A Solenzo, dans la région de la Boucle du Mouhon, au Pays des hommes intègres, un drame a suscité une vive consternation dans le monde, le 25 novembre dernier.
«La ville de Solenzo, dans la région des Banwa, s’est soulevée le lundi 25 novembre 2024 contre les autorités locales traditionnelles, administratives et militaires pour hurler son ras-le-bol face à l’insécurité et ses principales causes que sont l’inaction du détachement militaire et la propagande mensongère des affidés du pouvoir. Le bilan des courses est triste : le chef traditionnel lynché à mort, des biens privés détruits et un tissu social fortement endommagé», écrit le journaliste burkinabé en exil, Lingani Issaka.
Le Chef de canton et Chef de terre, Sergent de l’Armée à la retraite Coulibaly Dibissan, qui s’était opposé à la tenue d’une manifestation des populations contre la situation sécuritaire, a été extrait de chez lui et lynché comme un «vulgaire criminel» par une foule de manifestants. «Tout le monde, y compris les braves femmes, l’ont écrabouillé avec des parpaings en ciment, dans la charrette du tricycle où il agonisait, avant qu’on ne traîne son cadavre hors de la charrette, dans l’indifférence quasi générale. On voit la foule de femmes et d’enfants ne plus y prêter attention», témoigne l’ancien Président de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) du Burkina Faso, Ahmed Newton Barry, non moins journaliste. Et ce n’est pas tout : ses épouses ont été sérieusement molestées, son domicile saccagé ! Des images diffusées sur les plateformes digitales montrent des actes de violence très atroces.
Le lendemain du drame s’est rendue sur place une délégation gouvernementale comprenant le ministre d’Etat en charge de la Fonction publique, Bassolma Bazié, le ministre de l’Administration territoriale, Emile Zerbo, le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, le ministre de la Santé, Lucien Robert Kargougou et le Chef d’Etat-major général des Armées, Général de brigade Célestin Simporé. «Nous sommes venus exprimer des mots d’encouragement et de compassion du Chef de l’État. Les auteurs de ce drame seront identifiés et les responsabilités seront situées…Certains individus ont ignoré les appels à l’apaisement invitant les populations à renoncer à la marche, ce qui aurait permis de privilégier le dialogue pour résoudre les préoccupations….Des personnes perfides ont infiltré la manifestation pour perpétrer l’irréparable au cours d’une marche», a déclaré le ministre Bassolma Bazié, dont les propos ont été rapportés par plusieurs confrères du Faso.
Un horrible précédent fâcheux à déplorer certes, mais, il ya lieu de craindre que le cas de Solenzo ne fasse des émules ailleurs, précisément au Faso, au Mali et au Niger. Qu’en pensent les autorités de ces trois pays ? Les conditions sécuritaires ayant excédé ces populations au point d’en arriver à ces extrêmes ne sont-elles pas réunies dans plusieurs de leurs localités?