Invité à prendre part à la conférence-débat de la Coalition des Forces juvéniles pour le Renouveau (COFOR-Mali) sur le rôle des jeunes dans la consolidation de la démocratie et au retour à nos valeurs traditionnelles, l'ancien ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Hass Diallo nous livre ses Impressions. C'était le 30 novembre 2024 à l'hôtel Radisson Collection
Aujourd'hui-Mall: A l'écoute des panelistes, que retenez-vous ?
Thierno Hass Dialle: J'ai appris beaucoup de choses. Me Tall nous a fait Thistorique du mouvement démocratique qui fut l'occasion pour nous de nous replonger dans nos années d'étudiants et d'acteurs d'un événement historique dans l'histoire du pays. De son parcours politique, r auquel il a été porté par les siens à la tête de son parti dans tous ces combats et même à la limite panafricaniste. Nous avons vu expérience de Abdrahamane Diarra de la jeunesse URD. C'était bien. On ne peut pas enlever de l'exposé la connotation d'homme politique qui est en train de porter ces mots. Le vieux Sangaré aussi est venu avec son concept des valeurs traditionnelles du porteur des coutumes. Tout cela était bien appréciable.
Je suis un peu resté sur ma faim parce que moi j'ai compris ce thème comme en quoi nos traditions peuvent être élément de consolidation pour la jeunesse dans l'expression de la démocratie. Comment concilier valeur traditionnelle et démocratie dans le sens moderne du suffrage universel, de la pluralité des débats, des des partis politiques. Comment cette jeunesse doit être dans cela sans aller dans l'excès, dans la démesure en s'appuyant sur les valeurs traditionnelles pour donner cette connotation malienne à la démocratie.
Je me dis que nos valeurs traditionnelles de danse, musique, chant, conte sont des éléments très enrichissant pour ceux qui doivent faire le jeune malien, pour faire l'homme malien, pour faire le démocratique malien. On a parlé des expériences du choix du Karata de Ségou. Il y a le Toguna où l'on ne peut pas se lever pour crier, pour calmer la tension lorsqu'on s'énervait. Nous avons la part de la femme dans la culture, dans la démocratie malienne. Quand on parle de Do Kamissa du Mandé qui se rebiffait contre ses frères, c'est parce qu'elle a sa part dans le conseil des sages. C'était un conseil où il y avait 7 à 9 femmes mégères pas dans le sens de la sorcellerie négative, mais des femmes savantes, je parle dans le sens Molière.
Comment-peut-on revenir à nos valeurs traditionnelles ?
Je crois qu'il faudrait que nous comprenions par exemple, quand on voit dans le Kouroukan Fouga, l'enfant doit être éduquée par la communauté. Dès que l'enfant court pour entrer dans une concession, on ne doit pas violer cette concession pour le frapper. Vous prenez la musique, le mariage forcé, il est dénoncé. Quand vous écoutez tasidoni, donnez moi l'homme que je veux pour qu'il y ait un beau mariage, mais pas à cette personne que je n'aime pas où le mariage ne va pas durer. Il y a des contes qui nous parient de l'enfant qui n'a pas voulu écouter ses parents qui est parti et qui a été pris par l'hyène etc. Pour que nos valeurs traditionnelles soient connues et approprié pour être ensuite injectées dans notre démocratie, il faut qu'elles soient enseignées et partagées par cette jeunesse qui est plutôt une jeunesse des nouvelles technologies de communication. Toutes les nations les plus puissantes du monde se développent sur leur culture.
C'est pourquoi à l'époque, Jacques Chirac a dit non au mondialisme culturel des États-Unis pour parler d'exception culturelle. Léopol Sédar Senghor avait déjà prévu cela et anticiper. Il dira dans certains de ses poèmes "que m'accompagne Kora et balafon, parce que ce sont des porteurs. Ce sont des éléments qui sont au-delà de la musique, des porteurs de valeur. Les griots de Senghor étaient toujours dans la délégation spéciale pour le louanger. A l'époque, Alpha Oumar avait d'ailleurs pris plus ou moins le même chemin avec Boubacar Soumano qui était dans le protocole. Et même l'appellation griot est différente du djeli dans la logique occidentale. Je crois qu'il fallait passer par tous ces aspects.
Je suis toujours perplexe quand on parle de démocratie. Est-ce que la démocratie suffit à elle pour étiqueter un régime ou un pays d'être dans l'histoire du concert des nations? Est-ce que c'était le seul critère, parce que de mon point de vue, on doit peut-être faire une différence entre la République et la démocratie. Certainement, la démocratie peut se retrouver dans la République, mais la République peut exister sans ce qu'on appelle cet élément de vote ou d'expression des suffrages universel.
En fait, je m'appuie un peu sur la romantique. Les différents responsables romains jusqu'à Auguste, ce n'étaient pas des démocrates. La République romaine, c'était le fonctionnement des institutions de l'Etat. C'est ça la République. Le chef d'Etat de la Tunisie est un professeur d'université, un un magistrat qui a été élu au suffrage, mais on a vu quand il est venu, il a touché à toutes les institutions. Tout a été dissout. Alors, est-ce qu'on peut qualifier cet homme de démocrate ? Pourtant, il a été élu par le suffrage universel.
Si c'est cela la démocratie, si c'est cela les critères d'appréciation d'un régime, ça laisse à désirer. Je préfére un régime fort où les institutions marchent, où les lois de la République sont respectées et le développement s'affirme et certainement, le suffrage universel pourrait venir parce qu'il y a un Etat fort, un régime fort, où les citoyens s'approprient les valeurs. De mon point de vue, je préfère être un républicain avant d'être un démocrate.