Le Premier ministre de Transition Choguel Kokalla Maïga a été démis de ses fonctions la semaine dernière par son patron, Assimi Goïta. Ce limogeage découle d’une tension relative à la divergence de vue sur la marche de la transition.
Le limogeage de Choguel n’a pas surpris grand monde à Bamako. En effet le concepteur de la “rectification de la trajectoire de la Transition et du Mali Kura”, a multiplié ces derniers temps les sorties médiatiques pour tirer à boulets rouges sur les militaires qui l’ont nommé en juin 2021 après le second coup d’État militaire. Et près de quatre ans, il a incarné la façade civile d’une Transition résolument militaire.
L’ancien Premier ministre depuis son retour en décembre 2022 d’un AVC a été dépouillé presque de toutes prérogatives d’un Premier ministre digne de ce nom. Choguel Kokalla Maïga était réduit à faire des vidéos et des audiences.
Bien que marginalisé, il a refusé de rendre son tablier. “Si je démissionne, c’est comme si j’abandonnais mon propre bébé et si, après ma démission, quelque chose tournait mal, on m’en rendrait responsable. Je n’ai d’ailleurs jamais pris une démission pour un acte de courage. Je préfère donc être démis que de démissionner car alors, je serais irréprochable.”, répond-t-il.
En réalité, il a utilisé ce poste de Premier ministre pour régler ses comptes personnels avec ses adversaires politiques d’hier, des hommes de médias et même des anciens présidents et Premiers ministres de la République.
Au moment où il a été destitué du M5-RFP par l’imam Oumarou Diarra et Me. Mountaga Tall, il convoque la classe politique pour des échanges sur le retrait des Etats de l’AES et la fin de l’Accord de paix d’Alger. Comme une réponse du berger à la bergère, la classe politique, dans une quasi-unanimité, a décliné l’invitation du Premier ministre, une façon claire de lui retourner sa monnaie.
L’heure de la clarification
Petit à petit Choguel sort de sa patience stratégique. Après plus d’un an de guéguerre, lors d’une sortie médiatique, Choguel Maïga a appelé à une clarification des positions après la rectification. Bien qu’il n’ait désigné personne, les Maliens ont vite compris qu’il s’agit des militaires au pouvoir.
Fin de la patience stratégique
Le malheur de Choguel Maïga était de s’être “indigné” d’être méprisé par les militaires en critiquant tout particulièrement la prorogation de la durée de la Transition et le report sine die des élections générales. Il a trouvé ce report comme une décision dangereuse et unilatérale de la part des militaires.
Cette déclaration a davantage attisé les tensions déjà très électriques entre le locataire de la Primature et les militaires. Depuis son limogeage, des analystes politiques, des observateurs et des commentateurs ne s’affaiblissent pas. Choguel a joué et perdu.
“Choguel n’a pas du tout été humble. Durant les 3 ans, il a profité de ce poste pour insulter et calomnier tout le monde. Le pire, il a récolté ce qu’il a semé.