Réunis à Tin-Zeouaten pour insuffler un nouvel élan aux velléités sécessionnistes touaregs, les leaders des mouvements armés n’ont pas fini de savourer le conclave de leur fusion que l’événement a été fortement endeuillé. Au nombre des pertes infligées par l’attaque au drone de l’armée malienne figure de grands noms comme le virevoltant secrétaire général de la dissidence GATIA, Fahad Ag Almahmoud, ainsi que plusieurs autres de ses compagnons que les rescapés du congrès constitutifs du FLA du samedi dernier présentent ont élevé au rang de «martyrs de l’Azawad»
Les traditionnelles assises annuelles du CSP – PSD s’étalent exceptionnellement déplacées cette année à Tin-Zeouanten, une localité qui échappe au contrôle de l’Etat malien où les mouvements armés se sont retranchés après la reprise de la ville de Kidal par l’armée régulière. C’est dans cette contrée frontalière de l’Algérie voisine que le HCUA, le MNLA ainsi que les dissidences du MAA et du GATIA ont convergé pour prendre date, en réalisant un projet vieux de plusieurs années : la fusion des différentes composantes du CSP – PSD dans un seul et unique mouvement. Leur conclave annuel, selon le contenu du Pacte d’Honneur qui l’a sanctionnée, a notamment consacré leur dissolution au profit de l’émergence d’une nouvelle entité baptisée «Front de Libération de l’Azawad »(FLA). Comme l’indique son appellation, l’avènement de la nouvelle entité consacre en même temps un brusque retour aux velléités sécessionnistes que les précurseurs de Azawad avaient formellement abandonnées en échange de l’Accord pour la paix. La caducité du processus d’Alger, intervenue dans le sillage de la reprise des contrées septentrionales naguère sous contrôle des mouvements armés, figure au nombre des arguments parmi tant d’autres de motifs justificatifs de cette démarche de radicalisation des mouvements. Le document final issu des assises constitutives du FLA relève, en effet, le «non respect des engagements contenus dans les différents accords» conclus avec les régimes successifs s’ajoute ainsi que le caractère cyclique du différend avec l’Etat central. Toutes choses que la nouvelle entité entend résoudre désormais au moyen d’une reprise du combat pour le droit à l’autodétermination. Pour ce faire, le Front pour la Libération de l’Azawad s’assigne une vocation politico-militaire et se prévaut par ailleurs d’une ouverture à tous ceux qui se reconnaissent dans les spécificités identitaires que reflète le nouveau drapeau du peuple Azawadiens et qui partagent ses objectifs historiques de celui-ci. Le Pacte d’Honneur pour l’unité du Peuple de l’Azawad fait figure, en définitive, de rappel des troupes auquel souscrivent, selon ses tenants, toutes les notabilités de l’entité dont les prétentions territoriales seront probablement déterminés dans une Charte constitutive annoncée pour définir les objectifs et principes d’une Autorité de l’Azawad.
En attendant, la rupture avec l’Etat malien ne s’opère pas qu’au détour des crédos de justice et de liberté dont elle se réclame. Elle s’exprime également par un penchant affiché pour l’ordre islamique, assimilable à un appel du pied aux groupes islamiques avec lesquels le cheminement est à peine voilé depuis la perte de la ville de Kidal. En dépit de la souscription aux principes de laïcité consacrés par l’Accord d’Alger en son temps, les apparentements et rapprochements étaient déjà si perceptibles dans la cohabitation avec un mouvement comme le HCUA (ancien Ansar Dine). La disparition de cet accord pourrait avoir affaibli les mouvements rebelles au point de les jeter dans les bras des forces islamistes. En toile de fond une tentative laborieuse de rebondir.