la HAC, la liberté de presse, acquise au prix du vie d’au moins 100 de personnes tombées sous les balles de l’ex dictateur, n’a jamais été aussi menacé au Mali.
Face à cette décision, « disproportionnée portant atteinte au pluralisme médiatique et à la liberté d’expression», à leurs yeux, la Maison de la Presse et les organisations professionnelles des médias ont décidé de la mise en place d’une commission ad’hoc chargée de discuter avec la HAC pour trouver une issue heureuse à cette situation. Dans un communiqué rendu public dans la foulée, elle exhorte d’ores et déjà la HAC à reconsidérer sa décision au nom de l’apaisement du climat social. Toutefois, la faîtière de la presse malienne, sous la férule de son Président Bandjougou Danté, n’exclut pas d’utiliser la méthode forte pour faire reculer la HAC. À défaut de réussir par les démarches et actions de conciliation, elle envisage d’agir par une diffusion synchronisée de l’élément incriminé dans l’ensemble des médias maliens en guise de solidarité au confrère sanctionné.
Ainsi s’annonce un bras de fer à l’issue imprévisible entre la presse malienne et l’autorité de régulation de plus en plus méconnaissable par sa complaisance dans la vassalité et le rôle de bouclier exclusif des autorités de la Transition. Cette posture lui aura longtemps réussi, à cause de la mollesse des organisations de presse, lesquelles affichent désormais une détermination à prendre le terreau par les cornes pour freiner le syndrome répressif avant qu’elle n’atteigne l’ensemble du secteur.