Selon des sources, les chefs d’État de la CEDEAO se réuniront le 15 décembre prochain à Abuja, au Nigeria. L’enjeu principal de ce sommet sera d’entériner le retrait des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) : le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Va-t-on en arriver là ? Le doute subsiste, compte tenu des multiples appels adressés aux autorités de ces pays. Un retrait définitif de la CEDEAO aurait d’importantes conséquences pour les ressortissants des pays exclus de l’espace communautaire. Les premiers signes de ces répercussions sont déjà perceptibles, notamment avec les difficultés rencontrées par des ressortissants maliens à franchir les frontières pour entrer sur le territoire sénégalais. Selon des sources concordantes, l’État sénégalais refuse de reconnaître la carte NINA. Seules la carte biométrique ou le passeport de la CEDEAO sont jugés valides. Toute autre pièce d’identité, selon ces mêmes sources, est rejetée.
Ainsi, pour circuler librement au Sénégal, les Maliens doivent impérativement présenter l’une de ces deux pièces reconnues par la CEDEAO.
Le Mali a été le premier pays où un groupe de militaires a renversé les institutions, dans le prolongement d’un mouvement hétéroclite de contestation. Cet événement a été suivi par des coups d’État similaires au Burkina Faso, puis au Niger. Ces trois pays font face à une situation sécuritaire chaotique, marquée par les exactions de groupes armés terroristes. Malgré la présence de l’armée française et des forces internationales au Mali pendant plusieurs années, le phénomène n’a pu être éradiqué. C’est contre cette situation que les militaires maliens, désormais au pouvoir, se sont révoltés. Le Mali a depuis renforcé son partenariat avec la Russie, qui apporte un soutien en instructeurs et fournit des équipements militaires adaptés. L’incapacité de la CEDEAO à aider ces pays à résoudre la crise sécuritaire, combinée aux sanctions jugées injustes et illégales imposées par cette organisation, a poussé les trois États dirigés par des militaires à annoncer leur retrait de la communauté. Cette décision a provoqué une onde de choc. « C’est une décision irréfléchie, prise sans consultation des populations. Les trois pays de l’AES n’ont pas d’accès à la mer… », entend-on souvent dire à propos de cette initiative.
Si le retrait venait à être acté par la CEDEAO lors du sommet du 15 décembre, cela marquerait un tournant majeur pour les populations des trois pays concernés.
Le président du Ghana a, à plusieurs reprises, invité ses pairs à reconsidérer leur position. Un chef d’État, Bassirou Diomaye Faye, a même été désigné pour tenter de convaincre les trois pays de revenir sur leur décision. De son côté, le président sénégalais a mandaté une haute personnalité, un ancien ministre, pour intercéder auprès des dirigeants de l’AES. Pourtant, dans leurs discours, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’AES rappellent systématiquement que cette décision est irrévocable. Après notification de leur retrait, la CEDEAO dispose d’un délai pour se prononcer officiellement. Depuis, l’organisation multiplie les initiatives pour persuader les trois pays de reconsidérer leur position. La question reste donc posée : le sommet à venir sera-t-il l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement d’entériner définitivement le retrait de l’AES de l’espace communautaire ?
Les peuples, quant à eux, retiennent leur souffle. ■
LAYA DIARRA