La Cour suprême en son audience à huis clos, le 13 novembre, a rejeté les demandes de mise en liberté provisoire pour Mme Bouaré Fily Sissoko et le colonel-major Nouhoum Dabitao. Les juges de la Chambre d’accusation de la plus haute juridiction du Mali ont estimé que celles-ci sont “mal fondées” au regard de la procédure déjà en cours. Par ailleurs, seul l’ancien directeur de cabinet de la présidence de la République, Mahamadou Camara qui s’était, il y a quelques mois, acquitté d’une caution, a de nouveau obtenu la liberté provisoire.
Deux mois après le renvoi du procès dit de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires qui incrimine Fily Sissoko, Mahamadou Camara, le général de brigade Moustapha Drabo et le colonel-major Nouhoum Dabitao pour complément d’informations, on a assisté à un rebondissement spectaculaire dans ce dossier.
La Chambre d’accusation de la Cour suprême, lors de son audience à huis clos le 13 novembre dernier, a rejeté la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats des inculpés Nouhoum Dabitao et Mme Bouaré Fily Sissoko.
Les magistrats de la Chambre d’accusation de ladite Cour ont justifié ce rejet par le fait qu’au stade actuel de la procédure, la détention de Mme Bouaré et de M. Dabitao s’avère encore nécessaire à la manifestation de la vérité dans cette affaire d’autant plus que leur mise en liberté pourrait porter une entorse grave à la procédure en cours.
Toutefois, les juges de la Chambre d’accusation ont accordé la liberté provisoire à Mahamadou Camara, l’ex-directeur de cabinet de la présidence de la République sous feu Ibrahim Boubacar Kéita. Celui-ci, accusé de faux et usage de faux en écriture en délivrant un mandat exclusif à Sidi Mohamed Kagnassy, s’est acquitté d’une caution qui tourne autour de 500 millions de nos francs selon des sources.
Bien que le rejet de la demande par la plus haute juridiction du pays n’a pas encore été motivé pour certains et accepté pour d’autres, des interrogations fusent.
En effet, en droit, il est dit que la détention provisoire est une mesure exceptionnelle dans l’attente d’un jugement et que la liberté reste le principe, c’est-à-dire le mis en examen est présumé innocent et il n’est pas censé, à ce titre, purger une peine à laquelle il n’a pas encore été condamné.
On l’a vu et constaté lors de ce procès fin septembre-début octobre, après trois semaines de débats houleux, la Cour n’avait pu établir moins encore fournir la moindre preuve de la culpabilité des quatre accusés qui ont comparu à la barre. A cet égard, Fily Sissoko et Nouhoum Dabitao sont présumés innocents, donc leur mise en liberté reste un principe.
Les avocats appellent déjà à la libération de leurs clients. Ils assurent qu’il n’y pas de risque de fuite étant donné que Nouhoum Dabitao a démissionné de son propre gré pour se mettre à la disposition de la justice, alors qu’il pouvait se prévaloir de son immunité en tant que membre du Conseil national de transition (CNT).
A ce jour, la question que tout le monde se pose aujourd’hui est la suivante : en quoi la mise en liberté d’une inculpée comme Mme Bouaré Fily Sissoko (3 ans de détention), sexagénaire qui bien avant son interpellation n’a fait que réclamer justice, puisse constituer un obstacle à la poursuite de l’instruction ? A vos méninges !