«Tu ne verras pas les oreilles du cheval qui te fera tomber». Ce vieux dicton, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) l’a amèrement appris avec le limogeage par le général-président de son Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga ce 20 novembre 2024 et le renvoi de tous ses ministres de l’attelage du nouveau gouvernement désormais dirigé par le général de division Abdoulaye Maïga.
Pendant que ce grand mouvement populaire, qui a eu raison du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), se disloquait à cause des dissensions internes, les militaires planifiaient leur stratégie pour s’accaparer de tous les pouvoir qu’ils étaient censés gérer avec eux. Il suffit de faire un petit retour sur les événements depuis le renversement du régime de feu IBK en août 2019 jusqu’à ce jour pour s’en rendre compte.En guise de rappel, nous nous souvenons tous que pour que feu président IBK annonce sa démission qu'il y ait eu d'abord une tête-à- tête avec lui et les militaires, qu'est-ce qu’ils se sont dits pour que ce dernier leur cède son fauteuil ? Allez savoir.Quand ils ont pris le pouvoir et pour gagner la sympathie du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), ils ont déclaré qu'ils sont venus parachever le combat du M5-RFP. Tout le monde les a crus et il a été même organisé un meeting de soutien à leur faveur. Mais, pendant qu’ils tenaient ce discours rassembleur et plein d’espoir, au même moment, ils se mettaient à négocier la durée de la transition avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sans le M5-RFP.Et pour souffler un peu face à la pression de celle-ci, ils ont été contraints d’accepter un président civil et un Premier ministre civil. Mais le paradoxe fut, au lieu que ce président et ce Premier ministre civils sortent du M5-RFP, ils sont partis les chercher ailleurs en dehors de celui. C'était le premier signe d'alerte de ce qui se passe maintenant.Deuxième signe d'alerte que les militants du M5-RFP n’ont pas vu et surtout qui est passé au travers des yeux de tous les analystes, c'était le pourquoi de la création du poste de vice-président qui n'existait ni dans la Constitution, ni dans la charte qu'ils ont fait adopter par le peuple ?
La raison était simple, c'était pour que le colonel en son temps puisse se familiariser avec la gestion du pouvoir auprès de son Excellence Ba N’Daw, choisi président de la transition. Et très vite, quand ils se sont rendus compte qu'avec ce dernier ils risquaient de perdre le trône, ils ont tout simplement décidé de le déposer.C’est évidemment, quand ils ont vu que leur politique ne marchait pas avec la CEDEAO et totalement perdus face à la réalité du pouvoir, ils se sont vus contraints de faire recours au M5-RFP qu’ils avaient lâché en déclarant devant la CEDEAO qu’ils laissaient le soin à ce dernier de décider de ce que doit être la transition. Mais, la plus grosse erreur du Mouvement du 5 juin fut d’avoir avalé aveuglement cette profession de foi. Ainsi, ce que le M5-RFP a appelé la rectification de la transition n’était en réalité pour eux qu’une période de perfectionnement pour la gestion du pouvoir. C’est pourquoi, ils ont accepté de céder le poste de Premier ministre au M5-RFP juin qui a choisi Dr Choguel Kokalla Maïga pour occuper ce poste.Leur objectif inavoué était non pas de permettre au Premier ministre de préparer une transition vers le retour à la légalité constitutionnelle mais plutôt, de mieux s’acquérir de l’expérience de ce dernier afin de mieux faire face aux réalités du pouvoir. Car, ils se sont trouvés à la commande sans aucun programme ni aucune expérience politique en matière de gestion d’un pays.Maintenant que le stage du colonel en son temps est fini auprès de Ba N’Daw, déposé après, il leur restait à former leur Premier ministre qui est le colonel Abdoulaye Maïga en son temps. Alors, ils ont profité de la maladie de Choguel pour installer ce dernier à la primature.
Sinon, vous conviendrez avec nous qu’il n’était pas hiérarchiquement celui qui devrait remplacer le Premier ministre en cas d'empêchement de ce dernier.Quand Choguel K. Maïga s'est rétabli et qu'il devrait occuper son fauteuil, cela a trouvé que le stage du colonel Maïga n'était pas terminé donc, ils ont fait de lui ministre d’État, une sorte de vice Premier ministre, dans le dessein qu'il puisse parfaire sa formation. C'est ainsi qu'il s'occupait de toutes les tâches dévolues au Premier ministre, d'où le sentiment pour ce dernier d'être mis à l'écart. C'était un autre signe d'alerte. Ainsi, pendant qu'au sein du M5-RFP l'on s'entredéchirait à cause de querelles de personne, les militaires, de leur côté, réfléchissaient sur comment se débarrasser de ces politiques après leur stage afin de garder le pouvoir. De leur réflexion, on peut en tirer une stratégie à trois (03) étapes:1.Travailler à dénigrer les hommes politiques et ternir leur image auprès de la population, pour ce faire ils se sont basés sur la doctrine souverainiste de Choguel K. Maïga, non seulement pour combattre les politiciens de l'intérieur, mais aussi et surtout, pour faire face à la communauté internationale. En réussissant cela, ils sont parvenus à s'arroser toute l'affection et le soutien du peuple malien et celui de l'Afrique toute entière.
Avec leur méthode à eux, ils ont pu réduire au silence tous ceux qui leur sont opposés.2. Travailler à affaiblir le Mouvement du 5juin -Rassemblement des forces démocratiques. Cela a été plus facile qu’ils ne pouvaient imaginer car, il leur a suffi seulement de raviver les contradictions internes du M5-RFP pour voir ce mouvement se disloquer en trois tendances (M5-RFP Mali Koura; M5-RFP, tendance Imam Oumarou Diarra; M5-RFP, tendance Choguel).3.Travailler à affaiblir le Premier ministre qui bénéficiait de la même sympathie qu'eux aux yeux du monde. Le dernier obstacle qui les empêchait d'atteindre leur but était le Premier ministre Choguel. Que faire pour se débarrasser de lui sachant que, malgré tous les mépris et toutes les humiliations qu’ils le font subir, ce dernier refuse de partir de lui-même ?
Pour y parvenir, ils ont développé une autre stratégie qui a consisté d'abord à chercher à isoler le Premier ministre en le mettant dos- à- dos avec sa base politique qui est le M5-RFP. Ce qui explique l'injection des ministres de ce regroupement du gouvernement sans son avis. Ensuite, amplifier la campagne de dénigrement à travers les activistes, à travers des jeunes des partis nouvellement créés pour la cause. Et voyant que tous ceux-ci n'ont pu avoir raison du Premier ministre, ils ont eu recourt à la tactique du ministre sans portefeuille. C'est-à-dire, faire de lui un Premier figurant en le privant de toutes ses prérogatives.C'est en ce moment, malheureusement, que s'est rendu compte le Premier ministre Maïga de ce qui se prépare. C'est pour cela qu'il a parlé de clarification.
L'organisation de ce meeting de célébration de la libération de Kidal s'inscrivait dans ce sens. À travers ce meeting, Dr Choguel Kokala Maïga voulait en un premier temps: prendre à témoin l'opinion nationale et internationale en poussant le général-président à faire un choix: soit le reconnaître comme toujours son Premier ministre en lui remettant dans toutes ses prérogatives de chef de gouvernement ou tout simplement lui démettre de ses responsabilités.Ensuite, prendre le devant sur les vraies intentions de ces militaires qu’il vient de s’en convaincre. Mais, hélas ! Ce fut trop tard et la suite, c’est ce en quoi nous assistons maintenant, c’est- à- dire la militarisation du pouvoir. Tout ce qu'on peut dire, ici, c'est que l'élève a dépassé son maître et que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) n’a eu que la rançon de sa division.