Le premier est sécuritaire et est déjà bien avancé avec la mise en déroute des terroristes et bandits de grand chemin d’AQMI, du MUJAO, d’Ançar Dine par les forces spéciales françaises appuyées par les troupes du Tchad, de la CEDEAO et l’armée malienne elle-même. Il reste à repérer, démanteler et nettoyer les repaires où les fugitifs se sont réfugiés aux confins des frontières algérienne, mauritanienne et nigérienne.
Et d’où ils lancent des attaques à la roquette contre Gao ou opèrent des infiltrations à Tombouctou. Ici les troupes françaises et celles de la MINUSMA sont interpellées pour plus de vigilance et de réactivité en attendant que les forces de défense et de sécurité du Mali en reconstruction avec l’appui de l’Union européenne (UE) acquièrent leur pleine opérationnalité.
Le deuxième front est politique. Il vient de démarrer avec la tenue sur trois jours (du 21 au 23 octobre) des états généraux de la décentralisation. La loi portant cette option la décrit comme un instrument visant à élargir, approfondir et consolider la démocratie par un dépérissement de l’Etat jacobin (centralisé à l’excès) au profit des collectivités locales qui s’approprient ainsi pleinement la gestion de leurs affaires.
Hélas, adoptée en février 1993, cette loi ne sera mise en œuvre qu’à partir de 2000, soit deux années seulement avant le départ de son initiateur, Alpha Oumar Konaré, de la présidence de la République.
Son successeur, Amadou Toumani Touré, n’en a pas fait une priorité de son agenda consacré pour l’essentiel à créer les conditions d’un mieux-vivre pour les Maliens à travers la réalisation d’un grand nombre d’infrastructures de toutes sortes. Il croyait aussi maitriser le syndrome kidalois par le dialogue accompagné d’un développement économique qui a mis du temps à se matérialiser, en lieu et place d’une redistribution du pouvoir en faveur des communautés à la base.
IBK, lui, a choisi de faire un pari sur la décentralisation. D’une pierre, il compte faire deux coups : démocratiser le Mali en profondeur, ce qui réglera la revendication principale du MNLA à savoir « l’autogestion de l’Azawad ». Le tout, c’est d’éviter que ne soit prononcé le mot qui fâche : « l’autonomie ».
Le troisième front qui s’ouvrira après la sécurisation et la décentralisation portera sur l’accélération du développement économique des régions septentrionales de notre pays. Les assises du nord en donneront le déclic.
Ce pari ne sera gagné qu’avec une mobilisation forte de la communauté internationale aux côtés du Mali. Celle-ci a déjà annoncé des engagements financiers pour plus de 2 000 milliards de FCFA pour sa reconstruction. Elle doit veiller à ce que cette manne soit effectivement disponible dans les délais souhaités. Et que le nécessaire soit fait pour donner du travail aux jeunes du Nord et les détourer de la tentation terroriste.