Personnalité très populaire au Mali, ce leader religieux salafiste a aidé le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à accéder au pouvoir en 2013, puis a contribué à la chute de son régime, le 18 août 2020, au sein du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), finalement doublé par les putschistes.
Ancien professeur d’arabe de soixante-dix (70) ans, originaire de la région de Tombouctou, formé en Arabie Saoudite, Mahmoud Dicko manie l’ambiguïté à dessein en s’inspirant du Pape François. «Le plus grand politique de notre temps, c’est qui ? demandait-il, lors de l’Autre Forum de Bamako en février 2021». C’est le Pape, c’est un chef d’État. S’il vient au Mali, ce n’est pas un imam qui va aller l’accueillir, mais un président de la République. Et ils parleront de toutes les questions qui concernent la République.Pourquoi vous acceptez que le Pape le fasse et que nous ne puissions pas parler de la gestion de la vie de notre nation ? Selon lui, les musulmans ont le droit d’être aussi influents que les Juifs et les chrétiens en Occident.Fin analyste de l’évolution des mœurs, Mahmoud Dicko sait fédérer, pour faire barrage à un projet de loi, une réforme gouvernementale ou la publication d’un manuel scolaire, pas à son goût. Son influence s’est affirmée à partir de 2008, lorsqu’il a pris la tête du Haut Conseil islamique malien, crée en 2002. Il restera jusqu’en 2019.L’imam rigoriste a depuis lancé la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de Mohamoud Dicko (CMAS), lieu de rassemblement de ses fidèles. Habile tacticien, il loue les vertus de la laïcité à la malienne: «les gens ont cohabité, le féticheur par-là, le marabout par-là, l’imam par-là, d’autres là-bas, ça n’a jamais posé de problème. Nous avons eu toujours l’intelligence de manager ces choses-là ensemble».
Pour les responsables français, l’imam Dicko mène une stratégie d’entrisme politique sous couvert d’un combat pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Son influence est réelle. Il a pu faire nommer plusieurs ministres dans le premier gouvernement de transition. «L’imam Dicko joue politiquement pour lui-même, affirme un proche du président français. S’il accède au pouvoir, il projette de faire la paix avec les terroristes».