L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) semble braquer contre les fonctionnaires des services de l’assiette, mais souvent sans raison valable.
L’autorité indépendante chargée de lutter contre l’enrichissement illicite a-t-elle réellement décidé de passer sous ses fourches caudines de hauts cadres de l’Etat au demeurant irréprochables ? On est tenté de répondre par l’affirmative après la publication du dernier rapport de l’Oclei sur le fléau. Comme de coutume, des membres des services de l’assiette (inspecteurs des finances, des douanes, des impôts, de l’administration) sont soupçonnés de s’être enrichis illicitement. Même si l’identité des personnes incriminées n’est pas connue du grand public, force est de constater que la “révélation” a fait mouche dans un pays où les commérages et la médisance ont la peau dure.
C’est l’opprobre jeté sur toute une corporation dont les membres échapperont difficilement au regard inquisiteur du citoyen lambda qui a du mal à joindre les deux bouts alors que des agents publics rouleraient sur l’or.
Sans nier la pratique de l’enrichissement illicite en cours dans le pays, il convient néanmoins de faire la part des choses. Des fonctionnaires maliens de la même catégorie n’ont pas forcément le même niveau de revenus. Dans la fonction publique malienne, des avantages liés à une fonction peuvent faire la différence entre deux agents au point que celle-ci peut se révéler abyssale.
Nos sources indiquent qu’un fonctionnaire de la douane par exemple peut bénéficier de différentes primes mensuelles et annuelles qui peuvent largement booster ses revenus comparés à ceux d’un enseignant de la même catégorie.
Elles citent, entre autres, le travail supplémentaire (TS), la prime de recettes, la prime liée au contentieux qui procurent des revenus mensuels ou annuels substantiels à l’agent. Ces pratiques sont légales et motivent les agents à renflouer les caisses publiques. D’aucuns estiment que l’Office, jugé friand de sensationnalisme, exagère les montants des avoirs en banque des personnes soupçonnées. Une chose est sûre, aucun fonctionnaire avisé ne garderait 300 millions de F CFA, voire plus dans une banque. Et c’est probablement le cumul des mouvements sur un an voire plus que l’Office impute à l’agent “en cause”.
L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) avait contesté en son temps la création même d’un tel Office. Peu de gens à l’époque comprenaient le combat de la centrale syndicale qui dit défendre les masses laborieuses au détriment de la bureaucratie budgétivore. Aujourd’hui, force est de constater que l’Oclei s’érige en empêcheur de tourner en rond par moments. On ne comprend pas sa hargne à broyer le fonctionnaire malien sans discernement.
Les pouvoirs publics devraient rectifier très rapidement le tir au mieux des intérêts du Mali.