Je vais vous raconter une histoire : “Supposez que vous êtes promoteur d’une école privée qui marche relativement bien, au point que beaucoup de gens y envoient leurs enfants. L‘Etat lui-même y envoie des enfants de la République. Or, voici que tous les autres payent les frais de scolarité de leurs enfants, alors que l’Etat refuse obstinément de payer les siens et ce, à travers ses services décentralisés qui se renvoient la ‘patate chaude’, les uns aux autres. Que penseriez-vous ? Que vous êtes l’orphelin de la République ? Que vous êtes le parent pauvre des promoteurs d’écoles privées ? Que vous n’avez aucun bras-long là-haut pour plaider votre cause ? Et pourtant, on parle de Mali-Kura !”
C’est cette triste réalité que vit le lycée de l’Annonciation de San-Parana et certains autres promoteurs peut-être depuis maintenant deux ans : 2022-2023, 2023-2024 et bientôt 2024-2025. Ce lycée qui, malgré ses résultats excellents entre tous, aux examens du bac de chaque année, reçoit toujours la part congrue en termes d’orientation des élèves reçus au DEF, peine à toucher les scolarités et les demies-bourses des quelques élèves orientés (comme par hasard) en son sein.
Voici les faits : depuis l’année scolaire 2022-20223 jusqu’à ce jour (décembre 2024) le lycée de l’Annonciation de San-Parana n’a touché aucun franc. La proviseure et son service financier ont démarché la Perception à San (plusieurs fois, puisque j’en fus jusqu’à 2 fois), la direction des impôts à Bamako (en avril 2024), la Paierie et les Services du budget à Ségou, le Contrôle financier de San, la mairie de San, les Services des impôts à San, le Trésor de San, etc.
Que ne ferait-on pas pour entrer dans son dû ? Mais, malgré toutes ces démarches (qui coûtent de l’argent et du temps), le lycée de l’Annonciation n’a perçu aucun franc, alors que certains établissements avec lesquels ils ont fait les démarches ont touché leur dû !
Sommes-nous toujours victimes de cette croyance éculée et qui a la vie dure, selon laquelle l’Eglise est riche et qu’elle a de l’argent ? Sinon, comment pensez-vous que fonctionne cet établissement actuellement ? Depuis la rentrée 2024-2025 les enseignants boudent les cours (et on les comprend) parce qu’ils ne sont pas payés.
Nous avons tapé à plusieurs portes, dit la Proviseure, mais, c’est peine perdue. Alors, en désespoir de cause, nous nous sommes adressés au gouvernorat de la région de San, on nous a conseillé d’écrire, nous avons relaté les faits (15 octobre 2024), et nous attendons depuis… Où est l’erreur ?
Croire encore aujourd’hui que l’Eglise a l’argent et qu’on peut la frustrer, la corriger, est une erreur d’appréciation, à la limite, un manque de jugement. Il faudrait être sérieux ! Les incantations autour du Mali-Kura ne devraient pas être de simples paroles, mais se traduire dans les faits, malheureusement, oui, malheureusement !…
Je suspends à présent ce réquisitoire qui, en fait, ne devrait pas être, mais, à force d’assister aux choses qu’on ne comprend pas, on finit par élever la voix. Que les thuriféraires du Mali-Kura nous sauvent !
Père Joseph Tanden Diarra
Vicaire épiscopal pour l’enseignement catholique/Diocèse de San
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