La création de pôles de développement agro-industriel est désormais au cœur des enjeux pour un développement rural intégré dans le principal bassin de production rizicole du pays
Le développement économique de façon générale ne s’improvise pas. Il y a des voies incontournables par lesquelles tout pays qui aspire à un développement harmonieux doit passer. Pour le cas précis du nôtre, l’une de ces voies est le développement rural. Le ministère en charge de ce secteur veut apporter des innovations dans le sens d’un développement rural intégré. Dans cette perspective, le département a retenu des bassins de production agro-piscico-pastorale qu’il veut promouvoir.
Après Sélingué et Manantali au début du mois, le ministre du Développement rural, le Dr Bokary Téréta, était du 16 au 20 octobre dans certaines zones d’intervention de l’Office du Niger : les zones de Kolongo, Niono, Molodo et Kouroumari. Il était accompagné de son collègue délégué chargé de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire, Nango Dembélé.
Comme à Sélingué et Manantali, la mission avait pour but de recenser les opportunités de création de pôles de développement agro-industriel. La délégation ministérielle s’est entretenue avec les responsables des structures visitées dans le but d’identifier les contraintes, de prospecter les opportunités d’investissements, de proposer des solutions aux problèmes du moment.
Les acteurs du développement rural que sont les paysans, les éleveurs, les pêcheurs et les arboriculteurs ont également été écoutés. La finalité de ces échanges étant de regrouper les éléments constitutifs d’un plan global de développement des zones concernées.
Avant la visite de terrain, la délégation avait écouté un exposé sur le potentiel, les capacités de production et les opportunités d’investissements dans la zone de développement rizicole par excellence de la région. C’est par la zone de production de Kolongo que la visite de terrain a débuté. La délégation qui comprenait le président directeur général de l’Office du Niger, Amadou Boye Coulibaly, a notamment a visité les réalisations de l’ambitieux projet Malibya. Ici, la partie libyenne a bâti des infrastructures d’irrigation complètes mais qui ne fonctionnent pas encore. Ces canaux sont prévus pour irriguer 100.000 hectares de périmètres destinés à produire du riz. Le projet entièrement financé par la partie libyenne a connu un brusque coup d’arrêt en raison de la chute du régime de Kadhafi. Le projet avait prévu d’aménager dans un premier temps 25.000 hectares avant d’atteindre progressivement les 100.000 hectares.
La délégation ministérielle a parcouru toute la longueur du canal principal qui prend sa source sur le « Fala » de Boky-Wéré situé dans la zone de Kolongo. Le canal est long de 40 kilomètres. Tous les ouvrages régulateurs pour assurer l’irrigation du périmètre sont fonctionnels. La coopération libyenne a réalisé une route bitumée tout le long du canal, confectionné des lavoirs dans tous les villages traversés.
Ces infrastructures sont un acquis de taille dont dispose l’Office du Niger pour atteindre ses objectifs de production rizicole, a souligné le ministre Téréta. Il s’est également félicité de la présence d’opérateurs économiques nationaux qui ont accepté d’investir dans l’agriculture apportant ainsi leur contribution à l’atteinte de la sécurité alimentaire.
Pour mieux s’en convaincre, la délégation ministérielle a visité le périmètre de l’opérateur économique Modibo Kéita situé à Sanamandougou. Là, elle a assisté à une opération test de récolte mécanique de maïs hybride semé sur 1006 hectares.
Les ministre Téréta et Dembélé ont bouclé la journée marathon de jeudi par l’usine de production de sucre et d’alcool du nouveau complexe sucrier du Kala supérieur, dénommé N-Sukala-SA. L’entreprise née en 2009 de la coopération sino-malienne est dotée d’un capital de 22 milliards Fcfa et envisage de produire à terme 103 000 tonnes de sucre et 9,6 millions de litres d’alcool à partir de ses parcelles de canne à sucre. L’usine N-Sukala SA a réussi un test concluant totalisant 3200 tonnes de sucre et 240.000 litres d’alcool.
Toutefois, les responsables de l’usine ont attiré l’attention de la délégation sur les difficultés d’acquisition de parcelles de production de canne à sucre. En effet, l’unité industrielle a besoin, selon ses responsables, de 10.000 hectares de terres pour cultiver la canne à sucre indispensable à la fonctionnalité de l’entreprise. Cependant, après le premier test, l’entreprise reste confrontée à un manque crucial de terres à cultiver dans ses environs immédiats. Les parcelles proposées pour la culture de la canne sont éloignées de l’unité industrielle et grèvent les coûts de production du sucre, ont expliqué les responsables de N-Sukala.
La partie chinoise espère que le gouvernement donnera rapidement une suite favorable à cette requête qu’elle estime urgente, afin qu’elle puisse remplir sa part du contrat qui consiste à fournir une grande quantité de sucre pour le marché, rembourser la dette contractée pour la réalisation des infrastructures et payer les taxes au fisc malien.
La délégation s’est rendue samedi au Centre piscicole de Molodo, sur le terminus du drain principal du Kala supérieur à Kélésséri, localité située à 45 kilomètres de Niono. Elle a aussi visité les ateliers d’assemblage d’équipements agricoles de la Société coopérative des artisans forgerons de l’Office du Niger (SOCAFON) à Niono.
Les visiteurs ont également rencontré les groupements d’éleveurs et de pêcheurs de la zone de Niono dans la salle de conférence du Centre régional de recherche agronomique de Niono (CRRA). Auparavant, le CRRA avait exposé quelques résultats de recherche sur le riz, le maïs, la pisciculture, l’arboriculture, le maraîchage (notamment la production de tomate durant l’hivernage) et la station du projet d’adaptation de l’agriculture et de l’élevage au changement climatique financé par la Norvège et notre pays sur une superficie de 11.294 hectares.